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Le blog de Jacques de Cauna Chaire d'Haïti à Bordeaux
Site de la Chaire pluridisciplinaire d'Haïti à Bordeaux créée après le séisme du 12 janvier 2010 dans le cadre des activités du Centre international de recherche sur les esclavages du CNRS à l'EHESS. Histoire et culture d'Haïti et de Gascogne. Enseignement supérieur. Formation, suivi à distance, mémoires, thèses. Développement des liens entre la Caraïbe, la Gascogne et région Nouvelle-Aquitaine.
Caupenne, Gaujacq, Maylis avec le Centre Généalogique des Landes le Jeudi 25 août
La déportation des Basques sous la Terreur
La déportation des Basques sous la Terreur, Pau, Editions Cairn, avril 2016
C'est le titre du dernier ouvrage du grand spécialiste du domaine basque, notre ami l'homme de lettres, historien et journaliste bien connu Alexandre de La Cerda, qui l'a présenté à l'occasion de deux conférences tenues à l'Eskual Etxea de Bordeaux et, plus récemment dans le cadre exceptionnel du château d'Arcangues, à l'invitation du marquis Michel d'Arcangues.
Dans la mesure où ce sanglant populicide terroriste, bien moins connu que celui de la Vendée, se doublait jusqu'ici d'un impardonnable mémoricide, il méritait amplement d'être rappelé, comme cela a été fait de la plus brillante des manières en ces deux occasions dans la lignée des travaux initiés en 1986 par Reynald Secher pour la Vendée.
Au terme de ces présentations, les nombreux invités ont pu apprécier les produits de la gastronomie basque accompagnés de l'excellent vin de cépage Merlot du château bordelais Miller La Cerda dont nous recommandons également la dégustation.
Grande nouvelle ! La traite des Noirs dans l'estuaire !
C'est la bourde de l'année ! Premier prix toutes catégories confondues de la repentance à tout prix !
On la doit au journal Sud-Ouest, grand amateur de sensationnalisme dans le domaine, qui nous la livre sans supplément dans son édition du dimanche 14 août 2016 où cette information figure en page 12 dans « Les + de l'été » sous la rubrique « Petite leçon de sciences (5/7) » et le titre « Le commerce : le meilleur et le pire » :
« Au XVIIIe siècle, le port de Bordeaux connaîtra sa face sombre. On estime que près de 150 000 victimes du trafic négrier [en rouge dans le texte] vers les Antilles ont transité par l'estuaire ».
Des captifs noirs de l'infâme trafic négrier dans l'estuaire de la Gironde ! Quelle extraordinaire information ! On est heureux de l'apprendre !
Mais d'où venaient donc ces pauvres Africains si mal traités géographiquement par nos odieux Gascons ? Pas des côtes africaines qui n'ont rien à voir là-dedans sans doute, mais plus probablement, pour transiter ainsi, de la jungle impénétrable de la forêt landaise, ou périgourdine ? Voilà ce qu'aucun de nos historiens locaux n'aurait jamais osé envisager… Une pierre à ajouter à « l'occultation générale » provoquée par « l'amnésie bordelaise » fustigée par les vaillants entrepreneurs de la mémoire repentante de Bordeaux port négrier et leur porte-parole autoproclamé que Sud-Ouest se complaît à remettre en scène régulièrement chaque année à grand renfort de publicité tapageuse à l'occasion de la journée nationale de commémoration de la mémoire de l'esclavage.
Du coup, on serait presque prêts à oublier l'inflation dans l'estimation en constante hausse du nombre des victimes de ces voyages triangulaires bordelais (4,5 % du trafic global), fournie par les mêmes sources sans doute, cet « On » si apprécié de la bien-pensance médiatico-politique en place ! Un tiers de plus ou de moins, quelle importance ?
Et qu'importe, pour finir, que l'objectif initialement proclamé de « juste mémoire » dérive ainsi au fil de l'eau vers une reconstruction des réalités historiques que l'on voudrait « apaisée » au prix de quelques compromissions d'habile politique assorties d'effets matériels plus sensibles : subventions, publications, invitations officielles… A quand les réparations (financières, naturellement) ? A moins qu'on n'y soit déjà sans le savoir ?