Retour à Caumale pour le week-end pascal. A suivre sur le journal régional télévisé de 13h et 20h de France 3 Aquitaine entre Samedi 3 et Lundi 5 Avril
Nathalie Delisle, comtesse de Cumont, la demoiselle créole du château, née à Cuba. Et sa cousine germaine de La Nouvelle-Orléans Rosalba de Préval
Caumale, château « américain » de Gascogne, vu par un historien gascon et créole
Entre une histoire enracinée dans la longue durée locale et les aventures de colons aquitains pionniers aux lointaines et mirifiques Îles de l’Amérique, Caumale est l’archétype du château gascon, fréquenté de temps immémoriaux par le troubadour Arnaut-Guilhem, favori d’Aliénor et compagnon de son fils Richard Cœur-de-Lion, et ses descendants les vicomtes de Marsan, seigneurs de Roquefort, Montgaillard, Saint-Loubourer, Cauna et autres places, parmi lesquels la grande dame Clarmonde de Marsan, que connut de très près le roi Eward Ier, et ses fils Arnaud de Gabaston et Arnaud-Guilhem de Marsan, gardien du château pour le roi d’Angleterre duc d’Aquitaine, fait figure d’ancêtre tutélaire aux côtés de ses cousines Françoise de Marsan de Lacaze, du château voisin de Parleboscq, et la reine de Navarre Jeanne d'Albret et son fils le bon roi Henri IV, Lo nouste Henric…
Mais Caumale est aussi, comme en attestent ses précieuses archives et la richesse de son aménagement intérieur, la concrétisation du rêve colonial américain au cœur de la Gascogne historique, avec les personnages des colons caféiers des familles alliées Delisle et Duverger, de La Bastide d’Armagnac et Bordeaux, enrichis à Saint-Domingue (Haiti) puis, après l’insurrection des esclaves, à Cuba, dans le sillage de leur grand ami béarnais Prudent de Casamajor, et jusqu’en Louisiane avec leurs alliés, nièces et neveux de Gallien de Préval, mais aussi avec les visites à Escalans des grandes figures du temps, les Rochambeau, Humboldt, Vaublanc...
Aux confins des vicomtés de Gabardan et de Marsan fondues dans la souveraineté de Béarn-Navarre, de la vicomté de Juliac, et des comtés d'Armagnac, Fezensac et Astarac, Caumale offre par sa situation et son histoire l'occasion d'associer à l'image internationalement connue des mousquetaires et des cadets de Gascogne celle restée très vivace du riche colon américain de retour des Îles, et à sa forte et antique identité gasconne locale la fortune d'innombrables migrants qui ont « fait » l'Amérique.
Président d'honneur des Amis de Caumale et des Amis de Lahire, membre de l'Académie du Bassin d'Arcachon et de nombreuses sociétés savantes, diplomate dans la Caraïbe pendant vingt-cinq ans, le professeur Jacques de Cauna, qui nous conte cette histoire, préside également la Fédération des Académies de Gascogne (FAG) dont le siège est à Caumale où se tient chaque été un grand congrès de sociétés savantes, ainsi que le Centre Généalogique des Landes (CGL, Dax) et l'association Agora Aquitaine-Antilles (AAA, Bordeaux). Il est Commandeur de l'ordre national Honneur et Mérite de la République d'Haïti et Officier des Palmes Académiques, médaillé de la ville de La Rochelle et du Ministère des Anciens Combattants pour ses actions patrimoniales.
Ses travaux les plus récents l'ont amené à élargir son champ de recherches, centré au départ sur l’ancienne colonie de Saint-Domingue (Haïti), à l'émigration gasconne, basque et béarnaise dans la Caraïbe (Jamaïque, Cuba, Antilles…) et au continent nord américain, plus particulièrement aux Etats-Unis, de la Louisiane et de l'Alabama au Texas et à la côte Est, Charleston, Savannah, Wilmington, Philadelphie... où la diaspora créole a été importante en fin d'Ancien Régime et à l'orée du dix-neuvième siècle. L'un de ses derniers ouvrages traite des Dynamiques caribéennes. Pour une histoire des circulations dans l'espace atlantique (XVIIIe-XIXe siècles), actes d'un colloque qu'il a dirigé à l'Université de Bordeaux. L'histoire de Caumale a fait l'objet de plusieurs études de sa part publiées notamment dans le bulletin du Centre Généalogique des Landes mais aussi dans la revue de l’émigration pyrénéenne Partir (n° 15, mars 2017), la Revue de Pau et du Béarn (n° 34, 2007), la revue Études caribéennes, mai 2020, sous le titre « Empreinte de l’esclavage et destinées de familles coloniales françaises à Cuba »,
[en ligne, http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/17974],
ainsi qu’aux Editions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques réunissant les actes d’un récent congrès national tenu à Pau en 2019, sous le titre « Des Pyrénées à la Sierra Maestra : aux origines du modèle caféier cubain, Casamajor et les Béarnais dans l’Oriente ».