Pierre Force, Wealth and Disaster. Atlantic Migrations from a Pyrenean town in the Eighteenth and Nineteenth Centuries, Baltimore (USA), Johns Hopkins University Press, 2016, 230 p., nombreuses illustrations, cartes, tableaux, graphiques, généalogies...
[Recension publiée dans le Bulletin du Centre Généalogique des Landes, n° 120-121, p. 1776-1777].
Ce très bel ouvrage d'un éminent professeur de Columbia University, ancien normalien d'Ulm, habilité à dirigé les recherches par la Sorbonne, historien, civilisationniste, économiste, littéraire et philosophe, doyen du département des Humanités puis directeur des études supérieures du département de Français de cette grande université new-yorkaise, nous a été offert et dédicacé en hommage amical au moment de sa sortie et c'est avec grand plaisir que nous en signalons la parution tant il pourra apporter à tous ceux qui s'intéressent à notre histoire et patrimoine régionaux. Il retrace avec une grand richesse de détails et de précisions l'étonnante aventure des Lamerenx d'Uhart-Juzon et des Mouscardy, deux familles « américaines » de La Bastide-Clairence, l'une noble, l'autre roturière, émigrées à Saint-Domingue (Haïti, St-Martin-du-Dondon), puis à Cuba (Matanzas) et enfin à la Louisiane (La Nouvelle-Orléans), suivant en cela un parcours fréquent chez nos émigrants gascons.
C'est surtout un grand livre d'histoire, à la fois locale et globale, connectée entre singulier et universel, chronique et analyse, qui est appelé à devenir une œuvre de référence pour tous ceux qui s'intéressent à notre histoire pyrénéenne et à son ouverture internationale sur les Amériques, et qui veulent connaître et comprendre le fond coutumier qui les a régies et reste l'un de nos marqueurs identitaires, en même temps que les traces patrimoniales laissées dans nos villes et villages par les générations précédentes, devant lesquelles nous passons parfois avec trop d'indifférence. L'ouvrage s'ouvre d'ailleurs de manière significative en exergue sur une allusion à l'origine des recherches de terrain menées au départ par l'auteur sur une maison de Labastide-Clairence devenue ensuite jeu de paume puis trinquet : Hapette trinketaren orhoitari. Il faut dire que Pierre Force, après un tiers de siècle d'années « américaines », a conservé de solides attaches locales en pays de Soule dont on connaît les liens anciens avec les pays basques, béarnais et gascons.
Une somme incontournable en même temps qu'une fascinante saga fondée sur de minutieuses recherches en archives et une solide connaissance à la fois du terrain des coutumes locales navarraises et des cadres conceptuels posés par les grands précurseurs de l'ethno-sociologie (Lévi-Strauss, Bourdieu...) mais aussi les chercheurs « locaux » (Arrizabalaga, Blazquez, Cauna, Nassiet...). Avec l'appui d'un solide réseau amical de proximité pourvoyeur d'informations inédites sur les personnes et familles, dans la lignée des démarches pionnières de Gabriel Debien et de L'Eldorado des Aquitains sur les archives privées étendues à l'occasion à Haïti, Cuba, La Louisiane.
Un travail exemplaire et une lecture passionnante, réunissant sur fond de plantations, piraterie, esclavage, révolutions, fortunes et ruine, l'épopée de ces deux familles pyrénéennes transatlantiques dans une étude de cas d'une rare finesse d'analyse. Au-delà de l'apport factuel à un champ historique qui nous concerne particulièrement, et pour reprendre notre « païs » Pierre Bourdieu, un véritable « antidote contre l'amnésie de la genèse [... par] la reconstruction de l'histoire oubliée ou refoulée qui se perpétue dans ces formes de pensée en apparence anhistoriques qui structurent notre perception du monde et de nous-mêmes ». Un grand merci à Pierre Force !
A lire absolument !
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![Armorial de Gilles Le Bouvier, dit le hérault Berry, roi d'armes de Charles VII (1418-1454). Parmi les 1953 écus des principales familles nobles et chevaleresques de l'époque présentées par "marches d'armes", figure dans la marche du duc de Berry, au bas du folio 39 (écu du centre), à la suite de "Ceulx [ceux] de Grelly [Grailly] et "ceux de Cramailh",... l'écu "lozangé d'or et de gueules" de "Ceulx de Cauna". Ces maisons furent parmi les plus fidèles aux ducs d'Aquitaine, rois d'Angleterre.](https://img.over-blog-kiwi.com/1/57/34/99/20171025/ob_9064cd_armorial-de-gilles-le-bouvier-f-39-c.JPEG)
![Le "Lozangé d'or et de gueules" des Marsan est "sans nombre" contrairement à celui des comtes d'Angoulème de la race des Taillefer. Mais quand Mathe de Mastas [Matha], descendante de Guillaume Chaussard de Matha, fils d'un comte d'Angoulème, épouse le vicomte Gaston VII de Béarn (ca 1240), elle est déjà vicomtesse Marsan par sa mère Pétronille de Bigorre, arrière-petite-fille de Pierre de Marsan et porte un lozangé sans nombre.](https://img.over-blog-kiwi.com/1/57/34/99/20171024/ob_7823df_gc-gascogne-navarre-marsan-001.jpg)
