Les Français oubliés de Cuba
A la suite de la visite présidentielle aux Antilles, il a été de bon ton d’évoquer les liens historiques des deux pays (interview entre autres sur RFI du directeur de l’IHEAL, Institut d’Histoire de l’Amérique Latine).
Mais pourquoi diable croit-on toujours en France que l’histoire n’est que contemporaine, celle des dernières années... seules connues des journalistes (relations Castro / Mitterrand…) ?
Pas un mot de tous ces Béarnais et Gascons, les Dufourcq, de Sillègue, Daudinot, de Ribeaux… etc., qui autour de Prudent de Casamajor, alias Prudencio Casamayor ont créé la fortune caféière de l’Oriente dans les premières années du 19e siècle sur les hauteurs de la Sierra Maestra, de Santiago à Baracoa (défendu par les frères Laffite contre les Anglais) en passant par Guantanamo. Encore moins sur ceux qui, à l’image de François-Régis de la Valade du Repaire de Truffin, alias Regino Truffin à La Havane, ont été les promoteurs de la grande industrie sucrière, des premiers chemins de fer et de la riche vie cosmopolite havanaise un siècle plus tard.
Et que dire de l’hypocrite ingratitude nationale lorsqu’on sait que les descendants de ces pionniers américains, familles rescapées du dernier massacre général des Français après l’indépendance d’Haïti pour la plupart, se sont vus déchus de la nationalité française "pour indignité" liée à l’abolition tardive de l’esclavage à Cuba en 1886, alors que la France elle-même avait attendu plus de cinquante ans après la Révolution (abolition de 1793 au Cap-Français) pour le faire enfin une deuxième fois en 1848 après le rétablissement de 1802 par Bonaparte ?
Cafetal "La Fraternidad" aux trois beaux-frères José Dufourcq, Eugène de Ribeaux, Domingo de Heredia
Regino Truffin et son épouse Nieves Altuzarra Perez Chaumont, alias "Mina", devant la villa de son nom, aujourd'hui le "Tropicana"