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Le blog de Jacques de Cauna Chaire d'Haïti à Bordeaux

Le 14 août, Caumale, la Fédération des Académies de Gascogne et leurs amis fêtent le Tricentenaire de la Nouvelle-Orléans.

5 Août 2018, 14:23pm

Publié par jdecauna

Inscriptions au château : 07 71 14 11 59, ou  : chateaudecaumale@hotmail.fr
Inscriptions au château : 07 71 14 11 59, ou  : chateaudecaumale@hotmail.frInscriptions au château : 07 71 14 11 59, ou  : chateaudecaumale@hotmail.fr

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Vient de paraître : le dernier Bulletin du Centre Généalogique des Landes

1 Août 2018, 17:27pm

Publié par jdecauna

Avec des articles de Christian Lacrouts, François et Vincent Le Deschault de Monredon et Jacques de Cauna. Le CGL est membre de la Fédération des Académies de Gascogne et sera présent à ce titre au château de Caumale le 14 août prochain pour fêter le Tricentenaire de la Nouvelle-Orléans. Adhérents, sympathisants et amis sont cordialement invités (inscriptions Château de Caumale, 40 310).
Avec des articles de Christian Lacrouts, François et Vincent Le Deschault de Monredon et Jacques de Cauna. Le CGL est membre de la Fédération des Académies de Gascogne et sera présent à ce titre au château de Caumale le 14 août prochain pour fêter le Tricentenaire de la Nouvelle-Orléans. Adhérents, sympathisants et amis sont cordialement invités (inscriptions Château de Caumale, 40 310).
Avec des articles de Christian Lacrouts, François et Vincent Le Deschault de Monredon et Jacques de Cauna. Le CGL est membre de la Fédération des Académies de Gascogne et sera présent à ce titre au château de Caumale le 14 août prochain pour fêter le Tricentenaire de la Nouvelle-Orléans. Adhérents, sympathisants et amis sont cordialement invités (inscriptions Château de Caumale, 40 310).
Avec des articles de Christian Lacrouts, François et Vincent Le Deschault de Monredon et Jacques de Cauna. Le CGL est membre de la Fédération des Académies de Gascogne et sera présent à ce titre au château de Caumale le 14 août prochain pour fêter le Tricentenaire de la Nouvelle-Orléans. Adhérents, sympathisants et amis sont cordialement invités (inscriptions Château de Caumale, 40 310).

Avec des articles de Christian Lacrouts, François et Vincent Le Deschault de Monredon et Jacques de Cauna. Le CGL est membre de la Fédération des Académies de Gascogne et sera présent à ce titre au château de Caumale le 14 août prochain pour fêter le Tricentenaire de la Nouvelle-Orléans. Adhérents, sympathisants et amis sont cordialement invités (inscriptions Château de Caumale, 40 310).

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Du nouveau sur Roquefort-de-Marsan

4 Juillet 2018, 17:13pm

Publié par jdecauna

Une vieille tour du château féodal et les armes des vicomtes de Marsan aux clés de voûtes de l'église : Losangé d'or et de gueules (c) Jacques de CaunaUne vieille tour du château féodal et les armes des vicomtes de Marsan aux clés de voûtes de l'église : Losangé d'or et de gueules (c) Jacques de Cauna

Une vieille tour du château féodal et les armes des vicomtes de Marsan aux clés de voûtes de l'église : Losangé d'or et de gueules (c) Jacques de Cauna

La charte inédite des fors et coutumes de la ville et baillage par Gaston de Béarn et Raymond-Arnaud de Marsan (1464), première page (c) Jacques de Cauna

La charte inédite des fors et coutumes de la ville et baillage par Gaston de Béarn et Raymond-Arnaud de Marsan (1464), première page (c) Jacques de Cauna

La charte inédite des fors et privilèges de Roquefort de Marsan (1464)

octroyés par Gaston de Foix-Béarn et Pierre de Marsan, coseigneurs du dit lieu, en 1357

p. 1 Gaston par la Grace de Dieu Conte [sic] de Foix, senhor de Béarn, conte de Begorre, visconte de Castelbon, de Marsan et de Guabardan, senhor visconte de Narbonne, de Nobozan, de Villemeur, de la beguerye de Maubesin, de la beguerye de Saubatie, de Bescodan au pais de France, et nous Auger de Bresquit, doctor ez décrets et bacheler èz leys, chanceller de Foix et Juge de Marsan, en nom et cum procureur et deputat procurayre de noble cabaler et baron Mo(s)sen Ramond Arnaud, senhor de l'hostau de Marsan et de Roqueffort en sa partide, mis en en son instrumen public de procurary la teneur deuqual sensen an aqueste maneyre.

IN NOMINE DOMINI AMEN. CONEGUDA CAUSA SIE que lo mot noble Cabaler et baron mossen Raimond Arnaud senhor de l'hostau de Marsan et de Roqueffort en sa partide, aqui presen de son bon grat et vollontat et poutarie a fait et constituat, ordonat, bomier et deputat son procurayre en nom senson loc et beguid lo mot noble et engreguin mos(s)en Auger de Bresquit, dotor èz decetz et basheller èz leys, chanceller de Foix et Juge de Marsan, et à luy dona plain poder et especial mendamen de consenter en temper ab lo noble nom et encellem princip et senhor monseignor lo conte de Foi de Foix et de Begorre, visconte de Marsan et de Guabardan, à la réformation, confirmation et ampliation, correction èz besoing et nouelle concession des fors, privillèges, libertat, franquesses, statutz, daudit loc de Roqufort et hanbitans daquet, et su aparauaser cole ditz s'utrejatz lo instruman desqoaus et per la antantiquat et vieillesse…

p. 2 Aissa fo feit en lo loc de Roquefort lo bjal jour deu mes de novembre l'an mil quatre cent seissante quatre [le 6 novembre 1464] presans et tesmoins Peyrot de Molesun, senhor deu Bignau, Frances de Mamen, Javrier Joan et jo Bernard de Mauvin, notary creudintor public deudit loc… [le dit mossen Ramond Arnaud...

p. 3 ayant conservé les fors et coutumes du dit lieu de Roquefort contenus en un instrument public par notaire qu'il présente aux jurats, bourgeois et habitants, l'université desquels en reconnaissent l'authenticité et la vieillesse et delandent sa continuité et renouvellement] IN DEI NOMINE AMEN.

EN L'AN MIL TRES CENT CINQUOANTE SEPT et vingt dieu en lo mes de mars fo feyt aquest for et coustume deu loc de Rouefort de Marsan per lo noble et honorat mossen Bertrand Despuiols [procureur] deu mot et poderos senhor mossen En Gaston per la gracie de Dieu conte de Foix, seigneur de Béarn, visconte de Marsan et de Guabardan en nom et en beguade de luy à la… et lo noble baron mossen En Peir de Marsan come senhor de Mongailhard et deudit loc de Roqueffort de Marsan en sa partye et la universitat de la medisse ville aqui presens amassats et congreguats adasso especiamt ab cors ab cride segon que es acostumat…

Suivent trente articles (items) sur 12 pages au total portant les différents règlements, les paiements aux infractions étant exprimés en livres et sous morlans (la monnaie béarnaise frappée à Morlàas), document apparemment incomplet de la dernière page (Archives privées Jacques de Cauna).

*****

A la date indiquée du 6 novembre 1464, le vicomte de Béarn et Marsan est Gaston IV de Foix-Béarn (né en 1423, vicomte de 1436 à 1472 où il meurt à Ronceveaux), fils de Jean Ier et de Jeanne d'Albret. Il avait été marié en le 22 septembre 1434 à Eléonore de Navarre, fille de Jean II d'Aragon et de Blanche d'Evreux-Navarre, devenue héritière du royaume en 1464 et reine en 1479 pour quelques jours avant sa mort. Il ne régna donc pas. Il connaissait très bien les lieux et la famille de Marsan, ayant donné sa sœur naturelle, Isabel de Béarn, en mariage en 1443 au baron Bernard de Marsan de Cauna, de la branche cadette des Marsan, pour favoriser la paix à l'occasion du traité de Saint-Loubouer (abbaye du domaine des Marsan de Roquefort et Montgaillard), signé entre les belligérants pour mettre fin aux hostilités entre tenants des Anglais et tenants des Français.

Ce document nous révèle en outre le prénom, jusqu'ici inconnu, du coseigneur de Marsan de la branche de Roquefort à l'époque, qui est Raymond-Arnaud de Marsan [Ramon-Arnaut en gascon]. Celui-ci ne figure sur aucune généalogie et l'on ne peut que supposer sa filiation qui en ferait peut-être un fils ou frère de Richard de Marsan, écuyer de François-Fébus de Foix, qui est présent à Roquefort le 4 juillet 1474, qualifié de lo noble baron mossenhor Ricart de Marsan, cabaler deu senhor dit, mais sans titres de possession à Roquefort. Ou alors un petit-fils de Pées IV , coseigneur de Marsan et de Roquefort, né vers 1360 et marié successivement à Ayceline de Saint-Martin, puis Rose de Cauna, sa cousine dont il eut Dinadan seigneur de Montgaillard et autres lieux qui épousa Jeanne de Castelnau du Lau. Lequel Pées paraît être lui-même fils ou petit-fils d'autre Pées, marié à Na baronne de Marmande, qualifié en 1357 de lo mot noble et poderos senhor En Pées, senhor de Marsan, de Montgalhart e de Sent Loboher en sa partide, en Tursan, en l'abescat d'Ayre... ». Ce qui correspond parfaitement au noble baron En Peir désigné dans le document comme l'auteur avec le vicomte Gaston du fors de 1357. On voit que la filiation de cette branche reste problématique, malgré son importance historique, faute de documents probants suivis.

On remarque enfin en particulier :

- L'énumération aussi complète que possible des titres de Gaston de Foix-Béarn, dans laquelle ne figure pas toutefois la coseigneurie de la viguerie d'Andorre, sans doute du fait que l'évêque d'Urgell et le vicomte de Castelbon étaient les deux principaux vassaux du comte de Foix.

- La précision apportée sur la coseigneurie de son cousin Ramon-Arnaut, des barons de Marsan de la première branche (Marsan de Roquefort et Mongailard) pour la ville et l'oustau [hôtel, maison] de Marsan.

*****

Aucun document de ce type ne figure à ces dates dans les fonds des Archives départementales des Landes, le seul document approchant connu et postérieur, utilisé par Jeanne-Marie Fritz dans sa thèse sur le la vicomté de Marsan, est un Terrier de la maison noble de La Porte, en Roquefort de Marsan, commencé le 15 janvier 1514, par ordre de noble dame Jeanne Dantin, épouse du baron Hugues de Golart, baron de Brassacq, en Quercy. Il s'agit d'Hugues de Galard qui, à son veuvage de Marie de Grossoles de Flammarens, avait épousé en 1508 Jeanne d'Antin, elle-même veuve de Jean IV de Béarn, baron de Saint-Maurice, petit-fils de Massiane de Marsan, demi-sœur de Dinadan, par laquelle les Galard-Brassac avaient hérité d'une partie des biens (voir J. de Cauna, Cadets de Gascogne. La Maison de Marsan de Cauna, tome II, p. 39, réédit. Pau, Princi Negue, 2004, et L'Ensenhamen ou Code du parfait chevalier du troubadour Arnaut-Guilhem de Marsan,  Pau, Pyrémonde, 2007).

Analyse complète en cours. Ne pas utiliser sans citer (c) archives Jacques de Cauna.

 

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Débaptiser les noms de rues à Bordeaux ?

4 Juin 2018, 17:33pm

Publié par jdecauna

La table-ronde du Club de la Presse le 9 mai 2018 : Karfa Diallo, Jacques de Cauna, Jean Berthelot, Axelle Balguerie, Hubert Bonin.
La table-ronde du Club de la Presse le 9 mai 2018 : Karfa Diallo, Jacques de Cauna, Jean Berthelot, Axelle Balguerie, Hubert Bonin.

La table-ronde du Club de la Presse le 9 mai 2018 : Karfa Diallo, Jacques de Cauna, Jean Berthelot, Axelle Balguerie, Hubert Bonin.

Après le 10 mai… quelques réflexions

Chaque année à Bordeaux, le 10 mai, journée nationale de la mémoire de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions, ramène son habituel contingent d'erreurs, abus et dérives mémorielles. Elles sont généralement au départ à l'initiative de la même entreprise autoproclamée de défense des victimes, abondamment relayée par des médias locaux friands de sensationnalisme et plus ou moins politiquement cajolée par des institutionnels qui s'empressent de subventionner la boutique en deniers publics. On notera au passage que les historiens qui, eux, agissent bénévolement, ne sont pas pris en compte.

Pour une fois cette année, la veille, le 9 mai, un média (l'hebdomadaire Vraiment) avait pensé à inviter des historiens à prendre la parole. C'est ainsi que j'ai pu répondre, en compagnie d'un collègue historien économiste de l'Université de Bordeaux, Hubert Bonin, à une invitation au Club de la Presse pour un débat animé par le journaliste Jean Berthelot de la Glétais, en présence de Mme Axelle Balguerie et de l'habituel défenseur auto-proclamé des victimes, M. Karfa Diallo. Les deux historiens présents ont dû à nouveau rappeler à maintes reprises quelques vérités historiques intangibles, même si elles devaient heurter les présupposés idéologiques, ou plutôt l'unique parti-pris manichéen, militant et polémique habituellement retenu par les militants associatifs et leurs relais médiatiques : Noirs victimes, Blancs coupables. Et, évidemment, sans zone grise : l'absence de tout ce qui pourrait rapprocher les éléments humains (les mulâtres par exemple), mêler, complexifier et nuancer les appréciations, étant un grand classique de ce type de prises de positions. C'est donc sans grande surprise que l'on a pu lire le lendemain dans un très court entrefilet non signé de l'unique quotidien local, que « les questions soulevées, même si intéressantes, ont été obstruées par les différents [sic, pour « différends »] qui opposent les historiens [corporation anonyme !] avec Karfa Diallo [dont la photo occupait le tiers de l'article]. Dommage... ». Il y a de quoi rester pantois.

On nous permettra cependant de faire remarquer que la présence d'historiens a permis toutefois ce soir-là, outre quelques nécessaires recadrages chronologiques, de ne pas laisser s'installer n'importe quelle dérive oratoire à sens unique. Un seul exemple, lorsque le militant de service (j'éviterai de répéter son nom, qui bénéficie déjà trop amplement de la publicité des médias) se lança dans une évocation des « deux bouts de la chaîne » de la traite : les esclaves cruellement exploités aux Amériques et leurs bourreaux enrichis à Bordeaux, il lui fut rappelé par mes soins que s'agissant de « commerce triangulaire » selon l'expression consacrée, il ne fallait pas oublier le troisième – ou plutôt premier, chronologiquement – « bout de la chaîne » en question, à savoir le continent africain. Il ne suffit pas alors de se retrancher mollement comme il tenta de le faire, derrière quelques exploiteurs locaux tyrannisant leurs bons peuples. La connaissance des populations réduites en esclavage aux Antilles, telles qu'elles apparaissent sur les inventaires de plantations sous la rubrique « nation » (grosso-modo « origines ethniques ») lui aurait permis de se demander pourquoi ce sont toujours les mêmes peuples : Haoussas, Bambarras, Nagos, Congos, Ibos…, qui revenaient régulièrement sur les listes d'esclaves de plantations pendant que d'autres en étaient constamment absents : Peuls, Soninkés, Wolofs… Et également sur la différence entretenue, pour ne pas dire le mépris affiché, dans les ateliers coloniaux par les Créoles, nés sur place, vis-à-vis des Bossales, venus d'Afrique, ainsi que sur la hiérarchie des emplois, entre « nègres à talents » et « nègres de jardin », les rapports discriminatoires au travail entre hommes, femmes et enfants créés en partie par le système et subsistant aujourd'hui dans nombre de sociétés post-coloniales… et autres questions d'ordre moral malheureusement trop fréquentes dans les sociétés inégalitaires. Bref, un minimum de connaissance (voir aux pages 94 à 97 par exemple de mon ouvrage Au Temps des Isles à Sucre, ouvrage plus que trentenaire, le chapitre entièrement consacré aux esclaves) eût été, et serait sans doute, utile à une meilleure compréhension et appréciation des situations.

Mais pour cela, il faut d'abord lire…, s'informer aux bonnes sources. Ce qui s'adresse également à certains critiques tard-venus du travail accompli à Bordeaux. Je pense ainsi aux salles du Musée d'Aquitaine qui, après avoir fait l'unanimité, y compris chez les militants associatifs, seraient aujourd'hui – selon une romancière à qui nous ne ferons pas davantage de publicité (elle en a déjà eu suffisamment) – à reconsidérer complètement pour « tartufferie langagière », formule facile dans son simplisme qui se voudrait percutant, mais qui révèle en fait, outre une certaine infatuation, une totale méconnaissance du sujet, en l'occurrence la présence de Noirs et Libres de couleur à Bordeaux dont bon nombre étaient des enfant de colons et la majorité des domestiques ayant accompagné leurs maîtres en provenance des Antilles, et non « déportés » d'Afrique, voire de « bons sujets » envoyés pour études ou formation dans la métropole, compte tenu de la disette coloniale en la matière, quand il ne s'agissait pas tout simplement de familles transatlantiques aux branches multiples, blanches et de couleur. Je renvoie là aussi au même de mes ouvrages où l'on trouvera l'installation à La Rochelle des deux filles de couleur du colon Fleuriau et le parrainage d'enfants blancs de la famille légitime par son domestique noir Hardy (« mon nègre Hardy», comme il l'appelait).

Quand à la « débaptisation » (horrible barbarisme) des noms de rues, rappelons simplement l'insupportable assimilation du maire de Bordeaux, Armand de Saige, défenseur des hommes de couleur, à Hitler faite en présence d'écoliers devant la plaque de rue à son nom dans un circuit mémoriel intitulé « Bordeaux nègre » par le président de « Mémoires et Partages », après la dénonciation des rues Rochambeau (père ou fils?), Gobineau (oncle ou neveu?) sur lesquelles il a bien fallu se rétracter, ainsi d'ailleurs, faute de consistance, que sur les trois quarts des autres noms relevés. Faudra-t-il aussi supprimer ou expliquer le cours de la Martinique ou la rue du Petit-Goâve (on pourra voir à ce sujet le Dictionnaire de Bordeaux paru récemment chez Loubatières) ? Et ne vaudrait-il pas mieux honorer comme il se doit quelques noms qui restent inconnus des coupeurs de têtes militants ? Cela a été fait pour Etienne Morin et j'en avais proposé quelques autres dans mon rapport occulté et piraté au Comité Tillinac, ce qui avait provoqué ma démission la veille de la remise à M. le Maire et une mise à l'écart consécutive lors des cérémonies nationales du 10 mai 2009 délocalisées à Bordeaux et autres manifestations officielles qui ont suivi. Ce qui m'amène à un second point important : celui de la création, neuf ans après, d'une nouvelle commission de réflexion par les mêmes instances municipales, comme s'il fallait tout revoir.

Il me faut préciser ici que, contrairement à ce qui a été dit, je n'ai jamais appartenu à cette nouvelle commission, n'ayant jamais été sollicité (contrairement à M. Diallo qui vient d'en être exclu après avoir été considéré comme « incontournable », ce qui a provoqué de sa part un édifiant déluge d'injures à caractère raciste inacceptable contre le président de la commission, élu municipal). Je me suis logiquement par la suite dispensé de répondre à une demande visant à m'« auditionner » qui m'a parue pour le moins incongrue, la majorité des membres de cette commission m'étant inconnus, et la forme, comme l'intention, me paraissant sur le fond déplacées, pour ne pas dire irrespectueuses du travail accompli antérieurement et de la nécessaire considération des nouveaux-venus aux anciens pour le travail réalisé, notamment au Musée d'Aquitaine.

Je m'en réjouis aujourd'hui car je relève en fin de compte à la lecture du rapport de cette commission des aberrations sur lesquelles je ne saurais accorder ma validation scientifique et que je me réjouis de ne pas avoir à être suspecté de cautionner. Comment des scientifiques prétendument spécialistes du sujet ont-ils pu laisser passer à nouveau cette histoire de mascarons (simples motifs exotiques de convention, les figures princières représentées n'étant manifestement pas celles d'esclaves), ignorer que l'appellation historique de « Saint-Domingue » désigne l'actuelle Haïti seulement et absolument pas la République Dominicaine, confondre le portrait de la mère du président Légitime, née libre après l'indépendance, et l'histoire de sa grand-mère esclave, Modeste Testas, découverte tardivement dix ans après la venue à Bordeaux de la descendante que j'avais pu guider en archives, ajouter Colbert à la liste sous prétexte de « Code Noir » sans savoir de quoi l'on parle exactement, penser à valoriser un buste « officiel » de Toussaint Louverture qui ne représente pas son vrai visage alors qu'une plaque à valeur historique a été apposée à mon initiative sur la maison de son fils rue Fondaudège dès 2003, se réjouir de « deux thèses et d'un certain nombre d'articles » censés « représenter l'actualité de la recherche » (bien maigre bilan !), envisager un partenariat avec Port-au-Prince sans un minimum de recours à la Chaire d'Haïti à Bordeaux, et surtout, imaginer que 496 réponses à un questionnaire discutable (émanant, on s'en doute, des quelques rares personnes intéressées par le sujet) pouvaient représenter l'opinion des Bordelais sur la question ?

Tout cela n'est pas très sérieux et on comprendra que la lassitude commence à se faire sentir après des années d'un travail bénévole qui s'est toujours heurté pour finir à une sorte de défiance systématique – d'ignorance ? – traduite par l'absence de prise en compte institutionnelle du seul projet présenté pour l'unique profit de la connaissance à transmettre aux générations futures : celui d'un grand centre d'accueil, études et documentation sur la colonisation et l'esclavage, que je proposais déjà il y a une quinzaine d'années d'alimenter par le dépôt de l'important fond de travail (archives, ouvrages, notes, publications…) constitué en France et dans la Caraïbe en plus de quarante ans d'exercice de la recherche. Pour ma part, ce projet n'est aujourd'hui plus de saison.

Face à ces errements, six jours plus tard, une salle comble et un public attentif et bien informé m'attendaient à La Rochelle pour la présentation de mon dernier ouvrage Fleuriau, La Rochelle et l'esclavage. Trente-cinq ans de mémoire et d'histoire, qui fait le bilan et témoigne d'un long parcours de quarante ans dans une ville où aujourd'hui l'avance sur les réalisations bordelaises en la matière est toujours sensible depuis l'ouverture en 1982 du Musée de Nouveau-Monde.

Nul n'est prophète en son pays… mais nul n'est tenu non plus d'en être l'esclave – et par bonheur le monde de la recherche transatlantique reste vaste, ouvert, positif et gratifiant de l'autre côté de l'eau, comme j'ai pu le constater à plusieurs reprises ! Et il reste tant à faire...

Jacques de Cauna, docteur d’État de la Sorbonne, Professeur honoraire, ancien directeur du Centre de Recherche Historique de l'Institut Français d'Haïti, chercheur associé Ciresc / Cnrs / Ehess

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Vient de sortir dans les Classiques Garnier. De l'Université de Chicago à Paris

27 Mai 2018, 17:28pm

Publié par jdecauna

Vient de sortir dans les Classiques Garnier. De l'Université de Chicago à Paris

Les Biographies littéraires
Théories, pratiques et perspectives nouvelles

Sous la direction de Philippe Desan et Daniel Desormeaux

La vie des auteurs permet de découvrir des relations réelles ou imaginaires entre leur for intérieur et leur production littéraire. Les contributions à ce volume visent à questionner l’objet de l’oeuvre littéraire dans son rapport à la vie de son auteur : que sait la biographie ? Quels choix fait-elle ?

Authors’ lives make it possible to uncover real and imaginary connections between their inner depths and their literary output. The contributions to this volume aim to question the object of literary work in its relationship with the life of its author: What does a biography know? What choices does it make?

Jacques de Cauna, TOUSSAINT LOUVERTURE, LE GRAND PRÉCURSEUR. De la légende aux réalités :une biographie pour l’histoire

Il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel, Horatio, qu’il n’en est rêvé dans votre philosophie.
                                                          William Shakespeare, Hamlet, 1606.


La biographie pose la problématique majeure du rapport entre la compréhension narrative intuitive et l’explication historique analytique et documentée. Épistémologiquement à cheval entre les méthodes de l’histoire et l’écriture de la fiction, l’historien qui se fait biographe est finalement tributaire de l’intérêt du lecteur. Toussaint Louverture est ainsi longtemps resté un objet romanesque. Les dernières découvertes de la recherche révèlent une personnalité bien plus complexe qu’on ne le croyait.

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La Rochelle. Trente-cinq ans de mémoire et d'histoire de l'esclavage

19 Mai 2018, 09:42am

Publié par jdecauna

Une salle comble, un excellent public, de nombreuses questions. Comme toujours à La Rochelle... "Fleuriau, La Rochelle et l'esclavage", un ouvrage pour l'histoire, inspiré par les réflexions de Paul Ricoeur et autres grands penseurs, pour lutter contre les dérives mémorielles actuelles.
Une salle comble, un excellent public, de nombreuses questions. Comme toujours à La Rochelle... "Fleuriau, La Rochelle et l'esclavage", un ouvrage pour l'histoire, inspiré par les réflexions de Paul Ricoeur et autres grands penseurs, pour lutter contre les dérives mémorielles actuelles.
Une salle comble, un excellent public, de nombreuses questions. Comme toujours à La Rochelle... "Fleuriau, La Rochelle et l'esclavage", un ouvrage pour l'histoire, inspiré par les réflexions de Paul Ricoeur et autres grands penseurs, pour lutter contre les dérives mémorielles actuelles.
Une salle comble, un excellent public, de nombreuses questions. Comme toujours à La Rochelle... "Fleuriau, La Rochelle et l'esclavage", un ouvrage pour l'histoire, inspiré par les réflexions de Paul Ricoeur et autres grands penseurs, pour lutter contre les dérives mémorielles actuelles.

Une salle comble, un excellent public, de nombreuses questions. Comme toujours à La Rochelle... "Fleuriau, La Rochelle et l'esclavage", un ouvrage pour l'histoire, inspiré par les réflexions de Paul Ricoeur et autres grands penseurs, pour lutter contre les dérives mémorielles actuelles.

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Deux cent trente ans séparent ces deux documents ! Le même cabrouet portant les mêmes cannes vers la sucrerie, au centre de l'image (plan de 1753 et photo de 1983).

16 Mai 2018, 13:47pm

Publié par jdecauna

Aujourd'hui, trente-cinq ans plus tard, l'habitation Fleuriau a été engloutie dans l'expansion urbaine sauvage du nord de Port-au-Prince. Ces vestiges d'une époque révolue ont disparu et avec eux les traces de l'histoire de l'esclavage. Les photos du "Fonds Jacques de Cauna" (CNRS/CIRESC) témoignent.Aujourd'hui, trente-cinq ans plus tard, l'habitation Fleuriau a été engloutie dans l'expansion urbaine sauvage du nord de Port-au-Prince. Ces vestiges d'une époque révolue ont disparu et avec eux les traces de l'histoire de l'esclavage. Les photos du "Fonds Jacques de Cauna" (CNRS/CIRESC) témoignent.

Aujourd'hui, trente-cinq ans plus tard, l'habitation Fleuriau a été engloutie dans l'expansion urbaine sauvage du nord de Port-au-Prince. Ces vestiges d'une époque révolue ont disparu et avec eux les traces de l'histoire de l'esclavage. Les photos du "Fonds Jacques de Cauna" (CNRS/CIRESC) témoignent.

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Retour aux Isles à Sucre. Histoire et mémoire.

14 Mai 2018, 07:40am

Publié par jdecauna

Parcours mémoriel, bilan et témoignage. Pour l'histoire, un retour aux sources face aux dérives et à l'inflation des discours idéologiques sur fond d'ignorance et de bien-pensance.

Parcours mémoriel, bilan et témoignage. Pour l'histoire, un retour aux sources face aux dérives et à l'inflation des discours idéologiques sur fond d'ignorance et de bien-pensance.

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Débat sur la mémoire de l'esclavage à Bordeaux

11 Mai 2018, 14:15pm

Publié par jdecauna

Les intervenants interrogés par le journaliste Jean Berthelot de la Glétais (au centre) : Hubert Bonnin, Axel Balguerie, Jacques de Cauna, Karfa Diallo.

Les intervenants interrogés par le journaliste Jean Berthelot de la Glétais (au centre) : Hubert Bonnin, Axel Balguerie, Jacques de Cauna, Karfa Diallo.

Déroulé proposé par l'animateur

Mémoire de l'esclavage à Bordeaux : Quelle place pour la transmission ?

-En quoi Bordeaux est-elle liée à l'esclavage? Bref historique, grâce à nos invités. Précisions sur les différences entre Bordeaux et Nantes, port négrier et port colonial, etc.

-Quelles traces subsistent aujourd'hui de l'esclavage à Bordeaux?

-Parmi ces traces, il y a les noms de rues, qui font beaucoup parler. Nous allons revenir sur ces noms car il y a beaucoup de débats autour de cette question, mais sur le principe: selon vous, doit-on débaptiser ces rues ou plutôt les conserver et les expliciter?

-Alors avant de poursuivre sur la question de la place de cette mémoire dans l'espace public, arrêtons-nous sur les noms des rues qui seraient concernées. Combien y en a-t-il aujourd'hui et qui sont les personnalités qu'elles honorent? M. Bonin, vous avez été chargé « d'enquêter » sur 17 de ces noms, je vous cède la parole d'abord.

-M. de Cauna, vous, vous dites notamment qu'il faut se garder de jeter certains noms en pâture, comme celui de M. Saige, le premier maire de Bordeaux. Parlez-nous de lui, d'abord, si vous le voulez bien. Donnez-nous plus globalement votre sentiment, vous qui dénonciez des « journalistes pressés qui préfèrent recycler périodiquement les mêmes affirmations manichéennes sensationnalistes sans s'encombrer de consultations d'historiens forcément plus nuancés ». C'est un problème que vous observez régulièrement?

-Alors concernant justement ces noms, en 2014 puis en 2015, le Conseil représentatif des associations noires, le CRAN, avait demandé des réparations à trois familles bordelaises. Parmi lesquelles la vôtre, Axelle Balguerie. Un mot d'abord sur Pierre Balguerie-Stuttenberg, le frère de votre aïeul, qui n'a pas eu le temps de participer à la traite négrière mais qui a largement profité du fruit du travail des esclaves. Comment avez-vous vécu, à l'époque, cette mise en cause?

-De votre côté, M. Diallo, l'association Mémoires et Partages n'est pas du tout sur la même longueur d'ondes que le CRAN...

-Pointer du doigt des responsabilités individuelles, n'est-ce pas aussi s'exonérer de responsabilités collectives? Et peut-on reconnaître des responsabilités collectives de manière à avancer, pour ne pas verser dans une forme de repentance un peu stérile?

-Précisément, on reproche parfois à Bordeaux de ne pas en faire assez dans la transmission de la mémoire de l'esclavage? La ville a pourtant créé un espace sur le sujet au Musée d'Aquitaine, elle a aussi instauré une commission, dont vous étiez membre, M. Diallo, et dont vous êtes toujours membre, M. de Cauna... On ne va pas revenir sur la polémique récente autour de ce dernier point, qui vous oppose, M. Diallo, à la mairie, car ce n'est pas le lieu ni le moment, mais est-ce une impression que vous partagez tous ou bien est-elle à nuancer, selon vous?

-Comment expliquer ces difficultés à appréhender ce passé, à Bordeaux? M. de Bonin, en 2010, vous pointiez du doigt dans votre livre les « Tabous de Bordeaux » les accointances entre le milieu universitaire et « la bonne bourgeoise locale ». Pouvez-vous nous expliquer cela? Pourquoi la bourgeoise locale aurait-elle plus de mal à évoquer ces sujets que d'autres, dans des villes qui ont aussi pris part à ce commerce?

-De quelle façon peut-on améliorer les choses? On peut d'abord évoquer ce qui existe à Liverpool ou à Nantes, respectivement premiers ports négriers d'Europe et de France?

-Parmi les 10 propositions que la commission dont nous parlions va faire à la mairie de Bordeaux, certaines en particulier ont-elles retenu votre attention?

-En conclusion, j'aimerais que chacun de vous nous explique en quoi, selon vous, entretenir la mémoire de l'esclavage est primordial? Quelle importance cela revêt-il dans la Société d'aujourd'hui ?

                                                                          §§§§§§§

N.B. : Seul commentaire non signé du journal Sud-Ouest dans un entrefilet paru le lendemain : "même si intéressantes, les questions ont été "obstruées" par les différents qui opposent les historiens à Karfa Diallo"  (illustré par sa photo) !

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Cuba, la mémoire libérée

11 Mai 2018, 13:35pm

Publié par jdecauna

Un riche débat sur la mémoire et l'identité en contexte colonial a retenu quelques spectateurs après le film.

Un riche débat sur la mémoire et l'identité en contexte colonial a retenu quelques spectateurs après le film.

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