Une toute nouvelle Modeste Testas !
Mais on nous l'a complètement changée ! Voilà finalement l'œuvre d'art censée représenter Modeste Testas comme symbole de l'esclavage sur le quai de Bordeaux. Félicitons d'abord l'artiste, le sculpteur haïtien Caymitte Woodly, dit Filipo, pour ce beau travail d'imagination à partir d'un modèle resté dans l'anonymat mais qui rappelle tout de même quelque chose...
On conviendra ensuite que cela n'a plus rien à voir avec la première ébauche qui avait été présentée dans la presse et la communication municipale qui l'avait accompagnée à partir du buste « chaînes aux pieds [sic] » de la mère du président haïtien Denis Légitime, Antoinette Lespérance, née libre après l'indépendance. La représentation imaginée à partir du tableau bien réel de cette aïeule a donc bien été abandonnée.
Joli tour de passe-passe de dernière minute… Ne dirait-on pas que nos observations sur le déni d'histoire et l'opportunité douteuse de la représentation pour les Haïtiens, consignées dans une lettre à M. le maire Alain Juppé, ont fini par être en partie entendues ? En partie seulement, car on ne peut toujours pas accepter – même avec quelques atténuations dans le caractère péremptoire d'affirmations dépourvues de preuves – la permanence du roman historique qui accompagne la présentation d'une œuvre prétendument symbolique mais que l'on s'obstine toutefois à vouloir ériger en indiscutable vérité issue d'un cas concret lié à l'histoire de Bordeaux.
Une question subsiste et menace de continuer à se poser indéfiniment : si les observations d'un historien de la Caraïbe d'origine bordelaise distingué par la République d'Haïti ont été utiles, pourquoi ne pas l'avoir pas reconnu publiquement, au moins en remerciant sous une forme ou une autre celui qui les a formulées ?
Nous nous réservons d'apporter en temps voulu toutes les lumières nécessaires sur la genèse complète de cette affaire qui nous paraît tout à fait représentative d'une attitude plus que légère envers l'Histoire et les historiens dans un monde malheureusement livré au sensationnalisme médiatico-politique.