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Le blog de Jacques de Cauna Chaire d'Haïti à Bordeaux

Charles III à Bordeaux et l'Aquitaine au temps du Prince Noir

25 Août 2023, 14:42pm

Publié par jdecauna

Gisant d'Edouard de Woodstock, le Prince Noir (1330-1376) à Canterbury

Gisant d'Edouard de Woodstock, le Prince Noir (1330-1376) à Canterbury

Le Prince Noir, Charles III et les Landes de Gascogne

     Le 9 juillet 1363, il y a 660 ans, « Monseigneur Edouard de Woodstock, fils aîné du très noble roi d’Angleterre Edouard III, Prince d’Aquitaine et de Galles, duc de Cornouailles et comte de Cestre », connu plus tard sous le nom de Prince Noir, débuta à la mi-journée en l’Eglise cathédrale Saint-André de Bordeaux sa tournée d’hommages aquitains par la réception de « l’hommage lige et serment de fidélité de Monseigneur Arnaud Amanieu, seigneur de Labret [Albret], baron », qui fut suivi de plus d’un millier d’autres, dont celui de « Monseigneur Arnaud de Marsan, seigneur de Cauna, baron » et de plusieurs de ses parents, proches et alliés landais, gascons et béarnais, des maisons comtales et vicomtales de Béarn, d’Armagnac, de Gabarret, de Tartas, d’Orthe, de Fezensac, de Comminges, et de celles de Marsan de Roquefort, de Poyloault, de Saint-Aubin de Poyaler, de Caupenne, de Castelnau, de Baylens-Poyanne, de Castéja, d’Amou, d’Aspremont, d’Ax, de Lescun, de Coarraze, de Doazit, de Favars, de Batz, de Benquet, de Luxe, de Ravignan..., ses plus proches parents, pour ne citer que quelques-uns des 1046 noms et titres portés au registre*.

     On connaît ainsi le nom de ces mille familles qui restèrent indéfectiblement fidèles aux rois-ducs descendants de leur duchesse suzeraine Aliénor d’Aquitaine et constituèrent pendant trois siècles les cadres du pouvoir anglo-gascon en Aquitaine, jusqu’à la désastreuse bataille de Castillon qui en marqua la fin en 1453. Par bonheur, le procès-verbal original de cette cérémonie que l’on pensait avoir disparu dans l’incendie de la Chambre des Comptes de Paris, comme les autres documents de cette époque qui avaient été transférés à Paris après la défaite, a été retrouvé sous forme de deux copies authentiques dans les archives anglaises de l’Echiquier.

     Le 12 juin 1992, la reine Elisabeth II d'Angleterre et son époux, le duc d’Edimbourg, avaient été accueillis dans la cathédrale par Monseigneur Eyt, archevêque de Bordeaux, et Jacques Chaban-Delmas, maire de la ville.

    Trente et un an plus tard, en cette année 2023, à l’occasion de la visite royale annoncée à Bordeaux dans le courant du mois de septembre, les représentants actuels de ces maisons et leurs proches ne manqueront pas de se rendre en l’église cathédrale Saint-André où ils se réuniront à l’appel du Centre Généalogique des Landes devant la chapelle Saint-Jacques face à la sépulture d’Arnaud de Poyloault, « varlet de notre sire le roi d’Angleterre » et prévôt d’Agès, pour souhaiter la bienvenue à Sa Majesté Charles III le jour de sa visite et l’assurer de leur plus haute considération et indéfectible attachement en mémoire des liens tri-séculaires historiques et familiaux qui les attachent historiquement à sa royale personne.

* Jacques de Cauna (dir.), L’Aquitaine au temps du Prince Noir, actes du colloque tenu à Dax par le Centre Généalogique des Landes, Monein, Ed. Pyrémonde, 2010.

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Toussaint Louverture à Caumale avec les Académies de Gascogne

15 Août 2023, 10:55am

Publié par jdecauna

Le Château de Caumale à Escalans

Le Château de Caumale à Escalans

LA FEDERATION DES ACADEMIES DE GASCOGNE

La Chaire d’Haïti à Bordeaux, le Centre Généalogique des Landes

ET LE CHÂTEAU DE CAUMALE

vous invitent au Congrès annuel de la Fédération des Académies de Gascogne qui se tiendra au siège de la Fédération dans le cadre de la Journée du Patrimoine,

le Samedi 16 Septembre 2023,

au château de Caumale à Escalans, 40310

sous la présidence du professeur Jacques de Cauna, Docteur d’État (Sorbonne), CNRS/ EHESS,

Commandeur de l'Ordre national Honneur et Mérite de la République d'Haïti, qui interviendra à 15h sur Toussaint Louverture, Caumale et l’Aquitaine. Histoire, familles, mémoire,

dans le cadre de la commémoration internationale de sa mort et de sa naissance (1743-1803).

Exposition d’un document des archives du château signé par Toussaint Louverture, d’autres pièces inédites et du dernier portrait de son fils aîné Placide (1848) retrouvé dans une bastide aux confins de la Gascogne,

Visites commentées du château (intérieur et extérieur)

Geneviève et Pierre Fabre, Secrétaire Perpétuel, vous accueilleront à partir de 12 h pour un déjeuner sur place sur réservation dans la mesure des places disponibles.

(Infos : 07 71 14 11 59 / 06 37 82 05 93).

Académiciens, chercheurs, professeurs, universitaires, écrivains, érudits, artistes, intellectuels, personnalités et grands noms de Gascogne et d'ailleurs... se retrouvent cet été au cœur de la Gascogne, à Caumale, pour une journée conviviale de culture et d'histoire.

Fédération des Académies de Gascogne. Congrès 2023. Toussaint Louverture et l''Aquitaine

Fédération des Académies de Gascogne. Congrès 2023. Toussaint Louverture et l''Aquitaine

Bulletin d'inscription

(à imprimer, remplir et retourner impérativement avec le chèque joint avant le 10 septembre 2023 par courrier postal à : Château de Caumale, 40310 Escalans)

Nom : ….........................................................

Académie, société, association : ….....................................................................

Fonction ou titre : ……………………………………………………………...

Accompagné de :.….............................................................................................

Souhaite s'inscrire (rayer les mentions inutiles si besoin) :

- pour la visite du château (5 E.) et/ou le déjeuner (20 E.) : 20 Euros pour l'ensemble,

joindre le chèque correspondant à l'ordre de Mme Geneviève Fabre à l'adresse Château de Caumale, 40310 Escalans, contact/infos : chateaudecaumale@hotmail.fr, Tél 07 71 14 11 59 / 06 37 82 05 93

- pour le congrès (gratuit), contact/infos : jdecauna40@aol.com, Tél. 05 40 77 48 94.

Signature:

 

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En l'honneur de Lahire

22 Juillet 2023, 09:15am

Publié par jdecauna

Jean-Pierre Marquant, Président, Christophe Furon, conférencier, Jacques de Cauna, Président d'Honneur, Gonzague Espinosa Dassonneville, Président de la Société de Borda, M. Baron-Vieillard, château de Xaintrailles

Jean-Pierre Marquant, Président, Christophe Furon, conférencier, Jacques de Cauna, Président d'Honneur, Gonzague Espinosa Dassonneville, Président de la Société de Borda, M. Baron-Vieillard, château de Xaintrailles

Cette belle journée du  samedi 1er juillet a été l'occasion d'une remise de médailles par Jean-Pierre Marquant, le très actif Président de l'association Sur les Pas du Valet de Coeur, et de quelques compléments d'informations sur la campagne de Lahire en Guyenne moins bien connue des historiens français que celles qu'il mena dans le centre, le nord et l'est de la France sur lesquelles le conférencier nous éclaira amplement.

Le point culminant de cette campagne de Guyenne, qui nous concerne au premier chef, fut la mémorable Jornada (Journée) de Tartas, le 24 juin 1442, longtemps célébrée traditionnellement sur la Midouze avant d'être quasiment oubliée et sur laquelle j'ai pu apporter quelques précisions issues de la mémoire patrimoniale locale et de l'histoire familiale. On pourra lire sur ce blog et dans l'ouvrage Cadets de Gascogne. La Maison de Marsan de Cauna, tome I, comment celui que les chroniqueurs appellent "le sire de Cauna" (quand ce n'est pas de "Cognac" !),  Louis de Marsan de Cauna, gouverneur de la ville pour le roi Henri VI d'Angleterre, au terme d'un gentlemen agreement conclu six mois plus tôt et visant à préserver la population et éviter le pillage, remit, la veille du jour convenu, les clés de la place et les otages (dont le fils du sire d'Albret) au roi de France Charles VII en personne, en faisant serment d'être désormais français, lui "et toute sa descendance".

Evénement qu'il voulut marquer en changeant définitivement son patronyme de Marsan en celui de Cauna et en invitant le Roi et le Dauphin, futur Louis XI au gîte et au couvert en son château-fort de Cauna sur la rive droite de l'Adour en compagnie des capitaines Etienne de Lahire et  Estebenot de Talauresse, bayle de Tartas, son neveu. C'est là que se prépara sans doute la future alliance d'Anne de Talauresse et du cadet Menauton de Cauna, respectivement petite-nièce et héritière de Lahire et petit-fils de Louis de Cauna, qui est à l'origine de la longue lignée des gouverneurs de Tartas (et accessoirement de Dax) héritiers de Lahire et de Louis de Cauna dans les maisons de Cauna de Vignoles-Lahire, puis de Saint-Paul d'Arricault de Vignoles-Lahire, de Camon d'Ade, de Mesmes de Ravignan.

Pour assurer plus fortement et définitivement la paix dans la région, le vicomte de Béarn, Gaston IV de Foix-Grailly convoqua les Etats de la noblesse des Landes à Saint-Loubouer où fut signé le pacte de mariage de sa soeur, Isabel de Béarn, avec le baron Bernard de Cauna, fils de Louis et d'Etiennette de Castelnau-Tursan. 

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Haïti au XIXe siècle. Une somme en provenance de Montréal !

30 Juin 2023, 14:39pm

Publié par jdecauna

Haïti au XIXe siècle. Une somme en provenance de Montréal !
Haïti au XIXe siècle. Une somme en provenance de Montréal !
Haïti au XIXe siècle. Une somme en provenance de Montréal !
Haïti au XIXe siècle. Une somme en provenance de Montréal !
Haïti au XIXe siècle. Une somme en provenance de Montréal !

     Le n° 3 de la Revue d'Histoire Haïtienne publiée par le CIDIHA (Centre International de documentation et d'information haïtienne, caribéenne et afro-canadienne) à Montréal (Canada) vient de paraître. Avec ses 865 pages émanant de trente-deux spécialistes dont un grand nombre originaires d'Haïti et y exerçant pour certains, la plupart à l’Université d’État d’Haïti, alors que d’autres exercent dans de prestigieux établissements du Canada et des Etats-Unis, ou viennent aussi de France, de Porto-Rico, d'Argentine, de Suède, de Grande-Bretagne, d'Allemagne, d'Irlande... représentant ainsi plusieurs grandes universités et centres de recherche prestigieux, cet exemplaire constitue un apport de première importance dans la connaissance d'Haïti au XIXe siècle dans ses aspects sociaux, culturels et étatiques à travers des angles d’approche variés, classiques ou nouveaux, allant de la mémoire iconographique à l'insertion dans le monde atlantique, avec une focalisation plus spécifique sur le roi Henry Christophe et son règne dans le nord d’Haïti faisant l’objet d’un chapitre particulier et, pour finir, des notes de lecture sur des productions récentes.

     Au-delà du plaisir renouvelé de la lecture, c'est donc, comme les deux précédentes livraisons, un outil de travail indispensable pour les spécialistes concernés, un remarquable landmark qui trouvera sa place dans toutes les bibliothèques d'amateurs éclairés.

     Pour revenir sur un point auquel je me suis particulièrement attaché ces derniers temps en raison notamment de difficultés à faire comprendre à certains dans mon propre pays d'origine face aux facilités de la compilation idéologique du moment, l'importance de la découverte récente du portrait d'Isaac Louverture, fils de Toussaint, à Bordeaux, je prends plaisir ici à rappeler que la communication scientifique que j'avais annoncée sur le sujet est publiée en première position dans ce nouveau numéro de la Revue d'Histoire Haïtienne, preuve d'intérêt dont je remercie tout particulièrement l'équipe du CIDIHCA

     Ce qui contraste étrangement avec le marques d’irrespect que j’ai pu enregistrer à plusieurs reprises à Bordeaux, la première étant les nombreuses et constantes tentatives de récupération institutionnelle de mon travail associées à une ignorance peu ordinaire de l’ensemble des questions touchant Haïti que l’on croit compenser en assénant des certitudes qui se voudraient morales. Tant il est vrai que nul n’est prophète en son pays ! J’avais également annoncé un opuscule grand public qui a été publié récemment en mai à compte d’auteur sous le titre Toussaint Louverture, Bordeaux et l’Aquitaine. Histoire, famille, mémoire, dont quelques exemplaires sont encore disponibles par commande sur le blog de la Chaire d’Haïti à Bordeaux (80 pages, nombreuses illustrations, 10 Euros, 15 port compris).

     On peut se procurer la Revue d’Histoire Haïtienne n° 3 , ainsi que les deux numéros précédents : le n° 1, La Révolution haïtienne et ses influences dans le monde Atlantique, 2019, et le n° 2, L’Occupation américaine d’Haïti (1915-1934), n° 2021, auprès de l’antenne parisienne du CIDIHCA France, 126 Avenue de Versailles, 75016, Paris.

     

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Du nouveau sur Lahire à Préchacq-les-Bains

23 Juin 2023, 14:51pm

Publié par jdecauna

Entrée libre. Le Président Jean-Pierre Marquant et votre Président d'honneur seront heureux de vous y acueillir.

Entrée libre. Le Président Jean-Pierre Marquant et votre Président d'honneur seront heureux de vous y acueillir.

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Jacques de Cauna présente le portrait d'Isaac Louverture au Musée d'Aquitaine

28 Mai 2023, 09:56am

Publié par jdecauna

Un rappel bienvenu de Clémence Drotz dans Sud-Ouest du 25 mai 2023

Un rappel bienvenu de Clémence Drotz dans Sud-Ouest du 25 mai 2023

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Présentation au public bordelais du portrait retrouvé d'Isaac Louverture par Jacques de Cauna

22 Mai 2023, 13:43pm

Publié par jdecauna

Toussaint Louverture, Bordeaux et l'Aquitaine. Histoire, famille, mémoire, Bordeaux, Edit. JdC, 2023, 80 p.
Toussaint Louverture, Bordeaux et l'Aquitaine. Histoire, famille, mémoire, Bordeaux, Edit. JdC, 2023, 80 p.

Toussaint Louverture, Bordeaux et l'Aquitaine. Histoire, famille, mémoire, Bordeaux, Edit. JdC, 2023, 80 p.

Rendez-vous est donné à 17h45 au Musée d'Aquitaine, cours Pasteur (station tram Musée d'Aquitaine).

Isaac et son épouse à Bordeaux, Toussaint Louverture par Baquoy, Placide en Agenais, les descendants en Aquitaine... Si vous souhaitez en savoir davantage sur le contexte historique de l'identification des portraits familiaux et les toutes dernières découvertes sur la famille Louverture en Aquitaine, réservez votre exemplaire par simple message sur ce blog à votre nom, afin d'être prioritaire. Il n'y en aura pas pour tout le monde...

Cette présentation répond en quelque sorte à ma lettre de la mi-février au Maire de Bordeaux qui n'a pas été en mesure de me recevoir sur cet important sujet (copie à la suite) :

 

Lettre à l’attention de M. Pierre Hurmic, Maire de Bordeaux

Jacques de Cauna                                                  Bordeaux, le mercredi 15 février 2023

144, rue Fondaudège, Bordeaux                                                

 

Monsieur le Maire,

J’ai l’honneur de solliciter une audience de votre part afin de porter à votre connaissance un projet lié à l'importante commémoration à venir du 220e anniversaire de la mort de Toussaint Louverture (7 avril 1803), personnage historique qui a fait l'objet récemment d'une évocation pour laquelle j’ai constitué le fil rouge auprès de l’équipe de M. Stéphane Bern dans le cadre de l'émission télévisée Secrets d'Histoire (pour plus de détails, voir : J. de Cauna, Toussaint Louverture. Le Grand Précurseur, Bordeaux, Ed. Sud-Ouest, 2012)

Comme vous le savez sans doute, le fils du héros de la liberté des Noirs, Isaac Louverture, a résidé longuement dans notre ville après sa déportation de Saint-Domingue (aujourd'hui République d'Haïti) et repose au cimetière de la Chartreuse. Une plaque avait été apposée le 4 avril 2003 à mon initiative par votre prédécesseur M. Alain Juppé sur sa maison du 44 rue Fondaudège.

A ce sujet, vous avez peut-être été informé de l’acquisition récente faite par le Musée d’Aquitaine sur ma recommandation d’un portrait qui m’avait été présenté en 2020 par un marchand d’art bordelais comme celui d’un Noir inconnu et que j’ai pu identifier au terme d’une recherche approfondie comme celui d’Isaac, fils cadet de Toussaint Louverture.

Il serait important – me semble-t-il – que les Bordelais puisse voir réellement le visage de ce personnage historique, qui symbolise la qualité d’accueil de notre ville, plutôt que des noms sur une plaque (des plaques avec portraits ont été ainsi inaugurées récemment à Astaffort pour Placide Louverture, fils aîné, en partenariat avec une association québécoise). Et qu’ils soient aussi correctement informés sur l’importance historique du personnage à l’occasion d’une présentation officielle que je souhaiterais faire dans un lieu de qualité approprié sous l’égide de la Mairie (le 7 avril, ou pour la journée nationale de mémoire de l’esclavage le 10 mai) avec l’écho médiatique que cela mérite pour l’image de notre ville.

Compte tenu du retentissement local, régional, national, voire international, que pourrait avoir l'action dans le contexte commémoratif actuel, tel que j'ai pu l'appréhender dans les sollicitations déjà reçues, je serais donc très heureux de pouvoir échanger avec vous au cours d’une audience sur mes possibilités d’interventions dans cette affaire et le soutien institutionnel que vous pourriez y apporter. Deux publications, l’une scientifique et l’autre de plus large audience, sont en cours, la première au Canada, la seconde avec un éditeur bordelais.

Je reste en relation sur ce sujet avec mes interlocuteurs habituels et à votre entière disposition pour toutes précisions.

En vous remerciant pour votre attention, je vous prie d'agréer, Monsieur le Maire, l'expression de mes sentiments respectueusement dévoués.

Jacques de Cauna

Pr Jacques de Cauna, docteur d'Etat (Sorbonne)

CNRS/EHESS CIRESC Chaire d'Haïti à Bordeaux

Commandeur de l'Ordre National Honneur et Mérite d'Haïti

Président de la Fédération des Académies de Gascogne

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Vingt ans après... la pose de la plaque historique sur la maison d'Isaac Louverture au 44 rue Fondaudège

17 Mai 2023, 17:12pm

Publié par jdecauna

Vingt ans après... la pose de la plaque historique sur la maison d'Isaac Louverture au 44 rue Fondaudège

Vingt ans après la pose de la plaque historique sur la maison d'Isaac Louverture au 44 rue Fondaudège le 4 Avril 2003, la Mairie de Bordeaux n'a pas jugé utile de mettre en relation cet événement avec la récente découverte du portrait d'Isaac en répondant au moins à la demande d'audience formulée par l'historien bordelais dont le travail a permis ces deux avancées - significatives en termes mémoriels - de la recherche sur la famille du Grand Précurseur dans notre région. 

Heureusement que d'autres lieux de mémoire aquitains, à l'instar de la ville pionnière de La Rochelle dont le Maire nous a fait l'honneur d'une invitation personnelle particulière, comme d'ailleurs Mme le Premier Ministre, permettent de continuer à avancer dans le sens de l'histoire en marche.

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Journée nationale de la Mémoire de l'esclavage du 10 mai 2023.

9 Mai 2023, 16:20pm

Publié par jdecauna

Invitations officielles à Paris (Premier Ministre) et La Rochelle (Mairie)
Invitations officielles à Paris (Premier Ministre) et La Rochelle (Mairie)

Invitations officielles à Paris (Premier Ministre) et La Rochelle (Mairie)

Inauguration de la plaque de la Promenade Toussaint Louverture en 2012 par Maxime Bono en présence des autorités haïtiennes de l'Ambassade d'Haïti en France et de la Mairie de Port-au-Prince (sur ma proposition)

Inauguration de la plaque de la Promenade Toussaint Louverture en 2012 par Maxime Bono en présence des autorités haïtiennes de l'Ambassade d'Haïti en France et de la Mairie de Port-au-Prince (sur ma proposition)

 

Invitations du 10 mai 2023

Comment répondre à trop d'invitations quand on ne possède pas le don d'ubiquité ?

C'est la cruelle situation dans laquelle je me suis trouvé à l'approche de cette journée du 10 Mai. Comment se déplacer dans la même journée à Paris, La Rochelle, Agen, Astaffort, Bayonne, Pau, Capbreton, Buanes, Escalans, L'Isle-de-Noé... ?

Cette dernière localité où je ne me suis pas rendu depuis les cérémonies de 2009 au pied de la stèle Toussaint Louverture à l'entrée de l'allée du château a longtemps été la tentation la plus forte... avant que ne s'impose le dilemme entre l'invitation personnelle de Madame le Premier Ministre et celle de M. le Maire de La Rochelle. Très honoré par ces marques de considération et m'étant dûment excusé auprès de mes autres interlocuteurs, c'est finalement cette dernière destination que j'ai choisi de retenir - essentiellement pour des raisons de fidélité traditionnelle remontant à mes excellentes et très anciennes relations avec les maires historiques de La Rochelle, au premier rang desquels le regretté Michel Crépeau, à qui l'on doit l'initiative pionnière du Musée du Nouveau-Monde en 1982, et plus tard mon confrère conseiller culturel et ami, son successeur, Maxime Bono, ainsi que les grands acteurs de la relation avec Haïti que sont Daniel Groscolas et Colette Chaigneau.

Et Bordeaux, ma ville natale, alors ? Et bien, c'est très simple... N'ayant reçu aucune invitation, de qui ou quoi que ce soit, pas plus que de réponse à mes diverses interventions et demandes d'audience et propositions d'actions, je me réjouis de ne pas avoir eu à choisir. Cela me dispensera de courir du square Toussaint Louverture sur la rive droite à la statue de Modeste Testas sur les quais.

Pour l'un comme l'autre, les présents pourront faire bonne lecture, que ce soit de la notice biographique sur dalle que la Mairie m'avait demandée de rédiger pour la vie de Toussaint, ou de celle de la plaque consacrant  l'hypothétique destinée de Modeste, dont le principal intérêt réside surtout dans la longue kirielle de noms de personnalité ayant participé à cette innovation romanesque qui suivent au bas.

Nul n'est prophète en son pays ! To the happy few !

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Le wokisme à l’ œuvre où comment prétendre faire du neuf avec ce qui a déjà été fait.

8 Mai 2023, 14:13pm

Publié par jdecauna

Esclaves sucriers au travail dans l'île d'Antigua

Esclaves sucriers au travail dans l'île d'Antigua

Certains ne manquent pas d’air ! C’est le moins qu’on puisse dire…

Une invitation reçue et transmise par mail d’une amie rochelaise, suivie peu de temps après par un titre tout récent du journal Sud-Ouest m’ont appris incidemment, comme pour n’importe qui, qu’une conférence allait être donnée dans deux jours, le 9 mai, par une doctorante venue d’Allemagne sous le titre : Les gérants de plantation, « des hommes sans existence ». Entre pratiques de gestion et pratiques illicites sur les plantations à Saint-Domingue au XVIIIe siècle. Et ce, par le biais de la simple lecture d’une petite trentaine de lettres (sur combien d’autres existantes !) conservées aux archives départementales.

Sur un sujet présenté à ma grande surprise comme neuf, tant par l’annonce faite par l’organisateur que par la presse : la famille Fleuriau et sa plantation de Bellevue à Saint-Domingue, il s’agirait, je cite le journal Sud-Ouest, de mettre en lumière « les lettres envoyées à la célèbre famille rochelaise, décryptées [souligné par moi] par l’historienne et doctorante Mathilde Ackermann-Koenigs, [qui] mettent en lumière le rôle du gérant d’une plantation coloniale au XVIIIe siècle à Saint-Domingue ».

Il s’agit bien ici en l’occurrence – on ne rêve pas – de reprendre l’exploitation de la correspondance du gérant Arnaudeau avec les propriétaires, la famille Fleuriau. La gestion d'Arnaudeau, neveu des Fleuriau, est un cas d’école longuement présenté et analysé depuis longtemps, ainsi que le personnage lui-même, par Jacques de Cauna dans Au Temps des Isles à Sucre. Histoire d'une plantation de Saint-Domingue au XVIIIe siècle, Paris, Editions Karthala, 1987 (prix de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, réédition 2003), publication de sa première thèse de doctorat soutenue en 1982.

Chacun sait aussi à La Rochelle depuis longtemps à quel point le personnage d’Aimé-Benjamin Fleuriau, ressuscité il y a quarante ans, est devenu depuis une véritable légende urbaine, objet mémoriel clé de la ville. Quant à Jean-Baptiste Arnaudeau, il est clair que le pittoresque du personnage a joué un rôle décisif dans la réutilisation de la thèse sur l’habitation Fleuriau par l’académicienne Dominique Bona, pour constituer la trame de son roman Le manuscrit de Port-Ebène, honoré, entre autres, du prix Renaudot en 1998. Mais d’où vient donc alors ce nouvel engouement pour un sujet si bien connu et sur lequel il ne sera pas facile – a priori – d’apporter du neuf ?

Il se trouve que les Archives départementales de la Charente-Maritime ont racheté il y a peu un lot de papiers de la famille Fleuriau que l’on tente de présenter comme nouveaux alors qu’ils ont déjà été largement exploités sous forme de micro-films à partir du fonds confié par la comtesse de Fleuriau à l’époque de l’achat de l’hôtel Fleuriau dans les années 80 par la municipalité de la ville sous l’égide du regretté maire Michel Crépeau qui, lui, voyait très loin en transformant l’immeuble fleuron de sa ville en musée du Nouveau-Monde.

Il faut savoir aussi qu’une grande partie de ces papiers de famille, y compris la correspondance d’Arnaudeau, vendue par la comtesse lors de ses séjours à Paris, est également conservée aujourd’hui aux Archives départementales de la Gironde dans le fonds Chatillon déposé par les héritiers du célèbre collectionneur (258 occurrences pour la seule gestion d'Arnaudeau entre autres).

A partir de là, le premier travail à effectuer par les Archives départementales de la Charente-Maritime ne serait-il pas, logiquement, d’établir la correspondance – ou non si ce n’est pas le cas – des nouveaux documents reçus avec les microfilms réalisés par leur propres services à La Rochelle sur le fonds familial Fleuriau dans les années 1980 et les documents originaux archivés par ailleurs, aux Archives départementales de la Gironde notamment, ou autres dépôts afin de déterminer le plus clairement possible ce qui est – ou n’est pas – nouveau pour pouvoir orienter les jeunes chercheurs vers les éventuelles pièces inédites qu’il pourraient analyser de manière à faire progresser le savoir académique, la connaissance de la question, en déterminant et précisant ce que ces nouvelles pièces pouvaient apporter de neuf ? C’est là que se situerait également en principe l’intervention du directeur de recherche universitaire pour orienter l’étudiant vers l’utilité éventuelle – ou non – d’une nouvelle thèse. Rien n’interdit non plus, et tout recommande au contraire, dans ce rôle directeur primordial, d’orienter le doctorant vers la lecture préalable de la bibliographie existante, voire, dans les meilleurs des cas, vers la consultation du collègue historien spécialiste, ou mieux encore de l’inclure dans l’équipe de préparation ou le jury de la thèse en question. On en paraît bien loin...

Pour éviter de perdre davantage votre temps dans les redites et pour plus de détails fiables sur l’ensemble des pérégrinations historiques de la saga familiale des Fleuriau, voyez plutôt à la source, du même auteur, le bilan mémoriel et synthèse historique : Fleuriau, La Rochelle et l’esclavage. Trente-cinq ans de mémoire et d’histoire, Paris, Les Indes Savantes, 2017.

Résumons simplement, pour finir, la recette, pas si inédite que cela, de ce nouveau wokisme en marche :

- Placez-vous sous la houlette bienveillante d’une « autorité » habilitée à diriger une thèse.

- Emparez vous, sur ses conseils éventuellement, d’un sujet déjà traité il y a suffisamment longtemps (quarante ans par exemple) et recopiez sans scrupules.

- Utilisez les notes de bas de page pour connaître les références à citer (obligatoirement présentes dans les publications scientifiques) sans dire où vous les avez prises.

- Proclamez haut et fort que personne avant vous ne s’y était intéressé, qu’il y a là une énorme lacune, sans doute due à un tabou quelconque, et que vous allez donc révolutionner l’histoire en réinventant la roue.

- Saupoudrez du jargon à la mode en cours et d’une bonne dose de bien-pensance victimaire.

- Agitez et resservez chaud, de préférence dans un lieu censé présenter les garanties scientifiques requises (université, centre de recherche, dépôt d’archives…).

- N’oubliez de faire relayer le tout par les médias et réseaux sociaux...

 

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