Cuba et l'Aquitaine. Histoire d'une émigration.
Paul Lafargue, créole bordelais né à Santiago de Cuba le 15 janvier 1842. Il se définissait lui-même comme métis de trois peuples opprimées : Juifs, Noirs, Indiens.
Pour en savoir plus, venez assister à l'interview de Jacques de Cauna par Christophe Lucet dans le cadre du Festival du Film d'Histoire de Pessac,
le Dimanche 24 Novembre à 14h 30, au cinéma Jean-Eustache, 3e étage (Table Ronde avec le journal Sud-Ouest).
Bordelais et Aquitains à Cuba. Cuba en Aquitaine.
Les troubles consécutifs à l'insurrection des esclaves de Saint-Domingue (actuelle Haïti) en 1791 jetèrent en exil dans les îles et terres voisines de la Caraïbe pendant une quinzaine d'années de nombreux Aquitains, Gascons, Basques et Béarnais, qui représentaient le principal groupe régional de l'ancienne colonie antillaise devenue indépendante en 1804. Dans la partie orientale de l'île voisine de Cuba surtout, le courant d'émigration aquitaine, initié par de grands chefs fondateurs, soutenu par de puissants réseaux et alimenté par la tradition, persista durant toute la première moitié du 19e siècle.
Un Béarnais, Prudent de Casamajor, ancien gérant de sucreries devenu négociant, fut par son activité l’agent général, l’homme d’affaires, le conseiller et même le banquier de cette colonie de réfugiés. Il débuta dans la spéculation en achetant à bas prix dans les hauteurs de Santiago des terres en friches difficiles d'accès que l’on pouvait croire incultes mais qu’il fit prospérer en les cédant à des compatriotes par petits lots pour l'installation de caféières (cafetals) et en les reliant par un réseau de routes dont la principale est toujours connue sous le nom de Camino frances. Le poète Jose-Maria de Heredia est l'un de ses nombreux parents cubains.
On vient aussi de redécouvrir récemment que l'une des plus grandes villes de Cuba, Cienfuegos, avait été fondée en 1819 par des Bordelais, conduits par le Franco-Louisianais Louis de Clouet. Paul Lafargue, né à Santiago, immortel auteur du Droit à la Paresse, gendre de Karl Marx et fondateur du Parti Ouvrier français, était fils d'un mulâtre bordelais propriétaire d'une maison rue Naujac et d'un domaine à Sallebeuf. Quant au Charentais François-Régis de La Valade du Repaire de Truffin, il devint sous le nom de Regino Truffin, à la tête de dix-sept sucreries, l'une des plus grandes fortunes sucrières de l'île, première productrice mondiale.
Ces Aquitains, méconnus dans leur région d'origine, restent des personnages majeurs de l'histoire et du patrimoine cubains.