A écouter (cliquez sur le titre ou l'image)
Jacques de Cauna vous présente son ouvrage "Toussaint Louverture" aux Editions Sud-Ouest, Bordeaux...
: //www.mollat.com/livres ...
www.youtube.com/watch?v=_SfkTwLWuiQ
22 mai 2013 - Ajouté par Librairie Mollat
Toussaint Louverture. Qui copie qui ?
Droit de réponse de Jacques de Cauna
NB : ce droit de réponse - qui vient d'être envoyé au Nouvelliste pour publication - fait suite à une tentative de justification de M. Philippe Girard qui n'avance pour "preuve" qu'un échange de mails avec son fournisseur d'informations en France, selon lequel il aurait "trouvé en même temps que moi" ses prétendues "nouvelles découvertes" qu'il publie "tous droits réservés". Il ne parle plus du tout de la photo placée en tête de l'article, dont il m'avait demandé une copie de l'original et qu'il a fini par pirater et placer sous son propre copyright.

Monsieur Philippe Girard a la bonté d’expliquer aux Béotiens que nous sommes que « nous autres historiens […] résolvons nos différends dans des conférences ou des revues spécialisées, pas sur la place publique ». Il ne condescend toutefois pas à aller jusqu'à à « s’abaisser » à répondre en s’adressant directement à moi à un problème qu’il a lui-même créé sur la place pubique. Il préfère solliciter à nouveau la voie des médias sous couvert de s’adresser « aux lecteurs ». Un peu de publicité est toujours bonne à prendre…
Il s’en prend tout d’abord aux historiens haïtiens qui lui feraient un procès en « blanchitude ». Mais doit-il s’en étonner ? N’est ce pas lui-même qui se présente en porte-flambeau aux Etats-Unis d’une certaine idéologie dans l’introduction de l’un de ses ouvrages ? Je le cite textuellement : « As a white native of Guadeloupe, however, I tend to view French imperialism in a more positive light than is customary among my academic colleagues, especially those of Haitian descent » [« Comme Blanc natif de la Guadeloupe, j’ai tendance à voir l’impérialisme français sous un jour plus positif que cela n’est coutumier chez mes collègues universitaires, spécialement ceux d’ascendance haïtienne »].
Je laisse ces élucubrations à l’appréciation de mes confrères de la Société Haïtienne d’Histoire et de Géographie dont j’ai longtemps été membre du Comité Directeur sans subir les avatars qu’il dénonce, bien au contraire. Je remarquerai seulement un point à ce sujet dans sa réponse. Voilà que subitement, Toussaint Louverture, qui était finalement dans son article du Nouvelliste, « en un mot : un homme… pétri de contradictions » est redevenu un « grand » homme (deux fois), un « héros », une « grande figure »…. Ou l’art de rectifier le tir ! Ces historiens haïtiens que sa condescendance voudrait voir « flattés » qu’un représentant de « l’humanité toute entière s’intéresse à leur héros » ont-ils eu tout à fait tort de ne pas apprécier ? Mais qu’importe… pourvu qu’on puisse tenir la vedette dans les médias !
M. Philippe Girard affirme ne pas me connaître, et que je ne l’ai « jamais contacté auparavant ». Moi non, mais lui oui ! Nous voilà en plein mensonge : il m’a contacté par écrit le 1er mai 2013 pour me demander de lui envoyer gratuitement (cela était bien précisé) une copie de ma photo originelle faite en 1989 du portrait en pied de Toussaint Louverture par Baquoy qui est en couverture (sous copyright) de mon édition des Mémoires de Toussaint. Ce que j’ai refusé, pour l’original, en lui expliquant qu’il avait été trop pillé sur le net. Il demandait aussi l’autorisation de l’utiliser, ce que je lui ai accordé par écrit du 7 mai en précisant que j’apprécierais qu’il précise bien mon copyright. Sans réponse… On connaît la suite. Curieux d’ailleurs qu’il n’en parle plus dans sa « réponse aux lecteurs » !
Sur la chronologie revisitée de ses « nouvelles découvertes », quelques grandes énigmes demeurent : à propos de Dessalines esclave de Toussaint en particulier, pourquoi n’a-t-il pas communiqué en colloque et/ou publié dans une revue spécialisée, très vite en janvier 2012, sa prétendue découverte, si importante ? Pourquoi, après avoir pu lire, comme tout le monde, non pas en juin mais en mars 2012, mon annonce de ce scoop sur mon blog après sa parution dans la « revue spécialisée » Outre-Mers, a-t-il repris cette découverte dans plusieurs écrits postérieurs en la mettant en doute (« probably », « would have », « Jacques de Cauna suspected a possible link… », etc.). ? Et sans en tirer aucun enseignement dans la suite de son article sur Dessalines de juillet 2012 où tout montre que ce paragraphe, présenté sous une forme hypothétique, a été purement et simplement rajouté au dernier moment avant tirage ? Pourquoi enfin a-t-il attendu plus d’un an et demi pour livrer « sur la place publique », comme il dit si bien, dans la presse haïtienne, son ultime appropriation de ma découverte ?
De même, pourquoi a-t-il tant tardé à répondre à ma Lettre Ouverte ? Il avait décidé dans un premier temps – nous apprend-il – ne pas « s’abaisser à me répondre ». N’aurait-il pas plutôt cru que ma réaction passerait rapidement, et que cela resterait en Haïti, sans que la communauté scientifique en soit informée ? N’a-t-il pas préféré attendre son retour « à la maison » pour lancer sa diatribe contre ses détracteurs, les historiens haïtiens et moi-même ? N’était-il pas préférable enfin pour lui de prendre le temps de mettre au point une tentative de réponse avec un comparse français qui se trouve par ailleurs être l’un de mes anciens étudiants, grand utilisateur de mes travaux et son fournisseur particulier depuis quelques années ?
J’aurais contacté « ses collègues et ses supérieurs hiérarchiques dans l’université où il travaille dans le seul but – suppose t-il – de saborder sa carrière, et il [lui] était devenu difficile de me laisser le traîner ainsi dans la boue en mettant en cause son honnêteté intellectuelle ». Ce passage anti-scientifique, tout en hypothèses gratuites, confirme l’emploi polémique du terme « abaisser » dans le paragraphe précédent, au cas où je n’aurais pas apprécié correctement la distance qui nous sépare. Mais que représente sa « carrière », qui n’intéresse que lui, face à une question déontologique qui dépasse largement son cas personnel, bien connu par ailleurs des collègues travaillant dans le même champ ? Et pourquoi ce pur moraliste rétorque t-il en écrivant à la responsable de mon centre de recherche parisien, ce qui – qu’il se rassure – ne changera rien à ma « carrière » ?
Il tente ensuite une analyse de la succession et enchainement de nos travaux respectifs, comparant ses dix ans d’activité à mes quelque quarante (malheureusement !) et pense ainsi m’apprendre que mes sujets d’étude appartiennent à tout le monde et qu’il ne voit donc pas quelles autres découvertes il m’aurait volé. Je n’ai jamais parlé d’autres découvertes volées (deux suffisent amplement !), mais ai seulement relevé les curieuses successions chronologiques et similitudes de ses sujets et titres de livres par rapport aux miens depuis ses dix années d’activité : Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti, Cauna, 2004 / Ces esclaves qui ont vaincu Napoléon. Toussaint Louverture et la guerre d’indépendance haïtienne, Girard, 2011, proposé au même éditeur français ; Mémoires du général Toussaint Louverture commentés par Saint-Rémy, Cauna, 2009 / Quelle langue parlait Toussaint Louverture ? Le mémoire du fort de Joux, Girard, 2013 ; Haïti, l’éternelle Révolution, Cauna, 1997, rééd. 2009 / Haiti : The Tumultuous History…, Girard, 2005, rééd. 2010.
Ne semblerait-il pas qu’on suive à la trace la formulation de mes titres ? Par bonheur, comme il l’indique, le « contenu est différent », car je ne partage aucunement son approche injustement agressive d’Haïti et la manière dont il réchauffe à sa sauce ce qui peut l’arranger et servir son idéologie dans mes recherches.
Dans la même envolée primesautière, il m’ « avise » qu’il va « bientôt écrire une biographie de Toussaint ». Comme par hasard ! Elle portera sans doute sur ses cinquante premières années méconnues, sujet neuf qui fait l’essentiel de mon dernier ouvrage, puisqu’il en a déjà posé quelques jalons a posteriori, et avec l’aide d’un de mes anciens étudiants qui connaît et utilise mes recherches, dans un article intitulé « Toussaint before Louverture. New archival findings on the early life of Toussaint Louverture », dès janvier 2013, très vite à la suite de la sortie de mon Toussaint en septembre 2012. Autre curieuse coïncidence sans doute… dans laquelle toutes les récupérations sans citations des deux auteurs peuvent être vérifiées. Passionnante course-poursuite en perspective ? Mais quoi ?, il faut bien traduire un peu pour le public anglo-saxon !
Il poursuit sur le mode ironique : « Enfin, M. de Cauna aurait révélé au monde que Jean-Jacques Dessalines avait été l’esclave du gendre de Toussaint Louverture dans un article de la revue Outre-Mers en juin 2012 [en fait, mars 2012], puis dans une biographie parue en septembre 2012, idée que j’aurais fait passer pour neuve dans le Nouvelliste en novembre 2013 ». C’est en mars 2012 en réalité qu’il a pu recevoir la « révélation » sur mon blog. Mais encore une fois pourquoi aurait-il attendu plus d’un an et demi pour présenter dans un journal haïtien ce qu’il appelle (lui, et pas moi) ses « découvertes récentes…» ? Son article du Nouvelliste ne s’intitule t-il pas ainsi ? Tout cela n’est-il pas présenté comme neuf sous la photo empruntée sans citation de source ?
Ultime tentative de justification, il aurait fait cette même découverte indépendamment, très exactement le 20 janvier 2012, comme le prouverait un e-mail daté de ce jour adressé à son comparse relayeur en France. Et il l’a insérée dans deux articles de la revue William and Mary Quarterly (sans problèmes ni retard puisqu’il est membre du comité de lecture), publiés l’un en juillet 2012 et l’autre en janvier 2013, ce dernier avec la collaboration du comparse précité, en citant cette fois mon article (en fin de note, bien noyé dans la masse – c’est d’ailleurs une stratégie récurrente) sous la forme « On Jean-Jacques as possibly [souligné par moi] Jean-Jacques Dessalines, see Jacques de Cauna…, etc. ». Merci, même si c’est un peu tardif et curieusement soupçonneux (possibly : ces messieurs ne seraient donc pas encore convaincu à cette date alors qu’il aurait soi-disant « trouvé le lien » au mois de janvier 2012 ?). Mais pourquoi pas ? Tout simplement, parce qu’un mail peut subir toutes les modifications et rajouts imaginables a posteriori et n’a donc jamais eu aucune valeur probante. La date de cette « découverte » avancée en janvier, soi-disant annoncée par mail à un comparse collaborateur, est scientifiquement irrecevable. Et encore une fois, pourquoi ne pas l’avoir publiée avant l’article de juillet 2012, soit plus de six mois après, au risque d’être devancé par un autre chercheur ? Et encore, si l’on regarde bien cette prétendue révélation, pourquoi, s’il en était si sûr, notre découvreur aurait-il employé, dans ce premier article de juillet 2012, à ce moment-là, des termes aussi dubitatifs que « was apparently Janvier Dessalines », ou « which would explain »… ? Et sans en tirer aucun enseignement dans la suite de son analyse sur Jean-Jacques Dessalines ?
Mais venons-en à sa conclusion : « En d’autres termes, si je ne cite pas souvent M. de Cauna, c’est que sa seule grande découverte sur le lien Dessalines-Louverture a été faite au même moment par moi avec l’aide de M. Donnadieu, dont les propres découvertes sur la première famille de Toussaint Louverture, qu’il a publiées en novembre 2011, ne sont pas citées par M. de Cauna dans sa biographie parue en septembre 2012 ».
Merci pour ma « seule découverte ». C’est peu en tant d’années. Il faut savoir que dans son article de novembre 2011 (un an avant les premières « révélations » du tandem), donné précipitamment à une revue locale, l’acolyte qu’il vient de nommer, mon ancien étudiant, écrivait textuellement : « ce Janvier Dessalines – à ne pas confondre avec Jean-Jacques Dessalines, le général qui va proclamer l’indépendance d’Haïti » –, sans même soupçonner une seconde le lien entre les deux noms.
M. le professeur d’histoire caribéenne Girard, de l’Université Mac Neese en Louisiane, ne pense t-il pas qu’une si grossière bévue – et bien d’autres qui émaillent cet article – aurait pu être évitée par l’intéressé en consultant son ancien directeur de thèse, son premier initiateur sur le sujet, dont il savait très bien par ailleurs qu’il travaillait alors à une biographie de Toussaint ? C’était trop simple et naturel sans doute. Peut-être était-il plus intéressant pour cet improbable tandem de se lancer dans l’ombre à la recherche d’un moyen de le doubler dans la divulgation de documents dont je ne faisais pas mystère et qui par ailleurs étaient largement à la disposition du public depuis un certain temps sur le site des Archives d’Outre-Mer ?
N’est-il pas surprenant d’ailleurs, que le nom de ce directeur de thèse ne soit jamais cité dans cet article par son ancien doctorant, y compris dans des formules ou notes reprises textuellement mot à mot de ses ouvrages (ex. note 6 : « Monnaie d’or frappée à Bahia (Brésil) et valant 66 livres de Saint-Domingue »), ou encore, comme le veut l’usage, lorsqu’il cite (souvent) sa propre thèse sans nommer son directeur ?
Enfin, au-delà des gros mensonges, croyez-vous que l’on soit dupe de la manière dont les références essentielles, celles faites à ceux – prédécesseurs ou maîtres toujours en vie – qui ont servi de base à vos réflexions, se retrouvent noyées dans une foule de références sans conséquences à des auteurs décédés, références finalement inutiles car déjà données par ces mêmes prédécesseurs et simplement recopiées sur eux ? Ou, de cet autre procédé peu reluisant qui consiste à reprendre citations, analyses et notes à son propre compte, en ajoutant simplement en fin de note : « voir aussi [accessoirement] de Cauna, op. cit. »
Finalement, si je comprends bien cette tirade sur les citations, l’argument de choc serait : « Si je ne cite pas souvent de Cauna… [faute avouée est à moitié pardonnée], c’est parce qu’il ne cite pas Donnadieu ». Croyez-vous que j’ai souvent à le faire et que je ne le fasse pas quand cela est nécessaire, c’est-à-dire nouveau (lisez au moins la page suivante quand le cas se présente), et n’avez-vous pas bien lu mes ouvrages si bien utilisés par ricochet par votre compère ? C’est le monde à l’envers ! Est-on en état de guerre dans une cour de récréation ? Ou doit-on penser qu’un malheureux professeur d’un grand pays lointain aurait été induit en erreur et se serait laissé entrainer dans des pratiques déloyales par pure méconnaissance, on n’ose dire naïveté ? Pour finir, puisque vous paraissez souhaiter « clore » ce que vous appelez une « polémique puérile » (péché de jeunesse !), la meilleure manière de le faire ne serait-elle pas une honnête rétractation publique ?
Jacques de Cauna, docteur d’Etat (Sorbonne)
Commandeur de l’Ordre National Honneur
et Mérite de la République d’Haïti
Annexe : "je ne connais pas M. de Cauna, il ne m'a jamais contacté..."
Demande de M. Girard pour copyright photo Toussaint Louverture
-----E-mail d'origine-----
De : Philippe Girard <girard@mcneese.edu>
A: Jdecauna40 <Jdecauna40@aol.com>
Envoyé le : Me, 1 Mai 2013 16:54
Sujet : Portrait de Toussaint Louverture
M. de Cauna,
Je vous contacte car je suis en train de finir un livre sur les mémoires de Toussaint Louverture pour Oxford University Press.
L’éditeur veut illustrer le livre avec des portraits de Louverture.
Outre les portraits traditionnels et bien connus, j’aimerais reproduire celui qui est en couverture des mémoires que vous avez publiés pour la Girandole et qui est (à ma connaissance) le seul fait pendant son exil.
Pourriez-vous m’indiquer qui détient l’original et les droits ? Il s’agit d’un livre universitaire à but non lucratif qui se vendra très certainement à moins de 1000 exemplaires, donc le portrait ne pourra être inclus qu’à titre gracieux accompagné des formules d’usage (« Courtesy of [nom du détenteur des droits] »).
J’en profite pour vous faire passer un article publié récemment dans les Annales sur les mémoires de Louverture et qui pourra vous intéresser. Mon livre sur l'expédition Leclerc vient aussi de sortir en version française.
Vous remerciant d’avance,
Philippe Girard
_____________________________
Dr. Philippe Girard
Associate Professor and Department Head
History Department, McNeese State University
Author of The Slaves Who Defeated Napoleon: Toussaint Louverture and the Haitian
War of Independence (University of Alabama Press, 2011)
Auteur de Les esclaves qui ont vaincu Napoléon : Toussaint Louverture et la
guerre d’indépendance haïtienne (Les Perséides, 2013).
Et ma réponse
Ma, 7 Mai 2013 10:16
Re : Portrait de Toussaint Louverture
De | Jacques de Cauna jdecauna40@aol.com |
A | girard girard@mcneese.edu |
Cher Monsieur,
Merci pour ce message dont j'accuse réception rapidement sur wi-fi public en raison d'une panne totale SFR dans ma résidence de vacances. Je reprendrai contact avec vous dès résolution du problème. La photo originale du portrait (disparu) est sous mon copyright effectivement. Elle a été largement piratée en copies sur le net à partir de mon Haïti, l'éternelle Révolution (copie incomplète), ce qui m'amène à ne pas diffuser l'original quelles que soient les conditions. Vous pouvez utiliser la couverture des Mémoires et je serai heureux que ce que j'en dis dans mes ouvrages soit relayé clairement.
Nous pouvons nous parler par Skipe si vous le souhaitez d'ici quelques jours quand je serai revenu à Bordeaux (mon pseudo "decauna"). Ce sera un plaisir.
Bien cordialement,
Jacques de Cauna, docteur d'Etat (Sorbonne)
CNRS/EHESS CIRESC Chaire d'Haïti à Bordeaux
Commandeur de l'Ordre National Honneur et Mérite d'Haïti
Tél. : 05 56 52 95 11
http://jdecauna.over-blog.com
Depuis, plus de nouvelles. On sait aujourd’hui quel mauvais coup se préparait ! (on remarque que ce Monsieur ne prend même pas la peine de m’appeler « professeur » ou « docteur », comme cela est d’usage entre collègues).
Et voici le copyright de la photo, clairement indiqué en première page du livre dont il parle. Alors pourquoi me demander si j'ai le copyright ? On se demande parfois si certains savent lire !
Extrait du site www.forumhaiti.com/t14463-men-zinzin-dessalines-esclave-sou-bitation...
Forum Haiti : Des Idées et des Débats sur l'Avenir d'Haiti
FOROM AYITI : Tèt Ansanm Pou'n Chanje Ayiti.
Dapre gwo zotobre kap fouye nan zafe listwa dayiti,
Dessalines seta ancien esclave Toussaint Breda.12 déc. 2012.

Toussaint te gen habitude mete tout moun ki te nan zantouraj li ke li ka fe konfians nan position estratejik.
Se selon relation de dependance entre 2 chanpion sila yo, que missieur Cauna ki direkte chaire d'etude sou Haiti, ki explike poukisa Toussaint ta mette Dessalines en selle pou li succede Toussaint.
Men bon zouti nan dada nos coloristes, "l'homme est un loup pour l'homme" depi nan guinen, pa gen manti nan sa. Zafe solidarite de classe ou de race, se apparans, interet personel ak lajan domine tout consideration sila yo nan politik st-domingue ak peyi dayiti. Jan Accau te diya se pa manti milat pov se nwa, nwa rich se milat. Nan ki kategori nou
mete ti pe a ak milyon li yo nan zile Turc and Caicos ak madam mulatresse americaine liya?
Si nou vle fe yon ti lekti diplis pou manye konpran kontexte la pli bien men lien a pi ba. Se pa jis vini repete tintin fok nal chache a la sous nan dokiman original kay notaire ki te voye sere jis lot bo dlo pou konpran vreman peyi dayiti sous li ak tout problem li. Apa lot jou se en Angleterre yon ti etidian arrive jwenn batister peyi a; Nou pa mal sanwont apre plis 200 nap fete fete de l'independans san nou pa menm gen papie batister nou nan men nou.
Menm pou serre papie ki pi important tankou batister nou trouve nou depan de blan.
"Un Peuple qui ne connaît pas son Histoire n'a pas d'identité"… il est condamné à la revivre (François Mitterrand).
http://jdecauna.over-blog.com/article-chaire-d-haiti-ciresc-a-bordeaux-2e-trimestre-2012-103921875.html
Affaire Toussaint Louverture Le Nouvelliste
Dernières nouvelles (14/11/2013) : Les manipulations informatiques continuent ! Sous quelle pression ? Ma Lettre ouverte dont j'avais constaté hier le retour en 3e position des réponses Google au titre de cette rubrique vient à nouveau de diparaître totalement aujourd'hui du site du journal. Qui se livre à ce travail de sape ? Et quelle main bienveillante était venure rétablir mon droit de réponse avant cette nouvelle manipulation ?
Ma Lettre ouverte pourra toujours cependant être lue sur ce blog et sur le site de la Société française d'Histoire d'Outre-Mer qui vient de l'afficher. Le soutien de la communauté scientifique est total - j'en remercie les collègues de tous les pays qui me l'ont manifesté - et cette affaire ne fait que commencer car elle pose une question essentielle au moment où ce genre de mauvaises pratiques se développe outrageusement : celle du pillage systématique de la recherche française sous couvert d'échange d'informations, d'états des lieux des dernières découvertes, de traductions vulgarisatrises pour le public anglo-saxon... Sans oublier l'espèce de sotte admiration que certains vouent béatement à n'importe quelles niaiseries écrites en anglais...
J'ai noté avec plaisir que la direction du Nouvelliste n'avait pas publié la "réponse" que le pirate prétendait adresser "aux lecteurs" du journal, ne voulant pas "s'abaisser" à me répondre directement. Je l'ai lue. Elle est tout simplement scientifiquement irrecevable, ce que je lui démontrerai dès qu'il aura le courage de s'adresser à moi directement. Il n'y est évidemmment pas question de la tentative d'appropriation de copyright de la photo du portrait de Toussaint par Baquoy, en plus de ses "droits réservés" sur mes découvertes récentes.
On remarquera que je ne fais plus figurer le nom du pirate, ni de son comparse fournisseur, dans le titre de cette rubrique. On doit éviter de faire encore plus à ce type de personnages la publicité médiatique qu'ils recherchent si avidement, même au prix de mauvais coups !
Affaire Toussaint Louverture Girard Le Nouvelliste
Dernières nouvelles : le pirate tente de se justifier en s'abritant derrière un gros mensonge avec la complicité d'un comparse français auquel il aurait envoyé un mail (aucune valeur probante) "prouvant" qu'il avait "découvert" l'objet du délit avant ma publication. Quel dommage qu'il ne l'ait pas lui-même publié à ce moment-là ! Et comme il affirme par ailleurs ne pas me connaître (il ne veut pas "s'abaisser à me répondre" et s'adresse donc "aux lecteurs du Nouvelliste"). Voyons donc alors comment il va justifier l'usurpation de copyright de la photo qu'il m'avait demandée par écrit (mail du 1er mai 2013) avec l'autorisation de l'utiliser (ce que je lui avais volontiers accordé sous condition de respect de ce copyright)...
Affaire Toussaint Louverture Girard Le Nouvelliste
Suivez ce blog pour être informés : le "ménage" a été fait sur internet (Lettre réponse introuvable, 114 messages supprimés sur le forum du quotidien) et on essaie d'étouffer l'affaire - qui n'en est qu'à ses débuts et n'est pas sans rappeler "les grandes oreilles" des écoutes téléphoniques qu'on nous a révélées récemment.
Il faut résister !
Les deux derniers des 114 commentaires supprimés :
Jacques de Cauna
Merci beaucoup pour la diffusion de mes recherches réchauffées et arrangées à une drôle de sauce ! Pour ceux qui aiment l'histoire, voyez plutôt l'original : Jacques de Cauna, "Toussaint Louverture. Le Grand Précurseur", Editions Sud-Ouest, 2012... Baré volè !
31 octobre, 11:29
Carter Charles · Université Michel de Montaigne Bordeaux
Bare volè vre! Un classique, malheureusement!
31 octobre, 12:13
Nouveaux commentaires à la suite de l'article qui, lui, est toujours visible : qu'en adviendra-t-il ?
Jacques de Cauna
Je note avec surprise la disparition de tous les commentaires (114) de ce forum, sauf erreur de ma part, et la quasi impossibilité de retrouver ma Lettre ouverte en réponse.
il y a 17 heures
Carter Charles · Université Michel de Montaigne Bordeaux 3
Non seulement les commentaires ne sont plus visibles et accessibles, mais il n'y a pas de version "cache" ou antérieure de la page sur internet avant le 9 novembre. Il faudrait demander au Nouvelliste des explications.
il y a 16 heures
Mais la communauté scientifique se mobilise ! Merci à tous ces collègues et amis. Voir aussi les quelques sites francophones qui résistent : Le Scrutateur guadeloupéenn, l'Haïti de Rousseau, Forum d'Haïti... - que je remercie particulièrement
Quelques réactions de collègues
(anonymat préservé, s’agissant de courriers privés)
Edifiant !
Des Etats-Unis
- « Je ne suis pas trop étonné de ses pillages. Je dois dire qu’en général j’ai de fortes réserves sur tout ce qu’il écrit. Son Haïti (Palgrave 2010), par exemple, contient des erreurs grossières (“Haiti never paid the indemnity”) et une foule d’affirmations hautement contestables. L’idéologie sous-jacente est que les Haïtiens sont les fauteurs de tout ce qui leur est arrivé; ils n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes. Girard se veut porte-flambeau d’une sorte de révisionnisme qui prend systématiquement le contrepied de la “victimisation” d’Haïti, mais tombe dans l’extrême à l’opposé: les Haïtiens sont coupables de tout, de cruauté, d’impérialisme, d’antiaméricanisme, d’incompétence, que sais-je… »
[NDLR : citation de l’intéressé en introduction de l’un de ses derniers ouvrages, en guise de méthodologie, communiquée par une collègue : As a white native of Guadeloupe, however, I tend to view French imperialism in a more positive light than is customary among my academic colleagues, especially those of Haitian descent. « Comme Blanc natif de la Guadeloupe, j’ai tendance à voir l’impérialisme français sous un jour plus positif que cela n’est coutumier chez mes collègues universitaires, spécialement ceux d’ascendance haïtienne », et extraits de recensions :
- « Girard’s takes writing on Haiti to a new low... »
- « He portrays himself as doing this work for the first time. If he has an academic audience in mind, it also seems strange to inform the reader that Toussaint Louverture was a slaveowner as if this is a new finding ».
- « He also reiterates his view that modern Haitian poverty stems from the plantation-burning tactics of Haiti’s leaders and because Dessalines eliminated the white managerial class. “Today,” the author laments, “Haiti, the fabled Pearl of the Antilles, is the poorest country in the Western Hemisphere and a net importer of sugar »].
- « J’ai reçu ce matin de plusieurs amis votre lettre ouverte à Philippe Girard. Je dois vous féliciter de votre réponse, qui est parfaite. J’ai toujours trouvé cet historien très curieux […] Pour moi, sa perspective est problématique à plusieurs égards. J’ai lu son article la semaine dernière, et il m’a beaucoup troublé (Qui arrive dans un pays et publie un tel article ?) Vous montrez des problèmes beaucoup plus sérieux.
J’ai admiré toujours votre engagement de collaborer avec des chercheurs haïtiens, et pas contre eux. Je vous transmets, Monsieur, l’expression de mon sincère respect et mon appréciation pour votre réponse précise et pleine d’esprit ».
- « Mon cher Jacques,
C'est effectivement honteux, et tu as bien fait de réagir. En principe, le plagiat est considéré comme très grave par les universités américaines (par la mienne, en tout cas) et je pense que si l'administration du pirate a vent de la chose ça ne lui portera pas bonheur.
En attendant, continue à kenbe rèd et partage avec […] la vieille amitié de […] »
Du Canada
« …navré de savoir que tu es victime de plagiat et bravo pour t'en défendre ouvertement. De telles actions sont passibles de renvoi dans les université nord-américaines, bien que cette sanction soit rarement appliquée ».
D’Haïti
Mon cher Jacques,
- « C'est vraiment incroyable ce qui se passe avec cet article du Nouvelliste […] C'est hier que quelqu'un m'a informé de cet article. J'ai de suite informé mon interlocuteur que ce qu'affirmait l'article, c'est Jacques de Cauna qui en a effectué les recherches et fait les découvertes, pour preuve son livre qui est en vente à la Maison Deschamps et que je l'ai invité à se procurer […]
Il faut te défendre et même attaquer ce bonhomme pour usurpation de recherche ».
- « Il y a un proverbe haïtien qui dit: "Bourik travay pou chwal gallonnen".N'est ce pas Mr Philppe R.Girard ! » [NDLR : « La bourrique travaille mais c’est le cheval qui es décoré »]
- « Bare volè vre ! Un classique, malheureusement! » [« Arrêtez le voleur ! c’est vrai »]
- « Je partage totalement le contenu de votre lettre. J'ai été surpris de lire l'article du Nouvelliste. Il me semblait bien que cet historien n'avait rien découvert puisque d'autres spécialistes, dont vous, avaient déjà révélé ces faits historiques.
Vous avez donc bien fait de procéder à cette mise au point. Il faudrait peut-être adresser un article au Nouvelliste pour édifier les lecteurs ou plutôt les internautes !
Bon courage dans la poursuite de vos recherches. Pour ma part, cet été, j'ai été heureux d'entendre votre entretien avec Jacques Nési pour l'émission Kon Lanbi ».
- « Je m’interrogeais également sur le point que tu as soulevé dans ta lettre, après avoir lu l’article paru dans Le Nouvelliste. Je crois qu’il était nécessaire de réagir comme tu l’as fait. J’espère que l’auteur prendra le temps de te répondre et de rectifier le tir. Je ne sais pas si tu as soumis ton texte au journal Le Nouvelliste ».
- « je vous remercie de m'avoir informé de cette mise au point méritée. Il nous faut être vigilant... ».
- « Avec une très grande surprise je viens de prendre connaissance de ta note. Mais quelle audace ! Ces usurpateurs n'ont pas de limite dans leur désir de paraître. Heureusement qu'il y en a qui veillent. Car avec eux, il ne faut jamais baisser la garde ».
- « Je crois avoir lu, la semaine dernière, les commentaires d'un internaute du Nouvelliste dans lesquels il faisait clairement référence à tes travaux pour répondre à ce monsieur » [NDLR : les 144 commentaires de ce forum du journal ont subitement disparu].
C'est assez singulier la façon dont les moteurs de recherches ne mènent qu'à l'article de Girard et pas à ta lettre ouverte. Il y a, comme tu dis, quelqu'un qui fait du nettoyage […].
Quoi qu'il en soit, ne lâche pas. Ce cas d'usurpation de recherche dépasse le cadre strict d'Haïti et a une dimension internationale […] les petits intérêts et le copinage prennent trop souvent le dessus sur les valeurs et la morale.
« Non seulement les commentaires ne sont plus visibles et accessibles, mais il n'y a pas de version "cache" ou antérieure de la page sur internet avant le 9 novembre. Il faudrait demander au Nouvelliste des explications ».
D’Afrique
- « Rendre à César ce qui est à César", que pourrait-on y trouver d'assez compliqué?
Merci professeur de dénoncer ce qui pourrait s'apparenter au "fléau majeur de la recherche scientifique" et de mettre en garde les générations à venir contre cette gangrène. J'ai pour ma part, après lecture de la présente lettre, saisi la gravité de cette attitude déloyale et je m'efforcerai de prendre mes distances avec elle.
C'est le lieu de vous réitérer ma totale gratitude pour l'effort abattu depuis tant d'années par vous et vos devanciers, pour la reconstitution de ce puzzle que constitue l'histoire haïtienne.
Je vous désire une bonne santé afin de parachever l'œuvre si bien amorcée ».
Et de France
- Cher collègue,
Je suis aussi horrifié que vous par cette malhonnêteté inqualifiable !
- En tous temps, et pour toutes institutions universitaires, la pratique du contournement des références est hautement condamnable. Elle tend malheureusement à se généraliser, et devient même une méthode dans certaines écoles […] Le flibustier que tu as débusqué a eu droit aux honneurs de la première page du Monde des livres récemment, sous la plume d'un individu qui s'y entend, lui aussi, parfaitement, en matière de pillage. Ainsi vont Le Monde...et le monde, où les faux-semblants clinquants de la communication remplissent les exigences arides de la méthode critique […] tu as mon plein soutien. Si tu en éprouves le besoin, je t'autorise à en faire publiquement état ».
- « Cher collègue,
Soyez assuré de mon soutien dans votre réaction.
Il est arrivé une chose comparable il y a peu à Pierre Bardin par rapport à Saint-Georges ».
- « Merci Jacques pour cette lettre. Je te parlerai de mes propres doléances vis à vis du personnage […] Je vais t'appeler. Je crois que tu devrais aller plus loin et diffuser ta lettre au sein de son université et par l'intermédiaire de l'association d'études haïtiennes ».
- « Cher Jacques, voici une belle lettre, tu as raison de te défendre. Si encore ce collègue était américain, mais il a un nom bien français et manie donc bien notre langue…il est donc sûr qu’il a bien eu accès à tes écrits…C’est du vol intellectuel, ni plus ni moins, du plagiat… ».
- « Les universités américaines sont encore plus sévères que nous avec ce genre de pratique. Cela se termine souvent par des procédures judiciaires ».
- « J'avais entendu parler du livre cet été, mais je ne l'avais pas eu en main. Ce n'est pas exactement la première fois que ce genre d'histoire arrive et je me demande si le problème finalement c'est d'écrire en français. Les Anglo-Saxons partent du principe que tout se fait chez eux, dans leur langue et il y a un vrai malaise quand sur des sujets qui utilisent des sources en français, aucun auteur francophone n'est cité. On a l'impression qu'ils partent de rien et qu'ils sont les découvreurs de pièces d'archives pourtant parcourues depuis longtemps. Peut-être que le temps manque pour lire la bibliographie en langue étrangère ».
- « Bravo, cher Jacques, pour cette magistrale mise au point. Je ne supporte pas plus que toi la malhonnêteté intellectuelle! »
- « Je ne connais pas outre mesure Philippe Girard, mais j'en apprends ! Je travaille actuellement sur un ouvrage qui aurait l'ambition de traiter des problèmes militaires et politiques de la révolution de Saint-Domingue. Alors, fatalement, j'ai pris connaissance de ses thèses qui me paraissent, à première vue, un peu outrancières ».
- Très Cher Jacques, bonjour, j'espère de tout coeur que vous allez bien […] Je lis avec stupeur votre lettre ouverte à M. Girard, stupeur devant la rapidité avec laquelle se développe ce genre de pratiques dans le monde de la recherche. Et bien que nous les traquions chez les étudiants, nous fermons bien souvent les yeux lorsqu'il s'agit de professeurs... Pourtant, comme vous le soulignez à mon avis très justement, "il y a dans ce métiers des choses insupportables qu'on ne peut laisser passer sans réagir". En espérant que vous n'aurez plus à consacrer de votre précieux temps à cela.
- Bien cher Jacques,
Merci pour l'envoi de cette belle réaction. Tu as très bien fait.
Ceci me donne l'occasion de t'adresser l'expression de ma fidèle amitié…
- J'espère que tu vas surmonter la contrariété d'avoir été pillé par un universitaire indélicat et même malhonnête et que tu vas persévérer dans tes publications, justes sanctions positives de tes recherches.
- Je vous soutiens pleinement, il y en a qui se croient tout permis, et cet universitaire ne semble pas posséder le minimum d'éthique scientifique requis.
Dernières nouvelles du pirate ?
Et bien, jusqu'à ce jour, cinq jours après lui avoir adressé ma lettre, je nen ai aucunes ! Ce monsieur doit être très occupé à présenter mes réultats de recherche au 25e Congrès de l'Association des Etudes Haïtiennes à Pétionville (Haïti), laquelle, également destinataire, n'a pas non plus réagi à ce jour. Et pourtant, la lettre a été publiée le lendemain même, le 4, dans le même quotidien haïtien (Le Nouvelliste), en première page...
Parallèlement, je reçois beaucoup de réactions de soutien d'un peu partout qui prouvent que la communauté historique se mobilise contre ce triste sire dont j'apprends, par des collègues américains qu'il est coutumier du fait et peu regardant sur la qualité éthique de ses idées (c'est un euphémisme). J'espère que ce court séjour en Haïti l'amènera à s'amender... Ce blog vous tiendra informé des suites inévitables de cette affaire nauséabonde.
Un piratage éhonté
A propos de Toussaint Louverture.
Lettre ouverte à M. Philippe R. Girard et aux nouveaux flibustiers du 21e siècle
(parue à Port-au-Prince dans le quotidien haïtien Le Nouvelliste des 4 et 5 novembre 2013)
Monsieur,
Comment un professeur, chef du département d’histoire d’une honorable université américaine de surcroît, a-t-il pu oser écrire, en y apposant un copyright impératif (c) Philippe Girard 2013. Tous droits réservés. (Pétionville, octobre 2013) : « Les recherches que j’ai menées sur la première famille de Toussaint Louverture ont apporté des détails supplémentaires et pour le moins surprenants sur sa vie… » pour présenter en avant-première d’un congrès scientifique, en les récupérant à son compte et dans un optique sensationnaliste sous le titre « Découvertes récentes sur la vie de Toussaint Louverture », les résultats de plusieurs années de travail publiés il y a plus d’un an par un collègue dans un ouvrage paru en septembre 2012 sous le titre Toussaint Louverture . Le Grand Précurseur ?
Et notamment – je cite :
« En d’autres termes : Jean-Jacques Dessalines fut un jour l’esclave de la fille et du gendre de Toussaint Louverture, et pendant deux ans (la période du bail) il travailla sous les ordres directs de Louverture. Voici qui explique sûrement leurs rapports, faits de respect mais aussi d’antagonisme, lors de la période révolutionnaire ».
Ne serait-ce pas « résumer » un peu hâtivement la conclusion du chapitre « De Bréda à Cormier : famille et proches, Dessalines esclave de Toussaint » de l’ouvrage précité ? :
« Contrairement à ce que pensait Gabriel Debien, qui ne pouvait l’imaginer (« Il semble qu’on en aurait parlé », disait-il), une importante conclusion inédite s’impose : Dessalines a bien été esclave sous Toussaint et propriété de sa fille et de ses deux gendres successifs. Ces rapports entre ancien maître et esclave au Cormier ne sont pas sans expliquer à la fois l’incroyable carrière du futur empereur dans le système népotique instauré par Toussaint mais aussi l’étonnante tension constamment palpable entre lui et son protecteur et ancien maître qui l’éleva au commandement suprême de l’armée de libération ».
On chercherait en vain une quelconque référence à ce chapitre paru plus d’un an avant vos subites « révélations », et encore moins à la communication explicite et détaillée faite encore plus tôt au premier semestre 2012 à la revue française d’histoire Outre-Mer sous le titre nuancé Dessalines, esclave de Toussaint ? qui n’a pu échapper à l’observateur attentif que vous êtes.
Vous répondrez sans doute que vous aussi aviez écrit sur Toussaint Louverture antérieurement, en 2011, et même proposé – sans succès – en traduction française Ces esclaves qui ont vaincu Napoléon : Toussaint Louverture et la guerre d’indépendance haïtienne à l’éditeur parisien Karthala qui – comme c’est curieux ! – venait de publier en 2004 mon Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti ! A cette époque, « Dessalines, second de Toussaint » – je vous cite – n’était encore pour vous qu’ « un ancien esclave mais aussi un propriétaire de plantation », au mépris de toute évolution chronologique. Vous nous direz encore peut-être, que vous avez savamment disserté la même année dans les Annales sur les mémoires de Toussaint au fort de Joux, à peine deux ans après ma réédition critique en 2009 des Mémoires du général Toussaint Louverture commentés par Saint-Rémy que vous avez d’ailleurs eu la bonté de juger « moins fidèle » qu’une édition antillaise postérieure d’un an… Ou encore, que votre Haiti : The Tumultuous History évoquait déjà tout cela en 2010, aussi bien sinon mieux que mon Haïti, l’éternelle Révolution, vieux de treize ans mais réédité en 2009… Mais fi de la chronologie, pour nos petites histoires comme pour l’Histoire !
Bref, je n’ai pas l’honneur de vous connaître en personne – serait-ce bien nécessaire ? –, sinon par un banal échange de courriel par lequel vous me demandiez, si j’étais bien propriétaire du copyright, de vous communiquer l’original de ma photo réalisée en 1989 de la gravure en pied de Toussaint Louverture par Baquoy retrouvée alors au manoir des Lauriers, pour un ouvrage que vous prépariez sur le personnage. Je vous avais aussitôt indiqué que je préférais vous voir utiliser la reproduction figurant dans l’ouvrage originel publié en Haïti, en précisant que ce serait une bonne occasion de bien citer la source pour couper court aux habituels piratages de nos nouveaux flibustiers du net, accord donné sans réponse (remerciements ?) de votre part. Mais, ô surprise !, je retrouve pourtant une copie tronquée de ma photo, publiée sans aucune référence en tête de votre article précité et tout naturellement placée sous votre copyright expressément mentionné.
Tout va très bien sans doute ainsi dans le petit monde d’une histoire vue par votre lorgnette de navigateur au long cours : laissons les obscurs tâcherons de la recherche scientifique débroussailler ingratement et passons brillamment par derrière pour exploiter sauvagement, commenter haut la main, sauter aux conclusions, et finalement médiatiser à grand fracas polémique, pour notre plus grand profit personnel !
Mais peut-être pensez-vous répondre ainsi aux préconisations fondamentales du beau statement de votre université qui prône les valeurs premières de l’apprentissage tout au long de la vie, de la responsabilité éthique et pour finir de l’engagement civique. A moins que tout ceci ne soit devenu de simples mots creux réservés à quelques attardés qui s’obstinent à citer encore avec un rigoureux respect leurs sources, leurs maîtres et tout ce qu’ils doivent à leurs prédécesseurs… face aux exigences d’une compétition mondiale qui commanderait sans doute aujourd’hui de former au combat des étudiants économiquement rentables et sans principes, aptes aux plus fructueuses tricheries sans scrupules d’un autre âge, dans le louable souci de leur apporter la même réussite matérielle dans la vie que celle qui doit illuminer la carrière de leurs habiles mentors « au bel étage » comme disait Gabriel Debien ?
Inutile de vous dire que je reste, Monsieur, votre humble serviteur dans la recherche.
Jacques de Cauna, docteur d’Etat (Sorbonne)
Commandeur de l’Ordre National Honneur
et Mérite de la République d’Haïti
Jacques de Cauna, « Dessalines, esclave de Toussaint ? », Outre-Mers. Revue d'Histoire, tome 100, n° 374-375, 1er semestre 2012, p. 319-322.
A écouter (cliquez sur le titre ou l'image)
Jacques de Cauna vous présente son ouvrage "Toussaint Louverture" aux Editions Sud-Ouest, Bordeaux...
: //www.mollat.com/livres ...
www.youtube.com/watch?v=_SfkTwLWuiQ
22 mai 2013 - Ajouté par Librairie Mollat