Déroulé proposé par l'animateur
Mémoire de l'esclavage à Bordeaux : Quelle place pour la transmission ?
-En quoi Bordeaux est-elle liée à l'esclavage? Bref historique, grâce à nos invités. Précisions sur les différences entre Bordeaux et Nantes, port négrier et port colonial, etc.
-Quelles traces subsistent aujourd'hui de l'esclavage à Bordeaux?
-Parmi ces traces, il y a les noms de rues, qui font beaucoup parler. Nous allons revenir sur ces noms car il y a beaucoup de débats autour de cette question, mais sur le principe: selon vous, doit-on débaptiser ces rues ou plutôt les conserver et les expliciter?
-Alors avant de poursuivre sur la question de la place de cette mémoire dans l'espace public, arrêtons-nous sur les noms des rues qui seraient concernées. Combien y en a-t-il aujourd'hui et qui sont les personnalités qu'elles honorent? M. Bonin, vous avez été chargé « d'enquêter » sur 17 de ces noms, je vous cède la parole d'abord.
-M. de Cauna, vous, vous dites notamment qu'il faut se garder de jeter certains noms en pâture, comme celui de M. Saige, le premier maire de Bordeaux. Parlez-nous de lui, d'abord, si vous le voulez bien. Donnez-nous plus globalement votre sentiment, vous qui dénonciez des « journalistes pressés qui préfèrent recycler périodiquement les mêmes affirmations manichéennes sensationnalistes sans s'encombrer de consultations d'historiens forcément plus nuancés ». C'est un problème que vous observez régulièrement?
-Alors concernant justement ces noms, en 2014 puis en 2015, le Conseil représentatif des associations noires, le CRAN, avait demandé des réparations à trois familles bordelaises. Parmi lesquelles la vôtre, Axelle Balguerie. Un mot d'abord sur Pierre Balguerie-Stuttenberg, le frère de votre aïeul, qui n'a pas eu le temps de participer à la traite négrière mais qui a largement profité du fruit du travail des esclaves. Comment avez-vous vécu, à l'époque, cette mise en cause?
-De votre côté, M. Diallo, l'association Mémoires et Partages n'est pas du tout sur la même longueur d'ondes que le CRAN...
-Pointer du doigt des responsabilités individuelles, n'est-ce pas aussi s'exonérer de responsabilités collectives? Et peut-on reconnaître des responsabilités collectives de manière à avancer, pour ne pas verser dans une forme de repentance un peu stérile?
-Précisément, on reproche parfois à Bordeaux de ne pas en faire assez dans la transmission de la mémoire de l'esclavage? La ville a pourtant créé un espace sur le sujet au Musée d'Aquitaine, elle a aussi instauré une commission, dont vous étiez membre, M. Diallo, et dont vous êtes toujours membre, M. de Cauna... On ne va pas revenir sur la polémique récente autour de ce dernier point, qui vous oppose, M. Diallo, à la mairie, car ce n'est pas le lieu ni le moment, mais est-ce une impression que vous partagez tous ou bien est-elle à nuancer, selon vous?
-Comment expliquer ces difficultés à appréhender ce passé, à Bordeaux? M. de Bonin, en 2010, vous pointiez du doigt dans votre livre les « Tabous de Bordeaux » les accointances entre le milieu universitaire et « la bonne bourgeoise locale ». Pouvez-vous nous expliquer cela? Pourquoi la bourgeoise locale aurait-elle plus de mal à évoquer ces sujets que d'autres, dans des villes qui ont aussi pris part à ce commerce?
-De quelle façon peut-on améliorer les choses? On peut d'abord évoquer ce qui existe à Liverpool ou à Nantes, respectivement premiers ports négriers d'Europe et de France?
-Parmi les 10 propositions que la commission dont nous parlions va faire à la mairie de Bordeaux, certaines en particulier ont-elles retenu votre attention?
-En conclusion, j'aimerais que chacun de vous nous explique en quoi, selon vous, entretenir la mémoire de l'esclavage est primordial? Quelle importance cela revêt-il dans la Société d'aujourd'hui ?
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N.B. : Seul commentaire non signé du journal Sud-Ouest dans un entrefilet paru le lendemain : "même si intéressantes, les questions ont été "obstruées" par les différents qui opposent les historiens à Karfa Diallo" (illustré par sa photo) !