Les Rochambeau, leurs proches et les Lumières américaines

Les intervenants de la Table Ronde : Gonzague Espinosa Dassonneville, Nathalie de Rochambeau et Jacques de Cauna

Huit ans après le grand Congrès de la Fédération des Académies de Gascogne consacré à l'Indépendance américaine au château de Caumale (août 2017), c'est autour d'une table ronde que se sont retrouvés intervenants et amis du château pour rendre hommage au retour de Nathalie de Rochambeau et Philippe de Gouberville, Cincinnati, dans nos Landes armagnacaises.

Les intervenants de la Table Ronde évoquèrent chacun dans sa partie de prédilection les événements saillants et les figures historiques de l'époque :

Jacques de Cauna, docteur d'Etat de la Sorbonne, ancien diplomate et professeur dans la Caraïbe pendant vingt-cinq ans, Président de la Fédération des Académies de Gascogne, ouvrit la séance en posant rapidement  le contexte général des luttes émancipatrices et de la transmission transatlantique des Lumières de haut grade notamment par le Rite Ecossais Ancien et Accepté, initié par Etienne Morin de Bordeaux  aux Amériques et rapporté de Charleston en France par Auguste de Grasse-Tilly, fils de l'Amiral.

Nathalie de Gouberville, descendante directe, héritière du château de Rochambeau à Thoré-La Rochette et Présidente des Amis de Rochambeau en Vendômois, commenta avec le plus grand érudition et précision quelques images représentatives de la richesse de la tradition familiale dominée par la figure du père, le Maréchal, libérateur des actuels Etats-Unis, du fils, qui reçut la lourde charge des derniers moments de la grande île française de Saint-Domingue avant de mourir sur le champ de bataille à Leipzig, et du petit-fils qui fut reçu à Caumale. dont le propriétaire, José Delisle appartenait aux mêmes tendances écossaises de haut grade d'Ancien Régime très proches de la cour de notre dernier Bourbon, et plus tard, de Bonaparte. Comme d'ailleurs l'ensemble de leurs proches, de La Fayette et Washington au duc de Castries, ministre de la Marine, en passant par Philippe Egalité, un temps leur Grand Maître.

Gonzague Espinosa Dassonneville, docteur en Histoire, spécialiste de l'Amérique espagnole, professeur à l'Ecole des Hautes Etudes Internationales et Politiques, Président de la Société de Borda, compléta ce vaste panel par la présentation de quelques figures des Libertadores de l'Amérique espagnole, aux premiers rangs desquels, Miranda et Bolivar, surent à la fois s'appuyer sur l'aide des Haïtiens de l'ancienne colonie française de Saint-Domingue et faire partager à leurs élites locales les lumières du temps, des loges indépendantistes de Miranda à celles dans lesquelles Bolivar fut élevé au plus haut grade maçonnique.

Deux documents matériels inconnus mais essentiels, tant ils font le lien entre tous ces personnages et événements évoqués, furent présentés pour finir par leur possesseur, premier intervenant : 

- La timbale de Marine armoriée du comte de Grasse-Tilly conservée au château de  Caumale,  accompagnée du Livre d'Or du Comte de Grasse-Tilly, Premier Grand Commandeur Souverain du Suprême Conseil de France 1804, orné en couverture des mêmes armoiries parmi lesquelles se distinguent les armes écartelées des Foix-Béarn et Evreux-Navarre, sous la devise Gratia Mundi. Domine Responde Pro Me, gracieusement offert il y a quelques années par le regretté Grand Secrétaire Général, Ministre d'Etat du Suprême Conseil de France, notre grand confrère et ami, aujourd'hui malheureusement disparu.

- Un très curieux et intéressant par son contenu exceptionnel Tableau des F.F. composant la R.L. la Réunion Désirée, régulièrement constituée par le G.O. de France ,à l'Orient du Port-républicain L'an de la V.L. 5800, découvert en Haïti dans les années 80 avec la Société haïtienne d'Histoire dont j'étais membre du comité directeur, héritière du Cercle des Philadelphes du Cap, lui-même issu de la loge de Saint-Jean de Jérusalem Ecossaise, sur lequel figure entre autres, à l'époque de la prééminence de Toussaint Louverture, le futur propriétaire 28 ans plus tard de Caumale, José Delisle, l'un des deux seuls habitants (planteurs) de la colonie du tableau, en compagnie de l'ensemble des plus hautes personnalités de très hauts grades (Réau-Croix) "de toutes les couleurs", comme cela se disait, futurs responsables de la république d'Haïti quatre ans plus tard (pour plus de détails, voir l'article qui y est consacré sur ce blog en tapant La Réunion Désirée dans la lucarne Recherche à droite).

Comme chaque rencontre de la Fédération des Académies de Gascogne en son superbe siège de Caumale, une journée exceptionnelle et inoubliable, fort opportunément complétée par une interview de Nathalie de Rochambeau, accompagnée de Pierre Fabre, propriétaire du château, et Jean-Louis Gardère, président des Amis de Caumale, donnée à La Voix de l'Armagnac en soirée (audible par Facebook)... A écouter et garder en mémoire en cette période de tension franco-américaine.