Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Jacques de Cauna Chaire d'Haïti à Bordeaux

Vient de paraître : Le Bulletin du Centre Généalogique des Landes n° 127

25 Février 2019, 10:46am

Publié par jdecauna

Entre Béarn et Chalosse.      Abonnements : christian.lacrouts@wanadoo.fr, ou sur site internet : cglandes.over-blog.com/
Entre Béarn et Chalosse.      Abonnements : christian.lacrouts@wanadoo.fr, ou sur site internet : cglandes.over-blog.com/

Entre Béarn et Chalosse. Abonnements : christian.lacrouts@wanadoo.fr, ou sur site internet : cglandes.over-blog.com/

Une étude inédite de la population de la perle de la Chalosse

Une étude inédite de la population de la perle de la Chalosse

Des documents inédits sur les seigneurs de Tilh et leur succession

Des documents inédits sur les seigneurs de Tilh et leur succession

Vient de paraître : Le Bulletin du Centre Généalogique des Landes n° 127

Voir les commentaires

The many faces of Toussaint Louverture : old mysteries, new discoveries

12 Février 2019, 18:02pm

Publié par jdecauna

Cliquez sur le lien pour télécharger le texte

https://www.fichier-pdf.fr/2019/02/12/tl-many-faces-def-pdf/

Voir les commentaires

Lumières sur Cienfuegos - part. 3 (suite et fin)

7 Février 2019, 09:32am

Publié par jdecauna

Lumières sur Cienfuegos - part. 3 (suite et fin)Lumières sur Cienfuegos - part. 3 (suite et fin)
Lumières sur Cienfuegos - part. 3 (suite et fin)

Le nom maçonnique d'Obernay

Le nom maçonnique de Louis de Clouet, « d'Obernay », nous interpelle enfin. Il n'est pas fortuit et renvoie à un personnage que Louis de Clouet a de toute évidence connu. On voit en effet ce nom apparaître après l'indépendance haïtienne dans le Royaume du Nord du roi noir Henry Christophe Ier où il est dit que « fut implantée par Obernay une maçonnerie fantaisiste de hauts Grades » pendant que dans la République du Sud, le président Pétion, quarteron de père bordelais « autorisait quatre loges d'obédience française à Port-au-Prince, aux Cayes, Jérémie et Jacmel »1. Un ouvrage paru en 1843 précise que « le Frère d'Obernay, qui prenait le titre de Grand-Maître ad vitam de toutes les loges du Mexique, avait été investi de pleins pouvoirs dès le mois de juillet 1819 par le Grand-Orient de France [et] érigea en 1820 plusieurs ateliers du Rite français à Jacmel, Port-au-Prince et ailleurs ». L'auteur se trompe pour ces deux dernières villes, comme on vient de le voir, mais ajoute à juste titre qu'« en 1822, une loge du Rite Ecossais Ancien et Accepté fut aussi établie aux Cayes par le Très Illustre Frère comte Roume de Saint-Laurent. Elle avait pour titre Les Elèves de la Nature et reconnaissait l'autorité du Suprême Conseil de France »2. Il s'agit en réalité du fils mulâtre du Commissaire de la République, Marissé, dit Jacquin (prénom symbolique), Roume de Saint-Laurent, 33e, (Souverain Grand Inspecteur Général)3, qui se rendit ensuite à New York où il se proclama Souverain Grand Commandeur et créa, avec d'anciens membres du Suprême Conseil établi par Joseph Cerneau, un Suprême Conseil Uni pour l'Hémisphère Occidental avant de revenir en France en 1832 pour devenir en 1835 membre actif du Suprême Conseil de France4, pendant que le G.O.D.F. délivrait des patentes au REAA à des loges haïtiennes, La Vraie Gloire à Saint-Marc et Les Philadelphes à Jacmel, ainsi qu'à divers Ateliers Supérieurs.

Malgré quelques approximations donc, ce que met bien en valeur l'auteur de l'Histoire Pittoresque de la Franc-Maçonnerie c'est « l'état d'anarchie de la société » engendré par cette lutte sourde entre le G.O.D.F. et le Suprême Conseil écossais pour le contrôle des hauts grades à laquelle les Frères haïtiens mirent un terme dès la fin de la scission Nord-Sud en se détachant à la fois de la Grande Loge anglaise et du G.O. français pour créer un Grand-Orient national, dit de 1824, sous la protection du Président de la République, le Frère Jean-Pierre Boyer.

On retrouve le Frère Glock, chevalier d'Obernay, le 22 janvier 1820 en Jamaïque, où la loge La Benignité de Kingston reçoit sa visite. Devant les 38 membres, dont 24 portent des noms français, il se dit « Grand-Inspecteur du G.O.D.F. », ayant implanté des ateliers de haut grades à Saint-Domingue, « venu via Londres pour inspecter la loge et savoir si tout était régulier », en offrant d'accorder des constitutions provisoire pour travailler au rite français. Le Vénérable refuse au motif qu'il attend une réponse du G.O. auquel il l'a déjà demandé5. Le nom d'Obernay apparaît enfin dans les annales de la maçonnerie états-unienne où on le trouve sous la forme de « Joseph de Glock D'Obernay » (ailleurs « L.G. d'Obernay », sans doute originaire de la petite ville alsacienne d'Obernai, bien qu'il paraisse né en 1728 en Allemagne, en Bade-Wurtemberg) pour un Frère qui se présente ainsi lui-même en frappant à la porte de la Grande Loge de New York en 1820, diplôme à l'appui, sous la qualité de « Representative of the M. W. [Most Worshipful] the Grand Master of the United Grand Lodge of England to the Grand Lodge of New Spain [Représentant du Très Respectable Grand Maître de la Grande Loge Unie d'Angleterre auprès de la Grande Loge de Nouvelle-Espagne]. Mais reconnu comme « une personne ayant déjà suscité depuis de nombreuses années la défiance des autorités dans sa pratique du Travail » et son diplôme étant soupçonné d'être une forgerie, l'entrée lui fut refusée et le Grand Consistoire américain, établi à New York par Cerneau après son expulsion de Cuba en 1807, finit par le décréter « maçon clandestin » en prévenant la Fraternité contre ses impositions6.

Les chemins de l'indépendance

Un premier élément majeur paraît donc avoir gouverné les fondations maçonnique et civile entreprises par Louis de Clouet en 1818 et 1819. Les rapports en France, et surtout aux Amériques, entre l'Ecossisme et le G.O.D.F. qui gère à partir de 1805 les quatre ordres du Rite français et les dix-huit premiers grades du Rite écossais, avec un grade de Rose-Croix identiques dans les deux rite, avec en contrepartie jusqu'en 1814 un Concordat qui assure au Suprême Conseil du 33e degré en France la souveraineté sur les rites du 19e au 33e degré. Jusqu'à ce que la défection de certains pour créer un Suprême Conseil des Rites (le Grand Directoire du G.O.D.F.) bouleverse cet équilibre et finisse par créer deux puissances maçonniques rivales en France en accordant au G.O. en violation du concordat des passages au 33e degré. Les Chevaliers Princes Rose-Croix ne peuvent alors que se réfugier dans un Conseil de Chevaliers Kadosh, ou un Consistoire du 32e du Rite écossais. Sous Napoléon, avec Cambacérès – à qui le Souverain Grand Commandeur Auguste de Grasse-Tilly a dû bon gré mal gré céder la place – les dignitaires d'Empire prennent les derniers hauts grades écossais (32e, 33e). De même, en Espagne, le roi Joseph-Napoléon premier (le Pepe Botella des Espagnols), comme son frère cadet l'empereur des Français, est favorable à la maçonnerie pendant son court règne (1808-1814) de « roi d'Espagne et de toutes les Amériques », ayant, qui plus est, dès son arrivée au pouvoir, supprimé la redoutable Inquisition.

Mais ces deux puissances métropolitaines lointaines, la française (devenue pour résumer républicaine avec le G.O.) et l'espagnole (bridée par la religion) ont perdu aux Antilles leur prééminence au profit des solutions locales américaines dont le REAA paraît l'expression la plus achevée, en tout cas la plus prisée, dans l'espace caraïbe élargi aux côtes sud et est américaines sus l'influence intellectuelle des très actifs hauts dignitaires dominguois. Ce deuxième élément, plus local, est proprement « américain ».

Comme dans l'île voisine d'Haïti où, à peu près à la même époque, le Basque Jean-Baptiste Charlestéguy, ancien Gardien du temple de La Réunion Désirée, relève en 1823 les loges locales sous un Rite Haïtien indépendant mêlant Rite d'York et REAA, c'est bien un Grand Consistoire de 32e du REAA (ou Suprême Conseil des Souverains Princes du Royal Secret) inspiré en dernier ressort par Cerneau que met en place Louis de Clouet à La Havane en 1818. Instance que le G.O. de France – très affaibli après la chute de Bonaparte et malgré l'efficace protection du comte Elie Decazes – ne pouvait, s'il l'a fait, que ratifier. Et dont émerge par d'Obernay un G.O. territorial hispano-américain qui revendique juridiction sur toute la Nouvelle-Espagne, le Mexique, les Florides et autres provinces du Nord, l'Amérique Centrale et les Îles, Porto-Rico, Santo-Domingo, Cuba... Peu après l'île comptera une soixantaine de loges, dont six à Cienfuegos.

C'est par l'étude approfondie de leurs archives que l'on pourra peut-être mieux éclaircir l'importance de l'action de Louis de Clouet dans ce domaine et ses intentions. Les historiens cubains de Cienfuegos ont commencé à s'y attacher depuis quelques années7. Un dernier point resterait à éclaircir pour ce qui est de la fondation civile de la ville, celui du rituel mis en place par Louis de Clouet dont on ne peut que remarquer que certains aspects rappellent étrangement les rites anciens que nous venons d'évoquer.

 

1 Jacques de Cauna, Quelques aperçus sur l'histoire de la Franc-Maçonnerie en Haïti, communication présentée au G.O.D.F., Revue de la Société Haïtienne d'Histoire et de Géographie, Port-au-Prince, n° 189-190, sept. 1996, p. 20-34, p. 30, et Autour de la thèse du complot. Franc-maçonnerie, révolution et contre-révolution à Saint-Domingue (1789-1791), dans Cécile Révauger (dir.), Franc-maçonnerie et politique au siècle des Lumières : Europe-Amériques, Université Bordeaux 3, Lumières n° 7, 2006, p. 293-314.

2 François-Timoléon-Bègue Clavel, Histoire pittoresque de la Franc-Maçonnerie et des sociétés secrètes anciennes et modernes, Paris, Pagnerre, 1844 (3e édition), p. 18.

3 J. de Cauna, op.cit., p. 28.

4 Gaétan Mentor, Les Fils Noirs de la Veuve, Histoire de la Franc-Maçonnerie en Haïti, Port-au-Prince, Fokal, 2003, p. 22.

5 Elisabeth Escalle, Mariel Gouyon-Guillaume, Francs-Maçons des Loges françaises « aux Amériques », 1770-1850, contribution à l'étude la société créole, préface Emmanuel Leroy Ladurie et Florence de Lussy, chez les auteurs, Paris, 1993.

6 Early history and transactions of the Grand Lodge of free and accepted Masons of the State of New York, 1781-1815, New York, Masonic and Miscellaneous Publishers, p. 201-202, 208.

7 Edouardo Torres Cuevas, Historia de la masoneria cubana, La Habana, Imagen Contemporanea, 1990, réédit. 2005 ; Samuel Sanchez Galves, Héritages perpétuels de la maçonnerie à Cienfuegos 1878-1902 et La Logia masonica cienfueguerra Fernandina de Jagua (1878-1902). Un estudio de caso, REHMLAC, vol. 2, n° &, Mayo-Noviembre 2010, p. 85-92.

 

 

Voir les commentaires

Lumières sur Cienfuegos - part. 2 Cerneau et Les Vertus Théologales

6 Février 2019, 15:56pm

Publié par jdecauna

Lumières sur Cienfuegos - part. 2 Cerneau et Les Vertus ThéologalesLumières sur Cienfuegos - part. 2 Cerneau et Les Vertus Théologales
Lumières sur Cienfuegos - part. 2 Cerneau et Les Vertus Théologales

Cerneau et les Vertus Théologales

La première loge importante de La Havane – que Clouet n'a pu ignorer – a été la loge de l'Ancienne Constitution d'York n° 103, Le Temple des Vertus Théologales, fondée le 17 décembre 1804, avec son chapitre de La Triple Unité reconstitué de Kingston par des Dominguois réfugiés, par un personnage aussi important qu'énigmatique et mal connu (et surtout mal apprécié, pour ne pas dire déprécié) de la Franc-Maçonnerie française d'origine dominguoise : le joaillier Joseph Cerneau, réfugié qui avait tout perdu à la révolution de Saint-Domingue et dont le nom aujourd'hui s'applique encore à un Rite particulier quelque peu marginalisé, le Rite Cerneau1. Il appartint également à un atelier de La Havane appelé Le Temple de la Bienfaisance2. Grand Maître du 25e RE (degré final du Rite Ecossais dit de Perfection d'Etienne Morin, Sublime Prince du Royal Secret) avec Pierre Courroy et Pierre Bauschey selon les registres de la Grande Loge du Missouri, il est le 15 Juillet 1806 à Baracoa où Antoine-Mathieu Dupotet, autre réfugié dominguois devenu Grand-Maître de la Grande Loge de Pennsylvannie, loge-mère de la Grande Loge Provinciale de Saint-Domingue dont Cerneau était Second Surveillant en 1802, le nomme Député Grand Inspecteur du Rite de Perfection pour la partie nord de Cuba. Ces promotions rapides nous étonnent dans la mesure où il n'était encore apparemment que simple membre en 1801 à Port-au-Prince de La Réunion des Cœurs Américains n° 47 de la G.L. de Pennsylvanie, sous la houlette de Germain Hacquet auquel Dupotet succéda. Et plus encore un an plus tôt, en 1800, à Port-au-Prince où il ne figure sur le tableau de La Révérende Loge la Réunion Désirée, loge de hauts grades manifestement écossaise suscitée par la Grande Loge Provinciale, qu'en dernière place sous la mention « apprenti » (mais on sait que plusieurs transfuges durent d'un rite à l'autre accepter de repartir au plus bas pour être régularisés). Alors qu'on le disait déjà en 1789 paraît-il – mais sans référence – « Chevalier de la Sainte Arche Royale » et « Chevalier de la Rose-Croix », titres qui ne correspondent qu'approximativement aux grades de ce qui deviendra plus tard le Rite Ecossais Ancien et Accepté mais ne sont pas toutefois de pure fantaisie puisqu'ils renvoient plus précisément à l'époque, le premier, au 33e degré de l'Ordre des Chevaliers du Temple, Prêtres de la Sainte-Arche Royale, système d'origine irlandaise plutôt qu'écossaise, et le second, au 19e degré du même ordre, Knight Rosae Crucis, qui rappelle aussi ce que sera le Souverain Prince Rose-Croix du REAA au 18e degré. L'un et l'autre référant, de toute manière, à des Maîtres avancés en connaissance et sagesse considérés parfois comme constituant un 4e degré de « Grands Maîtres Ecossais » associés aux systèmes symboliques.

En investissant Cerneau, Dupotet se présente comme :

« Grand Provincial de Saint-Domingue dans le Rit Ancien (depuis 1802)3, Grand Commandeur ou Souverain Président du Très Puissant Grand Conseil des Sublimes Princes du Royal Secret, établi à Port-au-Prince, Île de Saint-Domingue, par patente du 16 Janvier et du 19 Avril, sous le titre distinctif de La Triple Unité ; transférée à Baracoa, Île de Cuba, suite aux événements de la guerre... ».

Dupotet, Vénérable de La Réunion des Cœurs Franco-Américains, forte de 38 membres en 1791, avait reçu sa patente le 15 août 1799 de son prédécesseur, le notaire Germain Hacquet, Député Inspecteur, par lequel on peut remonter la chaîne jusqu'à Henry Andrew Francken, investi par Etienne Morin en 1762 à la Jamaïque, en passant par Saint-Paul, Menessier de Boissy, Lebarbier-Duplessis, Auguste Prévôt et Moses Michaël Hays comme le montre bien le Livre d'Or de Grasse-Tilly qui jette une lumière nouvelle sur ces personnages. La filiation écossaise est très claire.

Il en va de même donc pour le troisième homme, Cerneau, qui figure sur le tableau de la même loge en 1791 et qu'il présente ainsi dans sa patente signée « A Baracoa, Île de Cuba anno 5806, sous le signe du Lion, le 15ème jour du 5ème mois appelé Ab, 7806, de la création 5566, et selon le style vulgaire le 15 de Juillet 1806 » :

« le Très Respectable Grand Élu Chevalier de l’Aigle Noir et Blanc, Joseph Cerneau, Ancien Dignitaire de la Loge n° 47, à l’Orient de Port au Prince, Grand Surveillant de la Loge Provinciale, au même Orient, Vénérable fondateur de la Loge n° 103, selon les Anciennes Constitutions d’York, sous le titre distinctif des Vertus Théologales, à l’Orient de La Havane, Île de Cuba ».

Peu de temps après, en 1807, Cerneau sera expulsé de Cuba sous la qualification de « français et révolutionnaire », précédant de peu les expulsions massives de Français de 1808-1809 et la dispersion de leurs loges. Celles de Santiago, la Réunion et la Concorde, se reconstitueront le 7 octobre 1810 à la Nouvelle-Orléans sous les titres de la Concorde n° 117 et la Persévérance n° 118. La Réunion Désirée, dont Cerneau avait été membre, transportée directement de Port-au-Prince, s'était elle aussi déjà reconstituée à la Nouvelle-Orléans en 1806 avec seulement quinze membres autour de l'avocat Moreau Lislet (elle reviendra bien plus tard en Haïti où on la trouve en 1891 comme Campement de Templiers Kadosh. A la Nouvelle-Orléans, Joseph Cerneau crée en octobre 1807, avec d'autres réfugiés de Cuba, fondateurs du Chapitre Rose-Croix La Triple Bienfaisance, un Grand Conseil de Chefs Suprêmes de la Haute Maçonnerie selon le Rite Ecossais Ancien sous le vocable de Très Puissant Consistoire des Sublimes Princes du Royal Secret. Puis, à New York, le 28 octobre 1808 un Grand Conseil de la Très Sainte Trinité dont Louis Jean Lusson prend la direction le 28 mars 1811 et qui passera en 1812 sous l'autorité du Suprême Conseil de Charleston, ancien Conseil de la Juridiction Sud, nouvellement créé et qui s'intitula ensuite Conseil des Sublimes princes du Royal Secret. Ce Conseil se heurta alors à Cerneau qui avait entre-temps organisé à New York le 27 octobre 1807, avec l'accord du G.O.D.F., le Souverain Grand Consistoire pour les Etats-Unis d'Amérique, ses territoires et Dépendances qui éleva en 1824 le Marquis de La Fayette au 33e et dernier degré, lequel devint ensuite son Grand Représentant auprès du G.O. de France jusqu'à sa mort en 1834, annoncée par le comte de Saint-Laurent (Roume fils, marquis de Santa-Rosa) qui prit sa succession. Ce Suprême Conseil de Cerneau pour les Etats-Unis avait alors des corps subordonnés en Amérique du Sud, au Brésil, au Mexique, en New Jersey, Pensylvannie, Caroline du Sud, Massachussetts, Rhodes Island, Maryland, Cuba, Porto-Rico, etc. Victime de violentes attaques de rivaux, Joseph Cerneau rentra en France en 1827 dans un certain dénuement, porteur d'un certificat de membre d'honneur de la Grande Loge de Cuba qu'il présenta dans trois loges qu'il visita, la dernière en 1846. Son rite, équivalant au REAA, est toujours présent en France et pratiqué par des loges au rite de Memphis-Misraïm, en Haïti et aux Etats-Unis.

Compte tenu de la chronologie de l'arrivée de Laurent de Clouet à La Havane (il aurait quitté la Louisiane lors de sa revente aux Etats-Unis par Bonaparte en 1803) et de sa position maçonnique de 33e reconnue, il est quasiment certain qu'il y a rencontré les Frères de hauts grades de la loge fondée par Cerneau, sinon Cerneau lui-même, et que son action s'inscrit donc bien dans la lignée de l'Ecossisme d'Etienne Morin que le Souverain Grand Commandeur Auguste de Grasse-Tilly, peu après le Dominguois Germain Hacquet, amena de Charleston en France en 1804 sous la forme du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Qui étaient ces Frères de La Havane, sans doute Dominguois pour beaucoup à l'image de Mathieu Dupotet ? Clouet a t-il rencontré, ou retrouvé, aux Etats-Unis Cerneau, membre de la RL L'Etoile Polaire n° 5 de Port-au-Prince reconstituée à la Nouvelle-Orléans, ou Grasse-Tilly, fondateur de La Candeur à Charleston, ou son beau-père Jean-Baptiste Delahogue, Vénérable de la Loge La Charité à la Nouvelle-Orléans dès décembre 1802, ou d'autres Frères écossais de L'Etoile Polaire louisianaise constituée d'anciens membres de la Triple Unité ou de La Réunion Désirée dominguoises ? Seuls les tableaux – que nous ne connaissons pas – de cette première loge écossaise de La Havane et de celles de La Nouvelle-Orléans, Charleston et New York où Cerneau réside après 1807, pourraient nous le dire assurément en nous apportant le document probant, même si l'on peut estimer cette filiation fort probable.

1 Voir notre article à son sujet dans Le Monde maçonnique des Lumières (Europe-Amériques & Colonies). Dictionnaire prosopographique, dir. Charles Porset et Cécile Révauger, Paris, Honoré Champion, 2013, 3 vol., tome I, p. 711-712.

2 André Combes, La Franc-Maçonnerie aux Antilles et en Guyane Française de 1789 à 1848, actes du colloque du Bicentenaire de la Révolution aux Antilles-Guyane, Fort-de-France, UAG, 1986, p.

3 Il s'agit ici de la Grande Loge Provinciale de Saint-Domingue, fondée au Fond-des-Nègres en 1776, transportée au Petit-Goâve en 1789, puis réfugiée à New York en 1797 « en attendant des jours meilleurs », avec demande de reconstitution à l'Orient du Port-Républicain (Port-au-Prince) par Dupotet, Député Grand-Maître de la Loge de Pennsylvannie, au moment de l'expédition Leclerc en 1802, restée sans réponse du G.O. de France.

Voir les commentaires