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16 avril 2024 2 16 /04 /avril /2024 17:04
Isaac Louverture_ Dadah Adjahouto Dodo II. L'héritage © Reine Aïdji 2024.

Isaac Louverture_ Dadah Adjahouto Dodo II. L'héritage © Reine Aïdji 2024.

Toussaint Louverture Day Celebrated in the Presence of the Great Historian Jacques de Cauna.

Press release of The Royal Chamber and The University of the  State Of the African Diaspora  (SOAD) from Benin.

Communiqué de presse à retrouver sur le site du SOAD en quatre langues : anglais, français, espagnol, portugais.

Communiqué de Presse

La Journée Toussaint Louverture célébrée en présence du grand historien Jacques de Cauna. 

La Reine Aïdji, Ministre du Patrimoine, chargée des Journées Nationales de SOAD, a lancé la Journée Toussaint Louverture en présence de son Excellence le Premier Ministre Dr Louis-Georges Tin et de son Excellence le Président du Parlement, Melvin Brown.

L’invité d’honneur était le professeur Jacques de Cauna, historien, ancien diplomate dans les Caraïbes pendant vingt-cinq ans, puis chargé des relations internationales au cabinet du recteur de l’Académie de Bordeaux, professeur honoraire aux universités d’État d’Haïti et de Pau et des Pays de l’Adour, ancien directeur du Centre de recherche historique de l’Institut français d’Haïti. Il est Commandeur de l’ordre national Honneur et Mérite de la République d’Haïti, Officier des Palmes Académiques, médaillé du Ministère des Anciens Combattants et de la ville de La Rochelle pour ses activités patrimoniales.

La cérémonie commémorait donc la mort de Toussaint Louverture, le 7 avril 1803, décédé au Fort-de-Joux dans le Doubs où Napoléon Bonaparte l’avait déporté sans jugement. Ayant fait sur le sujet des recherches approfondies, la Reine Aïdji a rappelé les véritables origines de Toussaint Louverture, qui se trouvent à Allada, au Bénin. Sa grand-mère avait été enlevée à la famille Aïzo et emmenée comme esclave en Haïti. Il en est de même pour d’autres membres de la famille lorsque, en 1724, le royaume d’Abomey prend possession d’Allada. C’est à cette époque que le père de Toussaint Louverture, ministre du roi tué à la guerre, fut déporté avec tous les captifs vers Haïti.

Le professeur de Cauna a été ravi d’apprendre la partie africaine de l’histoire de Toussaint. Il a lui-même développé la vie privée de Toussaint, en mettant l’accent sur sa formation, sa famille, ses relations sociales, et même sa descendance, qui se retrouve aujourd’hui en Afrique, en Europe et dans les Amériques. M. de Cauna a également un fait important, le rôle actif de Toussaint dans l’insurrection des esclaves à Bois-Caïman. En effet, à côté de la cérémonie vaudou, il y a eu une rencontre politique, à laquelle il a grandement participé, et c’est là qu’ont été jetées les bases de ce qui allait devenir la Révolution Haïtienne. Cet exposé passionnant a été accompagné d’illustrations, qui ont rendu l’exposé particulièrement captivant. Toutes ses recherches ont été publiées dans plusieurs livres importants, et notamment à Bordeaux, Editions Sud-Ouest, Toussaint-Louverture, le Grand Précurseur.

 A la fin de la rencontre, la Reine Aïdji a tenu à indiquer que des actions sont prévues pour poursuivre l’héritage de Toussaint Louverture. En effet, la Chambre Royale a décidé de faire des villages dans les royaumes, et dans celui de Dadah Adjahouto Dodo, Empereur des Aïzos, région d’où venait la famille de Toussaint, deux maisons seront dédiées aux vies de Toussaint Louverture et de Dessalines, pères de la nation haïtienne. Dans un autre village, une Maison pour Haïti sera construite, ce qui sera une autre façon de renforcer les liens entre l’Afrique et la Diaspora.

 

 

 

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5 avril 2024 5 05 /04 /avril /2024 13:14
Une invitation en provenance du Bénin

Une invitation en provenance du Bénin

 
Queen Aïdji, Minister of Historical Legacy for  SOAD,
invites you to a Zoom meeting to commemorate
Toussaint Louverture
On April 6th 24
At 5 pm London Time
  6:00 PM Paris time

Our Guest of Honor will be Professor, Historian J. de Cauna.
The title of his presentation is "Toussaint Louverture. Le Grand
Précurseur".

Other guests :
Dadah Adjahouto Dodo
The Leadership of SOAD

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28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 11:21
Extrait du bulletin Ville de Bordeaux Patrimoine Mondial Avril-Juin 2024

Extrait du bulletin Ville de Bordeaux Patrimoine Mondial Avril-Juin 2024

Ma découverte de ce portrait à Bordeaux en 2020 et les aléas qui en ont retardé et amoindri l'importante révélation au public, ont déjà fait l'objet d'articles sur ce blog auxquels je renvoie. La présentation du portrait qui est faite à la page 54 du bulletin officiel évoqué ci-dessus (voir photo ) par les Amis du Musée est précédée dans l'édito par l'extrait qui suit en copie intégrale (page 3) :

"Le musée accueille aussi, en mai, une série de propositions liées à la commémoration de l'abolition de la traite et de l'esclavage, dans le cadre des journées de la mémoire. L'occasion de présenter pour la 1ère fois un portrait inédit, acquis grâce aux Amis du musée, d'Isaac Louverture, fils du héros de la révolution de Saint-Domingue."

Le portrait figure également dans l'annonce/agenda présentée à la page 17 des "Journées de la mémoire", qui est accompagnée des mentions suivantes : "Date et horaire à venir (voir site internet du musée) : Découverte et présentation du tableau d'Isaac Louverture. Plus de renseignements p. 54" [le Musée aurait-il l'intention d'inviter l'"inventeur" du tableau ? Il n'en paraît rien à ce jour où rien ne m'a été demandé.], et au-dessous : "Portrait présumé d'Isaac Louverture, Oscar Gué, Ecole française du XIXe siècle, env. 1863". 

Ce qu'il convient de rectifier en plusieurs points, d'après les indications que j'ai fournies depuis ma découverte et identification du portrait en mars 2020  et qui ont été abondamment développées dans mon ouvrage sur le sujet, à savoir : 

- Le portrait n'est pas "inédit" puisque j'ai été amené à le présenter à plusieurs reprises depuis 2020 (voir sur ce blog, article de presse Sud-Ouest 2022, deux présentations au Musée d'Aquitaine lui-même en 2022-23, au château de Caumale et dans un ouvrage particulier, 2023..., etc. etc.).

- La date n'est pas "env. 1863", qui a seulement  été présentée par mes soins comme "terminus ante quem" en raison d'un détail matériel du cadrage. Il faut vraisemblablement l'avancer à "avant 1854", date du décès d'Isaac.

- Pour "Oscar Gué" comme auteur, c'est une déduction de probabilité - et non une certitude  d'attribution - que j'ai suggérée pour des raisons exposées publiquement et reprises dans mon ouvrage.

- On s'obstine enfin, contre toute vraisemblance, à qualifier ce portrait de "présumé" sans avoir lu attentivement l'ouvrage en question.

A cas où la présentation du tableau ne se ferait pas comme il se doit dans des conditions normales (je n'ai pas été contacté à ce jour pour cela, pas plus que pour l'exposition permanente sur l'esclavage à laquelle j'ai plus que largement contribué), je ne peux que conseiller aux personnes intéressées par les informations historiques de première main la lecture  de l'ouvrage que je lui ai consacré (ainsi qu'aux autres membres de la famille dans le Sud-Ouest et à leurs représentations) :

"Toussaint Louverture, Bordeaux et l'Aquitaine. Histoire, famille, mémoire", Les Anneaux de la Mémoire, 2023, 78 pages, 75 illustrations (disponible dans les limites d'une édition réduite, par message de commande à passer auprès de l'auteur sur ce blog au tarif de 10E. + frais de port).

 

 

 

 

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25 mars 2024 1 25 /03 /mars /2024 11:36

Vient de paraître : Bulletin du CGL n° 137, 2023

Bulletin n° 137 du Centre Généalogique des Landes

Bulletin du Centre Généalogique des Landes. La Grande Recherche des usurpateurs de noblesse.
Bulletin du Centre Généalogique des Landes. La Grande Recherche des usurpateurs de noblesse.

Bulletin du Centre Généalogique des Landes. La Grande Recherche des usurpateurs de noblesse.

Bulletin unique n°137

Année 2023

 

SOMMAIRE

 

Comment fut menée la grande recherche sur la noblesse dans les Landes, par Jacques de Cauna..2042 

Vieilles familles de Tartas - les Corados de Marcillac, par Christian Lacrouts ..............2052 

Magescq en Marensin - généalogie Bousquet, une branche 

de la généalogie de Marie Stella Pivert, par Christian Lacrouts..............................2054 

Les cafés gascons à Tartas (Daous cops), par Christian Lacrouts..............................2056 

Informations scientifiques et culturelles, par Jacques de Cauna .............................2060 

Questions-réponses, recherches en cours, par Jacques de Cauna ...............................2066

 

 

Les textes et généalogies publiés dans ce bulletin sont sous la responsabilité seule de leurs auteurs.

Toute reproduction, même partielle, ne pourra se faire sans leur consentement préalable.

Centre Généalogique des Landes. Association loi 1901. JO du 26 août 1987

Tirage du bulletin : 50 exemplaires

Impression : SARL IMPRESSIONS - ANGLET

 

2041 Centre Généalogique des Landes

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12 mars 2024 2 12 /03 /mars /2024 15:23
Château de Caupenne. Fragment de pierre armoriée.
Château de Caupenne. Fragment de pierre armoriée.

Château de Caupenne. Fragment de pierre armoriée.

L'énigme du château de Caupenne. Une pierre armoriée découverte sur le  perron. 

 

On ne connaît pas de document probant indiquant clairement la date de construction de l’actuel château de Caupenne. c’est une importante lacune historique qui laisse la place à des interprétations fantaisistes dans de nombreux écrits, parfois même officiels.

Il ne faut pas oublier, pour commencer, qu’il y a eu deux châteaux de Caupenne dans l’histoire. Le château primitif, une forteresse féodale en pierre, se situait sur la droite de la route menant à l’actuel quartier et église de Saint-Laurent, au lieu-dit Castet Bieilh (l’actuel bourg de Caupenne n’en était au Moyen-Age que la succursale, phénomène d’inversion semblable à celui que l’on peut observer entre Saint-Aubin et le hameau de Poyaler où subsistent la tour et quelques pans de murs du château féodal et de son enceinte). Il n’en subsiste que des vestiges de murs et soubassements engloutis dans la végétation et la terre de la motte subsistante en contrebas de la route.

C’est cette forteresse féodale qui fut détruite à l’époque des guerres de Religion, sans doute lors du grand raid de Mongomery en 1569 sur les biens de Chalosse et Marsan des familles catholiques de Poyloault, Cauna, Caupenne, Monluc alliées entre elles par le mariage de Marguerite de Caupenne et du capitaine Peyrot de Monluc, fils du maréchal Blaise auteur des célèbres Commentaires. Les troubles de ces guerres ne cessèrent qu’en 1622. En 1577, Marguerite de Caupenne se plaint encore de ne pouvoir se déplacer depuis son château de Cauna, où elle résidait en permanence, pour l’ouverture du testament du maréchal à Condom. Elle décéda après 1588, dernière trace écrite, et son fils, Jean-Blaise de Monluc, prématurément, au siège d’Ardres en 1596. La veuve en secondes noces de ce dernier, Marguerite de Balaguier de Monsalèz, épousa le 4 septembre 1603 Bertrand de Saint-Paul de Ricault de Vignoles-Lahire, petit-fils de Marie de Cauna. La succession de la branche aînée de la maison de Caupenne, héritière des celles de Cauna et Poyloault, déjà bien embrouillée, passe ensuite par mariage aux Lauzières, marquis de Thémines-Cardaillac, et ensuite aux ducs d’Estrées, puis de Ventadour, qui vivent à la Cour, dont la célèbre duchesse de Ventadour, gouvernante des Enfants de France, avec parallèlement, des procès de revendication de puissantes branches cadettes locales issues des quatre autres filles du vieux baron Etienne de Cauna, les Montaut-Bénac-Navailles, les Andoins, les Gramont… On dit même que sa Majesté le Roi-Soleil y fut intéressée.

Quoiqu’il en soit, le 21 mai 1664, c’est la dame duchesse de Ventadour, Marie de La Guiche de Saint-Géran, veuve du duc de Ventadour, qui présente son Aveu et Dénombrement dans lequel figure le bien de Caupenne. Elle héritait de la première épouse de son mari, Charles de Lévy, duc de Ventadour, la dame Suzanne de Thémines Monluc dernière du sang de la ligne aînée des Cauna Poyloault Caupenne. De ce dénombrement, 29 articles détaillent les biens et droits de la baronnie de Caupenne, à la suite de celle de Cauna, Mauco, Mugron, Poyaler, Aurice, Lagastet, Souprosse, Toulouzette et autres…, et ses dépendances de Poyloault, Larbey, Bergouey, Lahosse et moulin de Clauson, Couhin, Caufourn, caverie de Hon et Carbonnière, Brassempouy, Saint-Laurent de Lié, Lahontan, moulin noble de la Gouaugue, métairie noble et chapelle de Saint-Jean du Bosc…, etc. collationnés pour la Cour des aides de Guyenne le 4 mai 1718 à la demande de Bernard de Cès, acquéreur depuis le 25 septembre 1706 de cette dernière parte des immenses biens des Ventadour qui comprenaient également quatre autres baronnies dont celles de Poy-sur-Aqs, Buglose, Gourbera, Herm, Thétieu, etc... et celle de Magescq.

Le dernier héritier, le duc d’Estrées, avait cédé ces droits le 11 septembre 1695 à Jean Bonnet, sieur de la Caubane, qui devint le baron Bonnet de Cauna avant que son fils Pierre ne les cèdent par vente en 1699 au concierge du palais royal des Tuileries, Michel de Clinchamps, prête-nom d’un consortium de grands personnages de la Cour et d’hommes d’affaires, parmi lequel aurait même figuré le Roi Soleil, Sa Majesté Louis XIV. Caupenne fut alors revendu le 25 Septembre 1706 à Bernard de Cès, écuyer, conseiller du Roi, seigneur d’Horsarrieu, fils d’un juge de Doazit, qui prit ainsi le titre de baron et le nom de Cès-Caupenne. La baronnie de Cauna avait été revendue de la même manière le 28 juin 1706 à Christophe de Cabannes, qui devint baron et se fit appeler de Cabannes de Cauna, et celle de Pouy le 30 juin 1705 aux Lazaristes, qui s’intitulèrent aussi barons et fondateurs de Buglose à la suite de Suzanne de Thémines-Monluc.

Ce n’est donc qu’à partir de cette date de 1706 que l’on peut envisager un réemploi de cette pierre aux armes des de Cès-Caupenne. Mais alors à quelle date faudrait-il situer la première destruction de ce château du bourg, sachant qu’après les guerre de Religion, trop anciennes pour les de Cès, les seuls autres troubles locaux de grande ampleur dans la région sont ceux de la Fronde des Princes de 1650 à 1654 marqués par la prise et destruction à cette dernière date du château de Cauna, à l’exception de la tour carrée féodale ? Trop tôt aussi pour les de Cès se situe chronologiquement l’épisode de la gabelle avec d’Audigeos qui, de toute manière, n’a pas amené de destructions systématiques de châteaux.

Il ne reste donc, pour tirer au clair la date de construction du château neuf du bourg de Caupenne que le recours aux éventuels dénombrements effectués après le dernier connu en date, celui de la dame de Saint-Géran, duchesse de Ventadour en 1664.

Pour finir, le seul élément nouveau certain pour l’instant est la présence, à côté de deux pierres du perron numérotées 23 et 24 (ce qui paraît indiquer un réemploi réfléchi d’éléments antérieurs détruits et correspondrait donc bien à la tradition évoquée d’une reconstruction), d’une troisième pierre armoriée sur laquelle on distingue un fragment de blason qui est un écartelé dont seul apparaît très clairement le quatrième parti (ou quartier), en bas à droite, sur lequel apparaissent deux meubles qui sont de toute évidence deux chiens courants l’un sur l’autre (ici, clairement, des « braques » plutôt que « lévriers», qui sont les deux termes convenant en héraldique, le lévrier état plus fin et élancé). Et au-dessus un fragment du parti supérieur, le 3e, en haut à droite, difficilement lisible. On ne peut rie présager des couleurs état donné que le graveur n’a pas utilisés les points et traits (verticaux, horizontaux, en diagonales) d’usage en la matière.

On aurait pu penser dans un premier temps aux lévriers bien connus de l’ancienne maison de Poudenx (puisque Léonard de Caupenne d’Amou avait épousé en 1703 Rose de Poudenx), mais la confrontation aux armes des de Cès d’Horsarrieu s’avère décisive et correspond parfaitement à ce que l’on peut présumer sans crainte d’erreur du 4e parti de l’écartelé qui en fait partie. Ces armes dûment répertoriées par les armoriaux sont celles de Bernard de Cès, conseiller du Roi, Vice-Sénéchal de Lannes, Baron de Caupenne, etc., alias de Cès-Caupenne, Guyenne, Poyloaüt, Lahosse, Larbey, Saint-Laurent, Ossages, Agest, Horsarrieu, etc..., en Chalosse, Lannes, Dax, Saint-Sever... Écartelé, aux 1 et 4, de gueules, à deux chiens d'argent, courant l'un sur l'autre, au 2, d'argent, à une fasce ondée de gueules, au 3, d'azur, au chevron d'or.

Du coup, s’éclaire ainsi le 2e parti quasi illisible car on peut discerner sans trop craindre de se tromper la fasce ondée correspondante. Une « face » héraldique étant en effet une partition central horizontale entre le haut et le bas de l’écu (le « chef » et la « pointe »), en forme de barre d’une épaisseur double ou triple. Et l’onde héraldique faisant référence à ce quii peut suggérer un éléme,t liquide e, forme de vague ou sinuosité, ce qui est bien le cas ici.

On peut donc aisément dessiner une reconstruction complète de ce blason en rajoutant simplement le denier quartier marquant 3, c’est-à-dire un chevron - V renversé, voyez Citroën ou le blason de Capbreton). Et en utilisant bien sur les couleurs correspondants aux noms héraldiques : aux 1 et 4, fond rouge (de gueules), chiens blancs (d’argent),comme le fond du 2, avec barre à une sinuosité rouge, et fond bleu (d’azur) à chevron jaune (d’or) au 3.

J’ai lu quelque part que ce blason figurait au dessus de la porte d’entrée, ce qui renforce l’idée d’une destruction et réutilisation de la pierre. Viollet-le-Duc nous dirait tout de suite de le refaire graver selon les règles dans la pierre… mais auparavant, il me semble plus sage de reconstituer complètement les transmission successorales et/ou achats.

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21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 18:45
Les coulisses de l’esclavage en Afrique
Les coulisses de l’esclavage en Afrique

Les coulisses de l’esclavage en Afrique. Acteurs et réseaux africains des traites négrières

Cette conférence proposée par le CM 98 (Comité pour la marche du 23 mai 1998) dans le cadre des activités de son université populaire, s’est déroulée le samedi 16 décembre 2023 à la Sorbonne. Thomas Vernet-Habasque, spécialiste des l’Afrique orientale et du Swahili, a abordé un sujet beaucoup moins bien connu, pour ne pas dire totalement méconnu, du grand public uniquement focalisé sur le contexte de la traite européenne alors que l’élément beaucoup plus complexe et essentiel du rôle des acteurs et réseaux de l’esclavage africain, et par conséquent de son implication première dans les traites négrières entre le VIIIe siècle et le début du XXe siècle, est complètement ignoré, malgré quelques travaux d’historiens, notamment pour le professeur Thomas ceux du canadien Paul Lovejoy (Tranformations in Slavery. A history of African Slavery, 2000), commencés ponctuellement dans les années 1980 et auxquels il me paraît important personnellement d’ajouter ceux, plus anciens, d’auteurs français complètement oubliés, Hubert Deschamps (Histoire de la Traite des Noirs de l’Antiquité à nos jours, Fayard, 1972) et le Père François Renault, Lavigerie, l’esclavage africaine et l’Europe, 1971. Sans oublier, du même avec Serge Daget, Les Traites négrières en Afrique, Karthala, 1985, dont je fus le seul historien d’origine bordelaise (avec le regretté archiviste Jean Cavignac, alors que je vivais, moi-même en Haïti) à avoir la primeur de la présentation au premier grand Colloque international sur la traite des Noirs organisé en France, par l’Université de Nantes en l’occurrence, en 1985. Colloque où Jean Cavignac avait présenté une synthèse de La Traite bordelaise, alors qu’il m’avait paru également utile, pour ma part, bien avant l’intérêt soudain de certains militants, de communiquer sur l’Etat sanitaire des esclaves et politique en matière de population sur une grande sucrerie de saint-Domingue, l’habitation Fleuriau de Bellevue, 1777-1788 (publié dans les actes du colloque, De la Traite à l'Esclavage..., par Serge Daget, CRHMA et Société Française d'Histoire d'Outre-Mer, Nantes, 1988).

Le premier intérêt de cette conférence a donc été de décentrer notre regard uniquement européen, en l’ouvrant à l’Afrique et en partie au monde arabo-musulman, cette histoire mettant en lumière comment, sur plusieurs siècles, des millions d'Africains furent déportés dans le cadre du commerce d'esclaves organisé par les acteurs locaux depuis l'Afrique sub-saharienne. Pour reprendre au plus près le résumé qui a été fait de cette présentation par les organisateurs, il a bien été montré comment – je cite – « ce commerce diversifié répondait aux besoins du monde arabe, méditerranéen, du bassin de l'océan Indien, de la péninsule ibérique, et autres sociétés esclavagistes ailleurs [et pas seulement en Amérique coloniale, NDLR]. Le point central de la conférence est [a été] l'examen des réseaux locaux en Afrique qui alimentaient ce trafic. Alors que l'esclavage était courant dans certaines sociétés africaines, l'implication dans le commerce à longue distance a amené certains groupes sociaux [et notamment les élite gouvernantes, NDLR] à répondre efficacement à la demande extérieure. Le conférencier a souligné comment la « production » de captifs et les routes commerciales étaient contrôlées par des acteurs historiques locaux, qui en bénéficiaient économiquement. Cette perspective souvent méconnue sur la traite négrière africaine a été mise en avant, soulignant l'importance de comprendre les dynamiques internes de l'Afrique dans ce commerce tragique. La conférence a été une occasion précieuse de mettre en lumière ces aspects moins discutés de l'histoire de la traite négrière ».

Il faut remercier le conférencier et les organisateurs avoir ainsi levé l’occultation régnante de manière scientifique, tant on connaît le mal que le militantisme fait à la recherche. Il a été question pour une fois du rôle actif, dès le début, des Africains dans une traite interne de 12 siècle, ses réseaux (arabo-musulmans), ses routes (portuaires, notamment Zanzibar, terrestres par caravanes, de 10 à 50 % de mortalités), ses méthodes (les razzias), ses sociétés responsables (les grands empires et autres pouvoirs locaux aux logiques expansionnistes, cartes à l’appui) à la fois victimes et productrices, ses discours de légitimation religieuse et morale (des cannibales, des infidèles, des barbares à islamiser…), son impact démographique (au moins 17 millions de captifs pour les traites arabo-musulmanes et 14 millions pour les traites intra-africaines, à ajouter aux 11 millions évalués pour les traites avec les européens)1. Il était bon également de rappeler la position précaire et la fragilité des positions européennes dans les forts côtiers, entièrement soumis, non autorisés à s’étendre à l’intérieur, décimées par la maladie.

Face à l’occultation par manque de sources, j’ai posé par écrit la question qui m’a paru primordiale : existe-t-il dans les pays concernés une volonté de reconnaissance affichée, des encouragements institutionnalisés à la recherche, des réparations auprès des populations les plus gravement touchées ?

1 Pour plus de précisions, voir mon rapport au Comité de réflexion sur la traite des Noirs à Bordeaux intégralement publié dans J. de Cauna, Fleuriau, La Rochelle et l’esclavage. Trente-cinq ans de mémoire et d’histoire, Paris, Les Indes Savantes, 2017, p. 225-240.

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23 décembre 2023 6 23 /12 /décembre /2023 17:16
Tableau retrouvé au château de Marsan

Tableau retrouvé au château de Marsan

Qui pourrait apporter des précisions sur ce tableau ancien longtemps resté à l'abandon dans le grenier d'un vieux château et sur lequel nous ne disposons pas d'éléments d'identification ?

Sauf erreur de ma part, il agit d'une mise au tombeau...

On voit bien à droite un ecclésiastique, de haut rang apparemment si l'on se fie à sa tenue recherchée, et au second plan son aide assistant, plus discret, de noir vêtu. Le personnage central est-il un mousquetaire tué en duel, un comédien, un lutteur de foire peut-être compte tenu de sa carrure et de sa musculature ?

Ces hypothèses, si l'on tient compte des interdits moraux de l'époque, pourraient expliquer pourquoi la scène se place en nocturne dans un cimetière quasi abandonné...

Manifestement, l'ecclésiastique a amené avec lui un coffret de voyage que l'on voit posé à ses pieds, contenant les objets liturgiques nécessaires à une cérémonie que l'Eglise refusait à certains.  Mais on ne saisit pas bien ce que représentent les objets qui sont déposés au pied du défunt à gauche : masque ? sacoche contenant des manuscrits ? Et quel est ce visage en miniature apparaissant sur le haut de son pantalon qu'il paraît tenir dans sa main gauche ?

Un dernier détail au bas du tableau : sur une pierre sombre ou un tronc d'arbre abattu, on croit lire, en lettres capitales gravées : FENELON. Qu'est-ce que cela peut bien vouloir signifier... ? Le personnage central à la fine moustache ne peut de toute évidence représenter l'archevêque François de Salignac de La Mothe-Fénelon, mort en 1715 à Cambrai.

On eut se demander enfin comment et pourquoi ce mystérieux tableau a pu être amené à figurer dans un château des bords de la Garonne ayant appartenu aux descendants de la grande maison des vicomtes de Marsan...

Un appel aux historiens de l'art est lancé.

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8 décembre 2023 5 08 /12 /décembre /2023 15:57
Mémoire de l’Esclavage et militantisme mémoriel émotionnel. L’exemple à ne pas suivre.

Mémoire de l’Esclavage et militantisme mémoriel émotionnel. L’exemple à ne pas suivre.

Ou quand l’émotion prend le pas sur la raison…, le sensationnalisme sur la vérité…, l’idéologie sur les faits…, l’activisme sur l’analyse…, la protestation sur l’argumentation…, l’agressivité sur la sagesse…, le négatif sur le positif…, etc... etc., en deux mots, quand la manipulation politique prend le pas sur la connaissance historique.

Qu’ajouter à l’article paru dans le Canard enchaîné ?

Le lourd et coûteux naufrage du musée de la traite et de l’esclavage guadeloupéen, pompeusement baptisé à l’actuelle mode aglo-saxonne MACTe ou Mémorial ACTe et inauguré par le Président de la République en Mai 2015, ne présente aucun caractère de surprise pour les historiens qui, depuis longtemps, avaient attiré l’attention sur les risques encourus par une « institution culturelle [prétendument] dédiée à l'histoire, au patrimoine et à la mémoire de la traite négrière, de l'esclavage et de ses abolitions », selon sa propre auto-désignation. Cette catastrophe annoncée rejoint ainsi avec quelque retard celle du Mémorial de l’abolition de l’esclavage inauguré le 25 mars 2012 à Nantes qui se vante encore aujourd’hui d’être « unique au monde », et, en tout état de cause « le seul lieu de mémoire dédié à l’esclavage en France métropolitaine », selon le discours de célébration de son 10e anniversaire de 2022. Alors que la primeur revenait sans conteste au musée du Nouveau-Monde de La Rochelle inauguré en 1982 avec une salle d’accueil consacrée à Haïti pour laquelle j’avais eu carte blanche, suivi plus tard en 2009 de l’inauguration des salles du Musée d’Aquitaine dont celle, centrale, de L’Eldorado des Aquitains, titre de mon ouvrage de 1998, consacrée au monde de la plantation esclavagiste.

On a pu lire sur ce blog nos diverses réactions successives aux nombreux avatars des tentatives de récupération effectuées sur ces deux musées à la suite du succès rencontré depuis leur ouverture, processus sur lequel la municipalité de La Rochelle est largement revenue tout récemment (voir sur ce blog) pendant que le Musée d’Aquitaine, toujours en proie, en raison de son retard initial, à des errements sur lesquels nous avons attiré sans réponse à ce jour l’attention, n’a pas encore effectué l’ultime étape de son purgatoire. On notera toutefois que jusqu’ici ni l’un ni l’autre n’ont débouché sur un gouffre financier et de désaffection semblable à ceux que vivent la Guadeloupe et Nantes, bien au contraire.

On retiendra surtout, dans ce que les médias ont voulu qualifier de débat mémoire-histoire, que les historiens avaient immédiatement et très clairement exposé et dénoncé les risques engendrés par la confusion mentale constamment entretenue, hors de toute analyse sérieuse, dans des réponses inappropriées à l’appel à l’émotion à la faveur de l’activité militante de groupuscules minoritaires agressifs relayés par des politiques laxistes imaginant pouvoir jouer la carte de la bien-pensance à peu de frais.

Le résultat est là… Est-ce bien le chemin qu’on veut s’obstiner à suivre à Bordeaux en dépit de tous les avertissement reçus ?

On ne nous parle plus de mémorial, ni même de Musée, mais d’une Maison de l’Esclavage qui, finalement, ressemble curieusement – en première apparence seulement, mais on peut avoir des doutes sur le sérieux du fond – le projet scientifique et social de Centre International d’Accueil et de Recherche sur les Esclavages et la Colonisation (CIAREC), théorisé à l’issue d’un quart de siècles d’activités diplomatiques dans la Caraïbe à l’occasion de mon Habilitation à diriger les Recherches soutenue à l’Université des Antilles et de la Guyane (Fort-de-France) en 1993, et présenté à la Mairie de Bordeaux dès mon retour en 1994 et plus formellement le 3 janvier 2006 à l’occasion des travaux de la Commission municipale sur la traite et l’esclavage à laquelle j’avais été convié à participer par le Maire M. Hugues Martin, commission qui fut à l’origine de la création des salles du Musée d’Aquitaine. Projet présenté à nouveau à diverses reprises entre le 29 avril 2009 et le 23 avril 2023 sans autre résultat qu’une absence totale de réponse.

Trop sérieux et sûr… Il devait y manquer le parfum de l’aventure !

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26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 18:05
Les Pères de la Patrie, par Rose-Marie Desruisseau, 1984. Toussaint Louverture, Alexandre Sabès dit Pétion, Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe

Les Pères de la Patrie, par Rose-Marie Desruisseau, 1984. Toussaint Louverture, Alexandre Sabès dit Pétion, Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe

Haïti à l’honneur. Comprendre et reconstruire.

La Chaire d’Haïti à Bordeaux a été invitée à participer à deux important colloques internationaux qui se sont tenus la semaine dernière à Port-au-Prince et Bordeaux.

Le premier, Contribution d'Haïti à l’émancipation des peuples (Lutte globale contre l’esclavage et la colonisation), organisé à l’initiative du Professeur Kenrick Demesvar par la Chaire Unesco en Histoire et Patrimoine (CUHP) de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et l’Institut d’Etudes et de Recherches Africaines d’Haïti (IERAH-UEH), s’est tenu du 14 au 16 novembre 2023 en présentiel et en visio-conférence, sous la direction du professeur Watson Denis, et a réuni une trentaine d’intervenants et de communications.

Et le second, Failles haïtiennes, organisé par l’anthropologue Alice Corbet, chargée de Recherches CNRS, en deux journées d’études les 15 et 16 novembre, tenues à Sciences-Po, Université de Bordeaux, dans le cadre du Laboratoire Les Afriques dans le Monde (LAM) avec le concours de l’ANR Osmose dirigée par le géologue géo-physicien Eric Calais, professeur et directeur de l’Institut des Sciences de la Terre de l' Académie des Sciences.

Ont été présentées, au titre de la Chaire d’Haïti à Bordeaux (Ciresc, CNRS), par Jacques de Cauna, Universités de Pau (laboratoire ITEM) et de Bordeaux Montesquieu (Horizons Caribéens, programme scientifique pluridisciplinaire transversal, IRM EA 7434) :

- au colloque de l’Université d’État d’Haïti à Port-au-Prince, une communication intitulée L’exportation de la Révolution haïtienne : un impact oublié.

- et aux Journées d’Etudes de Bordeaux Sciences Po, Failles haïtiennes : La faille libertaire. Bâtir l’Etat sur l’individu. Nouveaux Libres et nouveaux dirigeants.

En voici les résumés.

L’exportation de la Révolution haïtienne : un impact oublié

L’histoire de l’exportation des idées révolutionnaires et républicaines dans la Caraïbe et l’Amérique Latine à partir de Saint-Domingue-Haïti reste à écrire. Elle commence très tôt avec le soulèvement des esclaves du Nord en 1791 de Saint-Domingue et l’on en trouve des traces importantes durant tout le XIXe siècle, de la proclamation de l’indépendance d’Haïti en 1804 à la fin de la guerre de Sécession aux Etats-Unis en 1864 en passant par les indépendances hispaniques des nations issues de la désintégration de l’Empire espagnol de l’Amérique latine dans les années 1808 à 1825. Sans oublier son apport ultérieur jusqu’au milieu du XXe siècle à l’essor des mouvement intellectuels et sociaux du Pan-Africanisme et de la Négritude.

On connaît bien généralement l’aide directe apportée à Miranda et Bolivar notamment, un peu moins, de manière paradoxale, celle aboutissant plus tard à la décolonisation des voisins dominicains et cubains. Et encore moins l’impact universel du modèle haïtien sur les idéaux libertaires d’émancipation, en particulier en Amérique. Il faut rappeler également le rôle de terre d’asile joué par Haïti pour un grand nombre de citoyens européens victimes d’ostracisme dans leur pays d’origine, de Billaud-Varenne et Camille Desmoulins aux Grecs et aux Juifs en passant par les Polonais de l’expédition Leclerc.

L’ensemble devrait conduire à une réévaluation des études haïtiennes dans une optique atlantique élargie.

La faille libertaire. Bâtir l’Etat sur l’individu. Nouveaux Libres et nouveaux dirigeants

Au-delà de l’aspect purement scientifique et universitaire, c’est bien évidemment l’espoir que les analyses et réflexions échangées ici pourront alimenter concrètement l’espoir toujours vivace d’une sortie vers le haut, reconstruction, renaissance ou refondation, d’un pays qui ne cesse de s’enfoncer dans une tragique spirale destructive incompatible avec la dignité et la grandeur de son passé de première république noire du monde.

La faille sismique a réveillé l’obsédante et prégnante permanence de toutes les autres : sociologique, écologique, économique, historique, ou simplement humaine.

Pour tenter d’y voir plus clair, il m’a semblé opportun de les regrouper en trois points : la faille géologique initiale comme révélatrice, une évidente faille sociale d’une permanence apparemment insoluble, une faille d’ordre ontologique décisive qui n’est pas celle qu’on croit.

« Liberté ou la mort », « L’union fait la force », « Tout moun se moun »… Au-delà des constats de méconnaissance généralisée, de dualité sociale et des mots d’ordre, devises et dictons proclamés de part et d’autre, le vrai obstacle structurel, c’est le rejet viscéral, par une anti-culture antagoniste, de la culture du progrès « développeur » proposé par l’économie libérale moderne qui avait abouti aux excès monstrueux de l’esclavage. L’objectif massivement non formulé est finalement celui d’une société post-capitaliste de la « contre-plantation ».

La liberté délivre de l’oppression externe mais c’est l’égalité qui met en place un anti-système. Il s’agit bien de l’égalité fondamentale, celle de la reconnaissance de la qualité d’homme, acquise dans la violence fondatrice. Reste à créer, non contre mais à côté de l’État, une société nouvelle en adéquation reposant sur le surplus d’âme de l’individu haïtien. Seule solution : le rapprochement des deux cultures, bossale et créole, par une éducation égalitaire. Ecoute et patience s’imposent.

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28 septembre 2023 4 28 /09 /septembre /2023 08:59
Pr. Abel Kouvouama, Docteur d'Etat, Officier des Palmes Académiques, Professeur émérite de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour

Pr. Abel Kouvouama, Docteur d'Etat, Officier des Palmes Académiques, Professeur émérite de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour

Conférence internationale de l’AISLF à l’Université Eduardo Mondlane de Maputo (Mozambique) le 26 septembre 2023

C’est à l’invitation de mon ami et ancien collègue à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, Abel Kouvouama, relayée par notre laboratoire ITEM (Identités, Territoires, Expressions, Mobilités), que je dois d’avoir pu participer en visio-conférence à cette très intéressante rencontre organisée par l’AISLF (Association Internationale des Anthropologues de Langue Française).

Venu à Paris comme boursier de l’ancien Oubangui-Chari (Centre-Afrique) soutenir deux doctorats, en anthropologie sociale (Paris V Descartes, 1979), puis en philosophie sociale et prospective politique (Paris IV Sorbonne, 1982), Abel a été longtemps enseignant-chercheur à Brazzaville et invité dans de nombreuses institutions françaises, avant de soutenir en tant que Maître de conférences associé auprès de Pierre Bourdieu au Collège de France en 2000 un doctorat d’Etat ès Lettres et Sciences Humaines qui l’amena finalement comme professeur titulaire en 2002 à l’Université de Pau où il devint membre du Conseil d'Administration et doyen. Il est aujourd’hui professeur émérite des universités, Officier des Palmes Académiques et animateur de plusieurs instances scientifiques françaises et internationales.

L’objectif, parfaitement atteint dans la plus grande clarté, était essentiellement de rendre compte, en partant de son exceptionnelle trajectoire intellectuelle, de l’expérience scientifique de travail qu’il connut aux côtés de Pierre Bourdieu dont il s’agissait de mieux comprendre le contenu de l’approche sociologique visant à « découvrir le social au cœur de l’individuel » à travers des concepts tels que l’habitus, le champ, le capital, la violence, la symbolique, etc., et de l’internationalisation de sa réflexion épistémologique sur les Sciences Sociales entre théorie, terrain et pratiques.

Sans entrer dans le détail de l’analyse qui serait trop long ici, il en ressort, selon l’expression même de Bourdieu que la pratique de la sociologie est « un sport de combat » profondément ancré dans le relationnel au-delà de l’individuel narcissique. Fort par ailleurs sur ce point d’une expérience ancienne de militant syndical étudiant, le professeur Kouvouama a brillamment utilisé ces armes conceptuelles pour analyser, entre autres, l’évolution de l’Afrique Centrale dans sa temporalité longue, de la période esclavagiste à la période coloniale puis post-coloniale, une matrice historique marquée par l’antagonisme classique domination/contestation aboutissant à des sociétés à historicités discontinues dans le télescopage des logiques imposées et naturelles, externes et endogènes. Il conclut fort justement que la question la plus importante reste celle de l’autonomie du sujet rationnel défini par sa subjectivité face à d’autres tout aussi libres dans la jouissance de leurs droits fondamentaux. Ce qui n’est pas évident entre langue de bois et palabre démocratique en politique...

Cette approche – trop rapidement résumée ici – m’a paru, et ce fut l’objet de mon intervention in fine sous forme de question, susceptible d’être d’une très grande utilité dans l’application que l’on pourrait en faire à l’épouvantable tragédie que connaît actuellement le peuple haïtien au quotidien face à la disparition de l’État de droit. En tenant compte naturellement des spécificités propres à l’histoire d’Haïti, telles, notamment, que l’existence d’une temporalité amérindienne libre antérieure, celle que l’on retrouve magnifiée dans les paradis terrestres de la peinture haïtienne. Sans oublier le vaudou, les flibustiers, le marronnage, les diasporas africaines, créoles dominguoises, haïtiennes, et autres particularités propres au pays… En tout état de cause, un rapprochement scientifique de l’Université d’Etat d’Haïti avec l’AISLF me paraît dans un premier temps une suggestion tout à fait raisonnable.

J’ai également signalé à ce sujet les prochaines journées d’études d’études que tiendra à Bordeaux le laboratoire LAM (Les Afriques dans le Monde) les 16 et 17 novembre sur la thématique des Failles haïtiennes auxquelles participera une autre collègue et amie haïtienne de longue date, la romancière Yannick Lahens, forte d’une grande expérience d’encadrement à l’Institut Pédagogique National (IPN) à l’époque de la réforme Bernard en Haïti.

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