Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Jacques de Cauna Chaire d'Haïti à Bordeaux

Cuba au Festival International du Film d'Histoire de Pessac

6 Janvier 2020, 14:47pm

Publié par jdecauna

Le château de Lestapis à Mont au temps de sa splendeurLe château de Lestapis à Mont au temps de sa splendeur

Le château de Lestapis à Mont au temps de sa splendeur

"Des Aquitains à Cuba, des Chiliens à Pessac", c'est avec ce titre quelque peu éclectique que l'animateur Christophe Lucet, grand reporter au journal Sud-Ouest, et les intervenants ont dû composer pour mener à bien une table-ronde dans laquelle histoire et actualité militante s'entrecroisaient dans la présentation de deux émigrations aux caractères fort différents, chronologiquement et spatialement très éloignées. Il a fallu à l'animateur déployer des trésors d'ingéniosité pour assurer des transitions convenables entre ces deux thématiques bien éloignées et disparates. Ce qui fut fait apparemment avec le plus grand bonheur puisque, malgré tout - y compris l'arrivée d'un intervenant supplémentaire de dernière minute pour la partie chilienne - le public fort nombreux, plus d'une centaine de personnes, salle comble, manifesta son intérêt par  une attention soutenue et de fort pertinentes questions. 

On trouvera ci-dessous un texte résumé avec renvois à quelques références destiné à satisfaire les éventuelles demandes d'informations complémentaires concernant la partie qui nous était dévolue.

                  Bordelais et Aquitains à Cuba. Cuba en Aquitaine.

 

                                     par Jacques de Cauna, docteur d’État (Sorbonne)

Les troubles consécutifs à l'insurrection des esclaves de Saint-Domingue (actuelle Haïti) en 1791 jetèrent en exil dans les îles et terres voisines de la Caraïbe pendant une quinzaine d'années de nombreux Aquitains, Gascons, Basques et Béarnais, qui représentaient le principal groupe régional de l'ancienne colonie antillaise devenue indépendante en 1804. Dans la partie orientale de l'île voisine de Cuba, surtout, le courant d'émigration aquitaine, initié par de grands chefs fondateurs, soutenu par de puissants réseaux et alimenté par la tradition, persista durant toute la première moitié du 19e siècle1.

    Un Béarnais, Prudent de Casamajor, ancien gérant de sucreries devenu négociant, fut par son activité l’agent général, l’homme d’affaires, le conseiller et même le banquier de cette colonie de réfugiés. Il débuta dans la spéculation en achetant à bas prix dans les hauteurs de Santiago des terres en friches difficiles d'accès que l’on pouvait croire incultes mais qu’il fit prospérer en les cédant à des compatriotes par petits lots pour l'installation de caféières (cafetals) et en les reliant par un réseau de routes dont la principale est toujours connue sous le nom de Camino frances. Le grand poète parnassien Jose-Maria de Heredia, fils et époux de françaises, est l'un de ses nombreux parents cubains par l’intermédiaire de la famille Dufourcq de Membrède, dont la belle maison subsiste à Arthez-de-Béarn dans la Carrère (la rue principale)2. Les membres de la famille Heredia et leurs proches résidèrent longuement à Arcachon, de 1911 à 1949, dans les belles villas de la Ville d’hiver. On y trouve une Allée José Maria de Heredia, une Allée Gérard d’Houville, du nom de plume de sa fille Marie et une Rue Henri de Régnier, du nom du poète son mari. Deux tantes Girard du poète avaient épousé des Béarnais, Eugène de Ribeaux d’Orthez, et Joseph de Dufourcq, d’Arthez, qui achetèrent en commun avec son père trois caféteries dont l’une, nommé significativement la Fraternidad, vient de faire l’objet d’une importante restauration patrimoniale. A son apogée, dans les années 1840-1860, la production cubaine de café fut multipliée par quarante. Il y eut ainsi près de deux-cents cafetals françaises dans les hauteurs de la Sierra Maestra, entre Santiago, Guantanamo et Baracoa où avaient débarqué les premiers réfugiés de l’île toute proche d’Haïti, à 70 kilomètres par la Passe du Vent. Un arrière courant d’émigration française, aquitaine et surtout béarnaise, se développa dans la première moitié du 19e siècle au départ de Bordeaux où furent délivrés cinq mille passeports pour Cuba, dix fois moins que pour Saint-Domingue au 18e siècle et trente fois moins que pour la Plata plus tard.

Parallèlement au café puis au sucre, s’était développées dans les années de la révolution haïtienne et à leur suite d’intenses activités de course, voire de piraterie, qui multiplièrent par quatre le trafic maritime cubain et où s’illustrèrent notamment les Aquitains de l’entourage des frères Laffite, Pierre, fondateur de la famille cubaine des Laffita, et Jean, le dernier roi des flibustiers à Barataria dans les inextricables bayous de l’estuaire du Mississipi. Dominque You, leur canonnier charentais défendit victorieusement an 1812 Baracoa contre les Anglais, Beluche devint par la suite l’amiral de Bolivar au Venezuela, et Jean Laffite sauva La Nouvelle-Orléans de la reconquête anglaise en 1815 avant de s’installer sur l’île de Galveston à la suite du commodore Aury, dans le golfe du Mexique où il aurait perdu la vie après avoir, selon la légende, financé la publication du Capital de Karl Marx. Il y a sans doute là confusion avec Paul Lafargue car on sait aujourd’hui qu’il décéda en réalité dans un combat naval sur la côte nord de Cuba. Paul Lafargue, né à Santiago de Cuba en 1842 et inhumé au Père Lachaise, fondateur avec Jules Guesde du Parti Ouvrier français et immortel auteur du Droit à la Paresse et de la célèbre formule « Faut-il perdre sa vie à la gagner ? », était en effet le gendre de Karl Marx, ayant épousé sa fille Laura avec qui il se suicida au cyanure à 70 ans en 1911 pour ne pas vieillir outrageusement. Se présentant comme issu de trois peuples opprimés, les Noirs, les Juifs (sépharades bordelais par sa mère, une Armaignac) et les Indiens, il était fils d'un mulâtre bordelais marchand d’oranges à la Nouvelle-Orléans et propriétaire d'une maison rue Naujac et d'un domaine à Sallebeuf.

Bien moins connu mais tout aussi attachant et son prédécesseur fut le délicat poète romantique béarnais né à Santiago d’une famille arthézienne parente de Casamajor, Hippolyte Daudinot, qui se suicida lui aussi à 70 ans, en 1894, en son domicile de la rue du Palais-Gallien à Bordeaux.

De belles demeures béarnaises témoignent en retour de ces fortunes béarnaises réalisées à Cuba dans le café ou le sucre, comme le château de Mont, près d’Orthez, à la famille de Lestapis. Non loin de là, en Gascogne, à Escalans, dernière commune de l’Armagnac landais avant le Gers, l’antique château de Caumale – racheté et restauré avec l’argent de ses caféières cubaines par Joseph (José) Delisle, créole réfugié de Saint-Domingue d’une famille de Labastide d’Armagnac, et son épouse bordelaise et dominguoise Pauline-Catherine Duverger, décédée à Caudéran en 1861 accueillit sa famille à partir de 1830 et conserve ses archives. L’édifice reste marqué aujourd’hui par la présence de Catarina-Ygnacia de la Merced Delisle, née à Santiago et dite Nathalie en famille, qui y épousa le marquis de Cumont, de la famille charentaise des seigneurs de Chantemerlière à Contré3.

On vient aussi de redécouvrir récemment que l'une des plus grandes villes de Cuba, Cienfuegos, avait été fondée en 1819 par des Bordelais, conduits par le Franco-Louisianais Louis de Clouet. officier espagnol et homme d’affaires bordelais, acquéreur des vestiges de l’ancien château de Puy-Paulin puis palais de l’Intendance, qui fut aussi bien à l’origine de la fondation de la banque de Bordeaux que du premier chapitre maçonnique de hauts grades écossais de Cuba, le Temple des Vertus théologales, fondé à la Havane en 1818. L’un de ses fils s’allia dans la grande famille de négociants bordelais des Journu-Auber de Saint-Magne dont la descendante réside encore aujourd’hui dans la tour de l’Intendance. Parmi ces premiers fondateurs de Cienfuegos, le Béarnais Andres Dorticos y Cassou succéda au fils de Louis de Clouet comme gouverneur et maria sa fille Teresa au milliardaire Tomas Terry. Leurs enfants, acquéreurs du château de Chenonceaux, sont à l’origine d’une prestigieuse postérité dans les familles des comtes de Castellane, des princes de La Tour d’Auvergne Lauraguais, des Faucigny-Lucinge, de Noailles, Sauvage de Brantes (dont Madame Giscard d’Estaing)... Dorticos fut aussi l’ancêtre du premier président de la Révolution cubaine en 1959, le juriste Osvaldo Dorticos Torrado.

Quant au Charentais d’origine périgourdine François-Régis de La Valade du Repaire de Truffin, il devint sous son nom cubain de Regino Truffin, à la tête de dix-sept sucreries, l'une des plus grandes fortunes sucrières de l'île, première productrice mondiale. Président de la Chambre franco-cubaine de Commerce et de nombreux Clubs et institutions havanaises, Consul impérial de Russie, honoré de deux ordres prestigieux par le Tsar, il sauva de l’exécution par la police espagnole des combattants russes de la guerre de libération cubaine en les exfiltrant vers les Etats-Unis, et s’attira les éloges dithyrambiques de nos autorités diplomatiques au titre de première fortune française de l’île pour sa remarquable réussite économique et financière avant que ses descendants ne soient malencontreusement déchus de la nationalité française pour avoir possédé des esclaves après 1848, date de notre dernière, définitive et tardive abolition.

Ces Aquitains méconnus dans leur région d'origine restent des personnages majeurs de l'histoire et du patrimoine cubains. Leurs traces en Aquitaine et outre-Atlantique nous rappellent que notre région a été de loin la première pour l’émigration française, particulièrement vers les Amériques, et que cet important phénomène démographique, qui n’est pas uniquement le fruit de la misère comme on se plaît à l’imaginer trop souvent, mériterait une meilleure attention sur ses multiples causes, conditions et manifestations. Ou, si l’on préfère, une vision plus largement ouverte.   

 

1Voir Jacques de Cauna, L’Eldorado des Aquitains. Gascons, Basques et Béarnais aux Îles d’Amérique, 17e-18e s., Biarritz, Atlantica, 1998.

2 Id., « La maison Dufourcq à Arthez, les seigneurs de Lescun, Corisande d’Andoins et Cuba », Revue de Pau et du Béarn, 42-2015, p. 59-77.

3 Id., « Les Delisle, Duverger, Préval…, familles franco-dominguoises et cubaines dans la correspondance de Caumale », Bulletin du Centre Généalogique des Landes, 109-110, 1er trim. 2014, p. 1490-1494.

Voir les commentaires

La revue haïtienne qui nous vient du Québec

2 Janvier 2020, 16:45pm

Publié par jdecauna

652 pages et 33 articles d'histoire d'Haïti par les meilleurs spécialistes.

652 pages et 33 articles d'histoire d'Haïti par les meilleurs spécialistes.

La revue haïtienne qui nous vient du Québec
La revue haïtienne qui nous vient du Québec

Voir les commentaires

Congrès 2019 de la Fédération des Académies de Gascogne

8 Décembre 2019, 16:01pm

Publié par jdecauna

Marie de Régnier, née de Heredia, alias Gérard d'Houville

Marie de Régnier, née de Heredia, alias Gérard d'Houville

Cuba et l'Aquitaine. Interactions patrimoniales et mémorielles

C'est sur ce thème que s'est tenu le samedi 12 octobre 2019 le Ve congrès de la Fédération des Académies de Gascogne (FAG) à Escalans (40310) au château de Caumale, nouveau siège de la Fédération, en collaboration avec le Centre Généalogique des Landes. La thématique retenue était, dans le droit fil des travaux universitaires et des rencontres associatives qui ont marqué l'année : Cuba et l'Aquitaine. Interactions patrimoniales et mémorielles, sous la présidence du professeur Jacques de Cauna, Docteur d’État de la Sorbonne, chercheur associé au Ciresc (Cnrs/Ehess), Commandeur de l'Ordre national Honneur et Mérite de la République d'Haïti. Et à l'invitation des châtelains, Mme Geneviève Fabre, vice-présidente, et Monsieur Pierre Fabre, secrétaire perpétuel de la FAG, qui ont accueilli les participants à partir de 11 h pour la traditionnelle visite du château dont la collection coloniale et gasconne s'est encore enrichie, et un élégant déjeuner fort apprécié dans la grande salle aux colonnes.

Après la projection du film documentaire de Bernard Bonnin et Francis Lambert : De Bordeaux à Cuba. Une aventure oubliée, le public put poser ses questions aux réalisateurs et aux intervenants présents. Alexandre de La Cerda, Maître ès Jeux Floraux de l'Académie de Toulouse, membre d'honneur fondateur de la FAG, consul de Russie à Biarritz, chevalier de l'Ordre Hospitalier de Saint-Gabriel, évoqua la famille de Louis de Clouet, fondateur de Cienfuegos, et ses descendants actuels, ainsi que leurs amis navarrais, les Dihigo. Denis Blanchard-Dignac, président honoraire de l'Académie du Bassin d'Arcachon, Vice-Président fondateur de la FAG, homme de Lettres, parla des séjours prolongés de la famille du poète José-Maria de Heredia, ses filles notamment, à Arcachon. Les professeurs Pierre Force, de la grande université américaine Columbia University à New-York, président honoraire du département de Français et Doyen de la Faculté des Sciences Humaines, et Jacques de Cauna (ITEM, Université de Pau), président fondateur de la FAG, professeur honoraire des universités de Pau et d’Haïti, ancien directeur du Centre de Recherches Historiques de l’Institut Français d’Haïti, évoquèrent respectivement les familles Lamerenx d'Uhart-Juzon et Lafourcade, de La Bastide-Clairence à Cuba, pour le premier, et, pour le second, la présence aquitaine, et notamment béarnaise à Cuba, avec les familles de Casamajor (de Sauveterre), de Dufourcq (maison d'Arthez-de-Béarn), de Lestapis (château de Mont), Dorticos (acquéreurs du château de Chenonceau)… et, bien sûr, les créoles gascons de Labastide d'Armagnac, les Delisle, alliés aux Duverger, de Bordeaux, et acquéreurs du château de Caumale grâce aux revenus de leurs caféières cubaines de l'Oriente.

Parmi les académiciens présents dans le public, on notait en particulier M. Dominique Sentagnes, de l'Académie nationale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, industriel, chef d’entreprise, ancien président du conseil d’administration du port autonome de Bordeaux et fondateur du Musée d'Histoire Maritime, et Me Bernard Dupin, notaire honoraire, de l'Académie de Béarn. De nombreuses autres personnalités retenues par des engagements antérieurs s'étaient excusées, parmi lesquelles SE M l'Ambassadeur de Cuba en France, notre consœur et amie la romancière Dominique Bona, de l'Académie française, auteure notamment du Manuscrit de Port-Ebène (prix Renaudot 1998, inspiré d’Au Temps des Isles à Sucre de J. de Cauna) et d'une biographie des sœurs Heredia (Les Yeux Noirs, J.C. Lattès, 1989), M. Roger Grévoul, Président de France-Cuba Coopération, Mme Michèle Nahon, présidente de la Société Martinès de Pasqually, de Bordeaux.

Créée le 23 décembre 2011 par déclaration préfectorale publiée au Journal Officiel du 31 sous le n° 493, p. 5881, la Fédération (FAG) se mobilise au service des sociétés savantes actives autour de la constatation de l'urgence pour la sauvegarde d'une identité culturelle régionale gravement menacée de disparition. Elle se distingue résolument des modèles anciens par son objectif et sa méthode qui consiste essentiellement en une mise en réseau opérationnel – pour l'entraide et la réponse scientifique et culturelle rapide – des académies, sociétés savantes et centres d'études, associations et personnes ressources connues pour la qualité de leurs travaux et désireuses de les partager et de les faire connaître notamment par l'optimisation que peuvent apporter les nouvelles technologies de la communication. L'adhésion, gratuite, est simplement soumise à cooptation et les réunions présentielles répondent uniquement aux impératifs de convivialité à l'initiative des membres.

C'est ainsi que le congrès fondateur s'est tenu en 2014 au Tir-au-Vol d'Arcachon à l'initiative de l'Académie du Bassin. Il réunissait une centaine de personnes représentant environ quatre-vingt associations. Le siège, à l'origine à l'hôtel de Baleste à La Teste-de-Buch est aujourd'hui à Escalans en plein cœur de la Gascogne. L'entraide, les échanges et les réponses aux demandes des membres du réseau se poursuivent sous les formes les plus diverses : présentation du film de Ghislaine Graillet, Cuba, la mémoire retrouvée, retraçant la saga de ses aïeux béarnais après avoir fui la révolution de Saint-Domingue vers Cuba, présentation au public bordelais avec l'AQAF (Association Québec Amérique francophone) de l'écrivain haïtien Dany Laferrière, reçu au fauteuil n° 2 de l'Académie française, celui du grand Montesquieu, collaborations avec nos voisins de GHF (Généalogie et Histoire des Familles, Bayonne) et du CGSO (Centre Généalogique du Sud-Ouest)1 interventions sur les Gascons en Louisiane et à la Nouvelle-Orléans, à Cuba, à Saint-Domingue, participations à de nombreux colloques… etc.

1 Voir le Bulletin du Centre Généalogique des Landes, n° 119-120, 3e et 4e trim. 2016, p.1742.

 

 

Voir les commentaires

Vient de paraître : Bulletin de la Société Martinès de Pasqually, n° 29, 2019

5 Décembre 2019, 15:42pm

Publié par jdecauna

Un très riche sommaire et de nouvelles avancées de la recherche pour une lecture toujours stimulante.

Un très riche sommaire et de nouvelles avancées de la recherche pour une lecture toujours stimulante.

Vient de paraître : Bulletin de la Société Martinès de Pasqually, n° 29, 2019

Lecture recommandée, société d'études soutenue par la Fédération des Académies de Gascogne. Version papier ou  PDF accessible aux adhérents. Anciens numéros disponibles.

Demandes à faire auprès du secrétariat de la Société à l'adresse SMDP.Bx33@gmail.com.

Voir les commentaires

Cuba et l'Aquitaine. Histoire d'une émigration.

23 Novembre 2019, 09:48am

Publié par jdecauna

Paul Lafargue, créole bordelais né à Santiago de Cuba le 15 janvier 1842. Il se définissait lui-même comme métis de trois peuples opprimées : Juifs, Noirs, Indiens.

Paul Lafargue, créole bordelais né à Santiago de Cuba le 15 janvier 1842. Il se définissait lui-même comme métis de trois peuples opprimées : Juifs, Noirs, Indiens.

Il avait épousé Laura Marx et se suicida avec elle à Draveil. Il avait épousé Laura Marx et se suicida avec elle à Draveil.

Il avait épousé Laura Marx et se suicida avec elle à Draveil.

Pour en savoir plus, venez assister à l'interview de Jacques de Cauna par Christophe Lucet dans le cadre du Festival du Film d'Histoire de Pessac,

le Dimanche 24 Novembre à 14h 30, au cinéma Jean-Eustache, 3e étage (Table Ronde avec le journal Sud-Ouest). 

    Bordelais et Aquitains à Cuba. Cuba en Aquitaine.

    Les troubles consécutifs à l'insurrection des esclaves de Saint-Domingue (actuelle Haïti) en 1791 jetèrent en exil dans les îles et terres voisines de la Caraïbe pendant une quinzaine d'années de nombreux Aquitains, Gascons, Basques et Béarnais, qui représentaient le principal groupe régional de l'ancienne colonie antillaise devenue indépendante en 1804. Dans la partie orientale de l'île voisine de Cuba surtout, le courant d'émigration aquitaine, initié par de grands chefs fondateurs, soutenu par de puissants réseaux et alimenté par la tradition, persista durant toute la première moitié du 19e siècle.

    Un Béarnais, Prudent de Casamajor, ancien gérant de sucreries devenu négociant, fut par son activité l’agent général, l’homme d’affaires, le conseiller et même le banquier de cette colonie de réfugiés. Il débuta dans la spéculation en achetant à bas prix dans les hauteurs de Santiago des terres en friches difficiles d'accès que l’on pouvait croire incultes mais qu’il fit prospérer en les cédant à des compatriotes par petits lots pour l'installation de caféières (cafetals) et en les reliant par un réseau de routes dont la principale est toujours connue sous le nom de Camino frances. Le poète Jose-Maria de Heredia est l'un de ses nombreux parents cubains.

   On vient aussi de redécouvrir récemment que l'une des plus grandes villes de Cuba, Cienfuegos, avait été fondée en 1819 par des Bordelais, conduits par le Franco-Louisianais Louis de Clouet. Paul Lafargue, né à Santiago, immortel auteur du Droit à la Paresse, gendre de Karl Marx et fondateur du Parti Ouvrier français, était fils d'un mulâtre bordelais propriétaire d'une maison rue Naujac et d'un domaine à Sallebeuf. Quant au Charentais François-Régis de La Valade du Repaire de Truffin, il devint sous le nom de Regino Truffin, à la tête de dix-sept sucreries, l'une des plus grandes fortunes sucrières de l'île, première productrice mondiale.

    Ces Aquitains, méconnus dans leur région d'origine, restent des personnages majeurs de l'histoire et du patrimoine cubains.

Voir les commentaires

La Fayette en Touraine. Château de Fontenay-Isoré : patrimoine, restauration, identification d'armoiries

8 Novembre 2019, 15:35pm

Publié par jdecauna

Fontenay-Isoré est le beau nom de ce joli petit manoir de Touraine du XVe siècle chargé d'histoire, classé à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques et magnifiquement restauré par son actuel châtelain, Florent Louet, en un gîte pour onze personnes bénéficiant de tout le confort moderne ( avec spa et sauna) à proximité des grands châteaux de la Loire. Son propriétaire, féru d'histoire, nous a consulté pour une interprétation d'armoiries figurant sur la clé de voûte de la chapelle qui en dépendait, aujourd'hui église de Saint-Bauld.

Fontenay-Isoré est le beau nom de ce joli petit manoir de Touraine du XVe siècle chargé d'histoire, classé à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques et magnifiquement restauré par son actuel châtelain, Florent Louet, en un gîte pour onze personnes bénéficiant de tout le confort moderne ( avec spa et sauna) à proximité des grands châteaux de la Loire. Son propriétaire, féru d'histoire, nous a consulté pour une interprétation d'armoiries figurant sur la clé de voûte de la chapelle qui en dépendait, aujourd'hui église de Saint-Bauld.

Cet ancien fief relevant de la Tour-Isoré et du château de Sennevières nous ramène curieusement vers les Amériques. Il appartenait en effet 1789  au grand homme de la guerre d'indépendance américaine, le fameux Paul-Yves-Roche-Gilbert du Mottier, marquis de la Fayette, major général des armées des États-Unis d’Amérique, seigneur baron du Fau-Reignac, seigneur de Fontenay-Isoré, et à son cousin Jacques-Henri-Hugues de Lusignan-Lezay.

Edifié au XVe siècle pour sa partie la plus ancienne dont subsistent de la forteresse d'origine rectangulaire l'une des quatre tours cylindriques avec machicoulis et corbeaux, un pan de mur d'enceinte et des douves, il avait pour seigneur en 1547, François Isoré (ou Ysoré), chevalier,puis en 1551, Antoine Isoré, en 1580, un autre François Isoré, et en 1592, Anne-Diane Isoré, femme de Jean de Comacre, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, avantagée par testament par sa mère, ce qui nous a permis d'identifier les armoiries des clés de voûte de la chapelle du bourg voisin de Saint-Paul comme étant celles, déformées, des Cantineau de Comacre : d'argent à trois molettes d'éperon de sable accompagnées en chef d'un lambel du même, couplées à celles d'Isoré : d'argent à deux fasces d'azur. Et de dater ainsi entre 1564 (mariage de Diane et Jean de Comacre) et 1571 (mariage de Louise, sa soeur aînée, héritière de Fontenay-Isoré, avec François de Vonnes) l'apposition de ces armoiries dans l'église.

Le manoir était à l'abandon depuis les années 50 et vient d'être restauré en 2014 par son dynamique et érudit propriétaire qui vous y attend...

Pour ceux qui voudraient en savoir plus, voir Jacques de Cauna et Florent Louet, Interprétation des armoiries situées dans l’église de Saint Bauld dans le Rapport sur la mise au jour, conservation et restauration de la peinture murale du XVIe siècle, mur oriental de la chapelle, établi par la Commune de Tauxigny Saint-Bauld (37310) et la DRAC du Centre, Conservation des Antiquités et Objets d’Art d’Indre-et-Loire, Juillet/août 2019.

Voir les commentaires

Marie de Régnier. Aux dames créoles

16 Octobre 2019, 09:57am

Publié par jdecauna

Pour ceux qui ont aimé Marie de Heredia (Ve Congrès de La Fédération des Académies de Gascogne, communication de Jacques de Cauna).

Pour ceux qui ont aimé Marie de Heredia (Ve Congrès de La Fédération des Académies de Gascogne, communication de Jacques de Cauna).

Marie de Régnier, Stances aux dames créoles

Lorsqu'il fait chaud et que je suis rêveuse et seule
                      Je pense à vous,
Vous, dont je ne sais rien, je rêve, ô mes aïeules,
                      A vos yeux doux.
 
Grand'mères mortes, et jadis des ingénues
                      Aux bras si frais,
Jeunes et tendres et que je n'ai pas connues
                     Même en portraits,
 
Qui vivaient autrefois toutes petites filles
                     Aux longs cheveux,
Dans une sucrerie, en un coin des Antilles
                     Voluptueux.
 
La chaleur trop ardente entr'ouvrait les batistes
                     Sur leur sein blanc,
Elles se balançaient, paresseuses et tristes,
                     En s'éventant.
 
Leurs yeux se reposaient de la lumière vive
                     Joyeux de voir
Le visage lippu d'une esclave furtive
                     Luisant et noir.
 
Les bons nègres rieurs dansaient des nuits entières
                     Leurs bamboulas
Ou bien chantaient des chants parmi les cafeyères
                     Câlins et las.
 
Protégeant votre teint, pâle sous la mantille,
                     Et délicat.
Vous savouriez dans les vergers la grenadille
                     Et l'avocat.
 
En rêve, sous les transparentes moustiquaires,
                     Vous revoyiez
Le vieil aïeul, voguant vers l'or des îles claires
                     Sur ses voiliers.
 
Les papillons étaient plus grands que votre bouche
                     Et que les fleurs
Qu'illuminait le vol du rapide oiseau-mouche
                     Tout en lueurs.
 
La nuit se parfumait d'astres et de corolles
                     Et, peu à peu,
Vous regardiez s'ouvrir au ciel, belles créoles,
                     Des fleurs de feu.
 
Ah! songiez-vous alors, nocturnes et vivantes
                     Qu'un temps viendrait,
Où rien de vos beautés aux grâces indolentes,
                     Ne resterait?

De tout ce qui fut vous nulle petite trace
                     N'a subsisté.
Pas même un pauvre toit sous lequel votre race
                     Ait habité.
 
Tout est mort, ruiné, dispersé; les allées
                     N'existent plus
Qui menaient aux maisons en marbre frais dallées
                     Pour les pieds nus.
 
Par la grande liane et les forêts sauvages
                     Tout est repris;
Et les flots tièdes qui mirèrent vos visages
                     Se sont taris.
 
Pas même un livre usé que j'aime et je manie
                     Ne fut à vous;
Et l'île où vous jouiez à Paul et Virginie
                     Sous les bambous,
 
Si je pouvais la voir, splendide et différente,
                     En aucun lieu
Je ne retrouverais votre mémoire errante
                     Dans l'air trop bleu.
 
Sous quel oubli profond, lointain et solitaire
                     Gît votre cœur?
Ce cœur qui m'a légué sa flamme héréditaire
                     Et sa langueur,
 
Ce cœur qui verse en moi quelques gouttes rougies
                     D'un sang vermeil
Et qui m'aurait transmis toutes vos nostalgies
                     Loin du soleil.
 
Si je n'évoquais pas les beautés éternelles
                     D'un ciel brûlant
Du fond magique et noir de tes larges prunelles
                     Ô mon enfant!

Voir les commentaires

Les Antilles. Des pirates du XVIe siècle jusqu'à aujourd'hui, GEO HISTOIRE Février-Mars 2019

10 Octobre 2019, 17:13pm

Publié par jdecauna

"Toussaint Louverture. Le Grand Précurseur" cité par deux fois au chapitre "La Révolte", p. 79. C'est bien, surtout en compagnie de Pierre Pluchon et Aimé Césaire !  Je conseille évidemment la lecture de ce numéro spécial...

"Toussaint Louverture. Le Grand Précurseur" cité par deux fois au chapitre "La Révolte", p. 79. C'est bien, surtout en compagnie de Pierre Pluchon et Aimé Césaire ! Je conseille évidemment la lecture de ce numéro spécial...

Voir les commentaires

Cuba en Gascogne, le 12 octobre 2019, château de Caumale à Escalans

2 Octobre 2019, 14:03pm

Publié par jdecauna

Cuba en Gascogne, le 12 octobre 2019, château de Caumale à Escalans

Pour ceux qui ne connaissent pas le château et/ou qui voudraient y déjeuner, plus que deux jours pour s'inscrire... (renvoyer le bulletin d'inscription ci-dessous, article suivant du blog).

 L'entrée aux activités du Congrès de la FAG de 15 h à 17h30 est libre.

Voir les commentaires

Cuba en Gascogne. Congrès de la FAG à Caumale le 12 octobre.

15 Septembre 2019, 14:28pm

Publié par jdecauna

LA FEDERATION DES ACADEMIES DE GASCOGNE

LE CENTRE GENEALOGIQUE DES LANDES ET
LE CHÂTEAU DE CAUMALE
Cuba en Gascogne. Congrès de la FAG à Caumale le 12 octobre.
vous invitent au Congrès de la Fédération des Académies de Gascogne
qui se tiendra le Samedi 12 octobre 2019 sur le thème
Cuba et l'Aquitaine, interactions patrimoniales et mémoire
 
au siège de la FAG, château de Caumale à Escalans, 40310
sous la présidence du professeur Jacques de Cauna, Docteur d’État (Sorbonne), chercheur Cnrs/Ehess/Ciresc, Commandeur de l'Ordre national Honneur et Mérite de la République d'Haïti
 
Mme Geneviève Fabre, vice-présidente, et Monsieur Pierre Fabre, secrétaire perpétuel, accueilleront les participants à partir de 11 h (visite et déjeuner sur réservations).
 
Au programme, de 15 h à 17 h, entrée libre :
 
De Bordeaux à Cuba. Une aventure oubliée,
un documentaire de Bernard Bonnin et Francis Lambert, 27 mn
Table ronde, interventions et échanges publics avec :
les réalisateurs (Cienfuegos), les professeurs Pierre Force (Columbia University, New-York, de La Bastide-Clairence à Cuba) et Jacques de Cauna (ITEM, Université de Pau, Béarnais à Cuba), et les académiciens Alexandre de La Cerda (Académie des Jeux Floraux, Toulouse), et Denis Blanchard-Dignac (Académie du Bassin d'Arcachon), Basques et Gascons à Cuba. 
 
Visite du château et déjeuner sur place sur inscription (Infos : 07 71 14 11 59 / 06 37 82 05 93)
Académiciens, chercheurs, professeurs, universitaires, écrivains, érudits, artistes, intellectuels, personnalités et grands noms de Gascogne et d'ailleurs... se retrouvent au cœur de la Gascogne, dans le Bas-Armagnac, à Caumale, pour une journée conviviale de culture et d'histoire.

Bulletin d'inscription

(à retourner impérativement avant le 5 octobre 2019 à : Château de Caumale, 40 310 Escalans)

Cuba en Gascogne. Congrès de la FAG à Caumale le 12 octobre.
Nom : ….........................................................
 
Académie, société, association : ….....................................................................
 
Fonction ou titre : ……………………………………………………………...
 
Accompagné de :.….............................................................................................
 
Souhaite s'inscrire (rayer les mentions inutiles si besoin) :
 
- pour la visite du château (11 h, 5 E.).
- pour le déjeuner (12 h 30, 25 E.). 
- pour l'ensemble (30 Euros).
 
Joindre le chèque correspondant à l'ordre de Mme Pierre Fabre à l'adresse Château de Caumale, 40310 Escalans, contact / infos : chateaudecaumale@hotmail.fr, T. 07 71 14 11 59 / 06 37 82 05 93.
 
- pour le congrès uniquement (gratuit) : contact / infos : jdecauna40@aol.com, Tél. 05 40 77 48 94.
 
                                                                                              Signature:
 

Voir les commentaires

<< < 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 30 > >>