Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Jacques de Cauna Chaire d'Haïti à Bordeaux

La citadelle du Roi Christophe. Une interview de la Radio Télévision Suisse.

23 Décembre 2018, 16:58pm

Publié par jdecauna

Une interview d'Anne-Laure Gannac pour RTS1 dans les locaux de France-Bleu Gironde quarante ans après ma première visite à la Citadelle.
Une interview d'Anne-Laure Gannac pour RTS1 dans les locaux de France-Bleu Gironde quarante ans après ma première visite à la Citadelle.

Une interview d'Anne-Laure Gannac pour RTS1 dans les locaux de France-Bleu Gironde quarante ans après ma première visite à la Citadelle.

L'émission a été réalisée dans le cadre du magazine "Monumental", également relayé par la Radio Télévision Belge, qui s'intéresse chaque semaine à un élément du Patrimoine mondial. Elle sera diffusée sur RTS1 le dimanche 13 janvier de 14h à 15h puis rediffusée le samedi 19 janvier de 15h à 16h sur La Première de la RTS. Vous pourrez l'écouter en direct ou l'écouter à partir de ces dates à cet endroit :https://www.rts.ch/play/radio/emission/monumental?id=3195350&station=a9e7621504c6959e35c3ecbe7f6bed0446cdf8da

 

Voir les commentaires

Mémoire de l'esclavage à Bordeaux. Buste imaginaire de Modeste Testas et noms de rues historiques. La Mairie est alertée.

14 Décembre 2018, 09:01am

Publié par jdecauna

Antoinette Lespérance, mère du président François-Denys Légitime, et le buste imaginaire déjà bien avancé de la présumée Modeste Testas, mère présumée d'Antoinette Lespérance.Antoinette Lespérance, mère du président François-Denys Légitime, et le buste imaginaire déjà bien avancé de la présumée Modeste Testas, mère présumée d'Antoinette Lespérance.

Antoinette Lespérance, mère du président François-Denys Légitime, et le buste imaginaire déjà bien avancé de la présumée Modeste Testas, mère présumée d'Antoinette Lespérance.

Pr. Jacques de Cauna                                                                               Bordeaux, le 26 novembre 2018
Docteur d’État (Sorbonne), Chaire d'Haïti à Bordeaux
Commandeur de l'Ordre national Honneur et Mérite de la République d'Haïti
 
Monsieur le Maire,
Il me paraît de mon devoir, de l'intérêt de ma ville natale et du vôtre, d'attirer votre attention sur l'évolution d'un point d'histoire ancien dont je viens de prendre à nouveau connaissance dans la presse quotidienne (Sud-Ouest du 19 novembre) après ma lettre d'il y a deux ans. Je précise qu'il s'agit d'un sujet que je connaissais depuis de longues années, en Haïti, et dont j'ai eu l'occasion de m'occuper ici même à Bordeaux en accueillant en direction de recherches en archives il y a dix ans la porteuse d'une recherche familiale haïtienne dont il s'inspire, Mme Lorraine Manuel-Steed.
Sous le titre « Et l'esclave Modeste Testas sortit de l'oubli », il est écrit que « sa statue représentera bientôt l'esclavage à Bordeaux. Alain Juppé l'a décidé en Mai dernier, d'après les propositions d'une commission chargée d'activer la mémoire de l'esclavage dans la ville ».
 
Il est bon que vous sachiez que le buste présenté en illustration ne représente aucunement Modeste Testas, « ménagère » affranchie du colon bordelais couchée sur son testament, mais sa fille, mère du président haïtien François-Denys Légitime, dont le tableau retrouvé à l'occasion du Bicentenaire de la Révolution avait été exposé avec d'autres en 1989 à l'Institut français d'Haïti à l'instigation du Comité Haïtien pour le Bicentenaire dont j'étais alors Secrétaire général fondateur, ayant accueilli à ce titre le délégué interministériel, le regretté Michel Baroin. Ceci est de notoriété publique en Haïti. On peut légitimement s'interroger sur la représentation évoquée de cette grande dame libre « les fers aux pieds », les connotations véhiculées, leur effet et retentissement éventuels.
 
La rigueur historique la plus élémentaire aurait consisté à ce que les promoteurs de cette initiative au sein de la commission municipale que vous avez initiée, avant de même s'interroger sur ces points délicats, aient mis en œuvre les nécessaires précautions scientifiques dont ils convient habituellement de s'entourer avant toutes choses en ce domaine sensible :
- quelles preuves tangibles peuvent-ils fournir de l'origine « éthiopienne » et du nom « africain » yéménite Al-Bouhessi de Modeste Testas ? De son parcours intra-africain jusqu'au port de traite ?
- et de son « passage » préalable à Bordeaux – sur quel navire – à la fin du XVIIIe siècle en provenance d'Afrique en dépit de toute évidence connue de la marche du commerce triangulaire ?
- quant à l'emplacement « tout trouvé » en face du buste de Toussaint Louverture, ce « clin d'œil de l'histoire », aura tout simplement pour résultat de réunir deux fausses représentations statuaires dont la portée symbolique heurte la nécessaire connaissance historique des choses.
 
L'encadré suivant l'article évoque en outre, entre autres, dans les « dix propositions toutes adoptées par Alain Juppé », nous dit-on, les « explications » qui seront apposées sur le buste et « sur les plaques de rues portant des noms de négriers ».
Sera-ce en l'espèce pour ce nouveau buste quelque chose comme « fille d'une esclave affranchie par un Bordelais et devenue mère d'un président », ou pour la plaque de la rue Saige « fils d'un négrier, mais maire de Bordeaux, Girondin philanthrope et défenseur des hommes de couleur, guillotiné par les Terroristes » ?
 
Vous connaissez l'intérêt que je porte à vos interventions dans notre ville sur ce sujet. Là, outre la désinformation historique, on peut craindre le pire en matière de réception par les Bordelais et par tous ceux qui chercheront à mieux connaître notre ville. Alors que d'authentiques personnages historiques témoins de nos liens privilégiés avec la première république noire du monde attendent toujours leur reconnaissance sur une plaque de rue bordelaise, tels Mallet, Ogé, Etienne de Polvérel, Julien Raimond, Laffon de Ladebat ou Alexandre Pétion. Mais peut-être la dernière page de mon rapport de 2009 contenant ces noms, que vous avez reçu il y a deux ans, vous aura-t-elle échappé…
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Maire, l'expression de mes meilleurs sentiments.

                                                                                            Cauna

                                                                                                                                        Jacques de Cauna

Voir les commentaires

Et revoilà la repentance ! Halte aux supercheries mémorielles

10 Décembre 2018, 17:43pm

Publié par jdecauna

Vite un monument avant que l'émotion ne retombe ! Pas de problèmes, la presse et les institutions couvrent...
Vite un monument avant que l'émotion ne retombe ! Pas de problèmes, la presse et les institutions couvrent...

Vite un monument avant que l'émotion ne retombe ! Pas de problèmes, la presse et les institutions couvrent...

C'est une bien belle histoire que l'on nous conte là... et qui a reçu l'aval d'une commission municipale "scientifique" ad hoc récemment créée pour animer la mémoire de l'esclavage à Bordeaux, avant d'être officiellement acceptée par Monsieur le Maire avec neuf autres propositions (dont la sempiternelle question des noms de rues sur laquelle nous reviendrons) !

Il s'agirait donc de statufier une esclave d'origine "éthiopienne" qui aurait été capturée en Afrique et déportée par on ne sait quel navire ni par qui ni comment, à travers le continent africain puis l'Atlantique jusqu'à Bordeaux avant de se retrouver à Saint-Domingue, colonie qui comprenait, d'après la fameuse commission, à la fois Haïti et la République dominicaine (cela est tout à fait nouveau et réjouira les géographes autant que les historiens !). Périple pour le moins inhabituel dans la traite transatlantique qui devient (grande première) à la fois occidentale, orientale arabo-musulmane et intra-africaine (ce qui a au moins le mérite de satisfaire sinon tout le monde, du moins les trois opérateurs de l'infâme commerce - une fois n'est pas coutume ! - Mais tous se repentiront-ils ?) 

Sauf que, pour commencer, le buste envisagé et qui "aura les fers aux pieds" (curieux !) n'est pas celui de l'esclave Modeste, couchée sur le testament de François Testas dont elle était la "ménagère" pour une somme importante (6 600 Livres correspondant à un statut qui n'est certainement pas celui d'une esclave commune !), mais bien la reproduction du portrait familial officiel de sa fille présumée, Tinette Lespérance, qui se trouve par ailleurs être une grande dame libre ayant vécu au 19e siècle et bien connue en Haïti comme mère de l'un des militaires qui se sont succédé au pouvoir dans le pays, le Président François-Denys Légitime.

Sauf également que l'on aimerait bien avoir la production d'un minimum de documents probants qui étayeraient ce beau récit... (noms de navires, registres d'embarquements, actes d'état-civil, correspondances, contextualisation historique précise...), tels ceux que la porteuse de cette histoire familiale avait pu trouver ici à Bordeaux lorsqu'elle y fut accueillie et dirigée en archives (départementales et municipales) par l'auteur de ces lignes sur les traces de François Testas il y a dix ans. Et sans oublier, c'est le minimum, le texte intégral du mémoire familial souvent appelé en renfort à défaut de toute preuve, dont une analyse critique s'imposerait, comme pour tout document de ce type. 

Il semblerait bien que ces élémentaires précautions méthodologiques n'aient pas trop pesé sur les réflexions ni embarrassé les décisions enthousiastes de la commission. On ne peut que regretter aujourd'hui que la proposition que nous avions faite alors d'une présentation à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales du travail entrepris à son achèvement n'ait pas reçu un écho positif et donné lieu à une suite concrète qui auraient sans doute permis d'éviter une telle dérive. 

Nous suivrons cette affaire avec attention après avoir en préalable alerté qui de droit. A suivre donc sur ce blog sous peu...

Voir les commentaires

Ces héros discrets que le pouvoir oublie d'honorer au profit des Maréchaux.

5 Décembre 2018, 14:59pm

Publié par jdecauna

Chasseur à pied alpin spécialité mitrailleur (insignes), deux ans de front (brisques bras gauche). Au-dessous, Médaille militaire, dite encore "Légion d'Honneur du sous-officier ou Médaille des Braves, Bijou de la Nation", décernée pour services longs exceptionnels. L'oncle Pierre reçut aussi la Croix de Guerre Etoile de Bronze
Chasseur à pied alpin spécialité mitrailleur (insignes), deux ans de front (brisques bras gauche). Au-dessous, Médaille militaire, dite encore "Légion d'Honneur du sous-officier ou Médaille des Braves, Bijou de la Nation", décernée pour services longs exceptionnels. L'oncle Pierre reçut aussi la Croix de Guerre Etoile de Bronze

Chasseur à pied alpin spécialité mitrailleur (insignes), deux ans de front (brisques bras gauche). Au-dessous, Médaille militaire, dite encore "Légion d'Honneur du sous-officier ou Médaille des Braves, Bijou de la Nation", décernée pour services longs exceptionnels. L'oncle Pierre reçut aussi la Croix de Guerre Etoile de Bronze

Réflexion sur les récentes commémorations de la Grande Guerre. Fragments de Mémoires en cours d'écriture

On l'appellera tout simplement « l'oncle Pierre », grand-oncle en réalité. Aîné de quatre frères et deux sœurs, il était né  et mort à Tartas où je l'ai connu déjà âgé, veuf sans enfants recueilli et hébergé par des parents dans le haut de la ville, non loin du cimetière dont le terrain avait été donné autrefois à la ville par ses aïeux, comme j'avais pu le découvrir avec surprise en consultant les registres de délibération des conseils municipaux à la mairie. Son aïeul à l'époque post révolutionnaire avait été adjoint du maire Buchet après avoir œuvré sous l'Ancien Régime comme syndic de la confrérie de Saint-Martin des Laboureurs tarusates qui l'avaient élu comme représentant à la sénéchaussée, étant l'un des rares savoir lire et écrire, ce qui lui avait valu, entre autres, avec en outre le lourd handicap d'une qualification de « seigneur » de quelques biens ruraux et d'une confortable aisance, d'être dénoncé au Comité de surveillance terroriste de 1793 et par conséquent arrêté, reclus et taxé comme « aristocrate et tiède en la révolution » dans la tour-porte prison de Mont-de-Marsan en compagnie du député Larreyre.

L'oncle Pierre, né dans l'antépénultième année du 19e siècle savait lui aussi lire et écrire (niveau d'instruction noté sur le Livret militaire) comme tous ses aïeux lorsqu'il fut inscrit sous le n° 23 dans la première partie de la liste cantonale. Mais au lieu de posséder des métairies et des moulins, il se contentait de se proclamer boulanger, héritage et savoir-faire acquis, je suppose, de ses parents et grands parents meuniers. C'est en tout cas la qualification qui fut inscrite sur son Livret militaire. Et je me souviens que mon père me racontait que pendant l'occupation durant la dernière guerre, il faisait du pain – pour pas mal de monde sans doute – dans une impasse où personne n'avait le droit de pénétrer, pas plus homme que bête, sous peine d'être chassé comme un chien, à grands coups de pieds dans le derrière. Hormis ce léger travers autoritariste, il était connu comme un homme facétieux, de joyeuse compagnie, ce genre de figure bien répandue autrefois en Chalosse de l'amuseur public, toujours de bonne humeur, qui accompagnait ses multiples blagues de bons jeux de mots sonnants et trébuchants en gascon (on disait « patois » à l'époque), ponctués d'aimables « beroye, praube coche... » ou autres, sans oublier les habituels jurons locaux admiratifs « diu biban, macaréu, hilh de p» qui sont comme la ponctuation de toute intervention. L'une de ses manières favorites était de complimenter avec de grandes démonstrations de respect le porteur de belles chaussures qu'il baptisait immanquablement pour finir son beau discours et compliment d'un long jet de jus noir de sa chique sur l'objet de son admiration prétendue. Ce qui déclenchait immanquablement l'hilarité d'un public habituel de connaisseurs face à l'étranger surpris par la manœuvre. Sa qualité de veuf lui permettait en outre d'entretenir – jusqu'à ses dernier jours – sans grandes objections morales une solide réputation de coureur de jupons, comme cela était de tradition apparemment chez ses aïeux si l'on en croit le portrait du baron de Mugron campé par le Docteur Jean-Claude Mouchès dans Les amants de l'Adour.

Mais il n'était pas difficile de remarquer sous cet aspect jovial bon enfant porteur apparemment d'une certaine légèreté, une finesse assez rare dans un entourages souvent fruste qui se cachait derrière une grande discrétion sur ce qu'il était et qu'il avait vécu, comme ses frères d'ailleurs, sous des formes différentes. Jamais je n'aurais pu imaginer notamment qu'il avait « fait » les deux guerres si la récente commémoration de la Grande Guerre ne m'avait poussé à rechercher – et retrouver – son Livret militaire, qui est d'une longueur inhabituelle et révèle un parcours exceptionnel. Je résume en quelques mots : parti de sa Chalosse natale, il avait rejoint le front du Nord à 19 ans et avait été pris immédiatement dans les combats meurtriers de l'offensive Nivelle dans l'Aisne. Il y avait survécu, s'était signalé par quelques actions d'éclat à la mitrailleuse qui lui valurent la Croix de Guerre et la Médaille Militaire, puis, après avoir occupé la Rhénanie après l'armistice, avait poursuivi sa carrière militaire à Mont-de-Marsan comme instructeur des bataillons sénégalais.

Mobilisé et incorporé le 2 mai 1917 comme simple soldat de 2e classe , ses services comptant du 16 Avril 1917, il part pour le front rejoindre son corps d'affectation, le 144e Régiment d'Infanterie, formé de soldats de la région de Bordeaux, Libourne et Blaye, le 2 Mai 1917 au moment où le régiment se tient dans le secteur de l’Aisne où il vient tout juste d'obtenir, au prix de lourdes pertes lors de l’attaque des Plateaux (Craonne, Chemin des Dames) le 16 avril 1917, sa première citation à l’ordre du 18e Corps d’Armée. C'est ce qu'on a appelé « l'offensive Nivelle » extrêmement coûteuse en hommes (6 000 morts sur 15 000 dans les troupes coloniales de choc du 144e RIC le 16 avril). Il n'a donc pas participé à cette première offensive mais sera présent aux trois attaques qui suivirent au cours desquelles son régiment, aux côtés des troupes coloniales de tirailleurs sénégalais et marocains, gagnera l'honneur de la fourragère : « le 144e RI qui, sous l’énergique impulsion du Lieutenant-colonel Tribalet, a combattu avec vigueur et succès sur les Plateaux d’Hurtebise et de Vauclerc, en particulier le 16 avril, 6 et 7 mai, 6 juin 1917, faisant chaque fois preuve d’une endurance et d’un courage remarquables et enlevant à l’ennemi de nombreux prisonniers ». L'hécatombe s'achèvera le 23 octobre sans résultats tangibles. Il y reste jusqu'au 18 décembre 1917, date à laquelle il passe au 37e Régiment d'infanterie qui est dissous en février 1918.

Après la contre-offensive allemande du 18 juillet 1918 et la seconde bataille de la Marne, il est blessé et évacué de la zone des armées le 7 août 1918, puis plus à l'intérieur le 29 octobre 1918 après avoir été à nouveau blessé lors d'une action d'éclat qui lui vaudra la Croix de Guerre. Etoile de bronze. Le rapport indique qu'il s'était fait « particulièrement remarquer au cours des attaques du 29-10-18, [et avait] été blessé alors qu'il contribuait par des feux nourris de mitrailleuses à l'enlèvement d'un élément fortement défendu ». Passé au 17e Bataillon de Chasseurs à pied le 27 juillet 1919 après l'armistice, il est promu Caporal le 21 septembre 1919, époque à laquelle il sert dans les Pays Rhénans (occupation de la Rhénanie et de la Ruhr à laquelle sera affecté un an plus tard son cadet, Henri-Georges, artilleur) et finalement renvoyé dans ses foyers le 8 juin 1920 après plus de trois ans de service, avec ses décorations, son « certificat de bonne conduite » et, comme il est dit pudiquement sur le Livret son « reliquat de blessures », dont notamment une cicatrice au bras gauche et un doigt estropié qui lui vaudra la reconnaissance d'un petit dédommagement d'invalidité « temporaire », puis « permanente » en 1924, à 10% par la Commission spéciale de réforme de Bayonne du 27 septembre 1920 et celle de Bordeaux en 1926. Les bataillons de Chasseurs à pied étaient composé d'hommes généralement « de petite taille [malgré ses 1m67 déclarés, relativement grands pour l'époque], très vifs et excellents tireurs » aptes à se déplacer très rapidement en tirailleurs dispersés à l'avant des troupes d'infanterie, en profitant des accidents du terrain pour se poster et viser l'ennemi. Chaque bataillon avait sa section de mitrailleuses. Ils étaient célèbres pour leurs insignes en cor de chasse, leur pas de course et leur couleur « bleu jonquille ».

Passé dans la Réserve de l'armée active le 16 avril 1920, il est maintenu en service armé le 1er juin 1920 et réaffecté au 14e Tirailleurs Sénégalais, à Mont-de-Marsan, à compter du 1er janvier 1922, date à laquelle ce régiment vient de s'installer à la caserne Bosquet. Une plaque placée sur la façade de l'actuel musée du 34e RI à l'ancienne caserne Bosquet indique en effet que

« Le 14e Régiment de Tirailleurs Sénégalais a occupé la caserne Bosquet de 1922 à 1939. Cette plaque a été apposée le 1er septembre 1963 par les Anciens du 14e T.T.S. et par les anciens Coloniaux des Landes. En souvenir de leurs camarades français et africains morts pour la France ».

Il est probable que cette affectation, qui doit le satisfaire pleinement, ait été la conséquence logique de sa connaissance de ce corps colonial et de ces hommes qu'il avait côtoyés de près sur les champs de bataille de la première guerre et des ses qualités de chasseur et serveur de mitrailleuse qui lui avaient valu ses premières décorations. Il y est nommé sergent le 1er  juin 1930, puis sergent chef le 1er décembre 1938. On comprend à travers une abréviation 21e Bon et Insteur, qu'il œuvre, avec plaisir et fierté sans doute pendant ces neuf années au titre de sergent instructeur du 21e Bataillon sénégalais.

Mais la seconde guerre mondiale le rattrape et il est « rappelé à l'activité le 1er septembre 1939 » (c'est la mobilisation générale) et affecté au 182e Régiment Régional. Arrivé au corps à Mont-de-Marsan le 5 septembre 1939, il échappe au pire avant la rapide défaite de l'armée française puisqu'il est renvoyé dans ses foyers le 11 novembre 1939 après avoir été le 2 « Classé Affecté Spécial au Tableau 4 Agricole » comme boulanger avec la sibylline mention « (N. De S. 18 Région N. 11.335 MN/I. S'agirait-il de Notre-Dame de Sanilhac en Dordogne ?). Il semble que la dernière date figurant dans ses Etats de services, celle du 11 novembre 44, marque enfin sa libération définitive à 46 ans. Vingt ans plus tard, par décret du 22 juillet 1964 publié le 30 au Journal Officiel, il reçoit à 66 ans la Médaille Militaire… Mais je n'ai pas souvenir qu'une quelconque manifestation officielle ou festivité familiale ait accompagné cette dernière reconnaissance bien méritée. On comprend que de son côté l'oncle Pierre n'ait pas trop tenu à se souvenir de ces épisodes guerriers trop souvent douloureux que la présence dans la maison familiale de son propre père, gazé à Verdun et réformé après guerre en 1920 pour « bronchite chronique et emphysème pulmonaire » (!), avait suffi sans doute à lui rappeler pendant les longues années durant lesquelles il survécut très diminué, fumant des cigarettes à l'eucalyptus pour tout soin, jusqu'à son décès en 1951.

 

 

 

Voir les commentaires