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Le blog de Jacques de Cauna Chaire d'Haïti à Bordeaux

Vient de paraître

17 Novembre 2022, 16:50pm

Publié par jdecauna

Vient de paraître
Vient de paraître
Vient de paraître

Une remarquable somme généalogique et historique agrémentée d'une iconographie d'une exceptionnelle qualité  composée d'armoiries, de vues de châteaux et de portraits familiaux parmi lesquels se détache le superbe portrait en pied de la comtesse d'Arjuzon, Marie Agnès Françoise Pierre "Pascalie" Hosten, créole de l'Arcahaye (Saint-Domingue), dame d'honneur du palais de la reine de Hollande, Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine et mère de Napoléon III. Elle était l'épouse du comte Thomas Marie Gabriel d'Arjuzon, pair de France et chambellan de Louis Bonaparte, roi de Hollande.

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Le Bulletin de la Société Martinès de Pasqually

17 Novembre 2022, 15:47pm

Publié par jdecauna

Le Bulletin de la Société Martinès de Pasqually
Le Bulletin de la Société Martinès de Pasqually

Chaque année, avec une remarquable régularité, le bulletin de la société savante bordelaise à vocation nationale et internationale vient apporter son lot de recherches inédites sur le personnage historique aussi méconnu qu'important du père du Martinésisme, sa vie, sa pensée, son oeuvre et sa diffusion, son entourage, les évolutions de l'Ordre et ses successeurs. Ce bulletin se caractérise en particulier par un renouvellement des études touchant un peu plus les éléments spirituels fondateurs aux sources de sa pensée et les parentés philosophiques liées à l'époque mais aussi à ceux qui l'ont plus récemment suivi auxquels un hommage mémoriel est rendu. 

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Plaques mémorielles de la famille de Toussaint Louverture à Astaffort

11 Novembre 2022, 17:18pm

Publié par jdecauna

Les plaques posées sur les maisons de Placide et de Rose Louverture à l'initiative de l'écrivain haïtien canadien Gabriel Osson.
Les plaques posées sur les maisons de Placide et de Rose Louverture à l'initiative de l'écrivain haïtien canadien Gabriel Osson.

Les plaques posées sur les maisons de Placide et de Rose Louverture à l'initiative de l'écrivain haïtien canadien Gabriel Osson.

Dévoilement de la plaque de la rue Tarnac à Astaffort : Les descendantes de Placide Louverture, Gabriel Osson et Jacques de Cauna
Dévoilement de la plaque de la rue Tarnac à Astaffort : Les descendantes de Placide Louverture, Gabriel Osson et Jacques de Cauna

Dévoilement de la plaque de la rue Tarnac à Astaffort : Les descendantes de Placide Louverture, Gabriel Osson et Jacques de Cauna

Discours officiels à la Mairie d'Astaffort

Discours officiels à la Mairie d'Astaffort

 

Vingt ans après

On ne peut que penser au titre de ce second opus des Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas, dont le père, le fameux général Dumas Davy de La Paillèterie était né à Jérémie (Saint-Domingue, aujourd'hui Haïti)... et au retour de ses trois mousquetaires qui, comme on le sait étaient nos quatre gascons et béarnais d'Artagnan (Charles de Batz-Castelmore), Athos (Armand de Sillègue d'Autevielle d'Athos), Porthos (Isaac de Porteau) et Aramis (Henry d'Aramitz).

Cette excellente et émouvante initiative qui nous vient de l'autre côté de l'océan ne manque pas de nous rappeler tout ce que nous souhaitions voir s'accomplir il y a exactement vingt ans. Voici, à titre de curiosité et de référence ce que publiait en 2003 le journal de l'Association Généalogique d'Haïti. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer, et l'on ne peut que se réjouir aujourd'hui de voir ainsi se réaliser une part marquante des objectifs réunis au sein de la Chaire d'Haïti à Bordeaux et de la Fédération des Académies de Gascogne pour perpétuer nos liens transatlantiques avec les mondes américains. La présence de quatre descendantes directes de Placide Louverture issues des familles aquitaines Sabardu et Fontan a été particulièrement appréciée. Tout autant que le chaleureux accueil des autorités et du public d'Astaffort. A Astaffort, ce samedi 5 novembre, l'histoire, notre histoire, s'est réellement remise en marche...

Pour ceux qui voudraient approfondir la question, voici les références de quatre de mes publications sur le sujet :

- Toussaint Louverture. Le Grand Précurseur, Bordeaux, Editions Sud-Ouest, 2012, 351 p., nombreuses illustrations. Le dernier point en date de la recherche sur la biographie du grand personnage.

- Mémoires du Général Toussaint Louverture, annotés par Saint-Rémy, réédition critique de l’ouvrage de 1853 avec préface, notes, portrait original et édition du manuscrit original, Guitalens-L’Albarède, Ed. La Girandole, 2009, 280 p.

- Toussaint Louverture et l'indépendance d'Haïti. Témoignages pour un bicentenaire, Paris, Ed. Karthala et Société Française d'Histoire d'Outre-Mer, 2004, 299 p, 78 ill., généalogie, histoire et chronologie comparée [édition de textes et recherches personnelles].

- L’Eldorado des Aquitains, Gascons, Basques et Béarnais aux Îles d’Amérique, Biarritz, Éd. Atlantica, 1998, 541 p., prix de l’Académie Nationale des Belles-Lettres, Sciences et Arts de Bordeaux [publication de partie de La Colonisation française aux Antilles : les Aquitains à Saint-Domingue (17e-18e siècles), thèse de Doctorat d’État, Université Paris IV- La Sorbonne, 12 janvier 2000, 3 vol (437 p. + 410 p. + 12 travaux)].

Genèse : Journal généalogique et historique de l'AGH

Bicentenaire de la mort de TOUSSAINT LOUVERTURE

Jacques de Cauna

 

AGORA AQUITAINE-ANTILLES                                          

 Bordeaux, le 6 nov. 2002

Association à but non lucratif (loi 1901)

déclarée à la préfecture de la Gironde

le 14 octobre 2002 sous le n° 2/29842

Bicentenaire de la Mort de TOUSSAINT-LOUVERTURE

Projet global présenté par l'association Agora Aquitaine-Antilles,

Le 26 septembre 1854, cinquante et un ans après son père, Isaac Louverture, fils de Toussaint, décédait au 44 de la rue Fondaudège à Bordeaux, suivi en 1871 par son épouse et cousine Louise (dite "Coco") Chancy.

Il avait souhaité qu'après sa mort "les cendres des Louverture soient réunies au cimetière de la Chartreuse". Son frère Saint-Jean était mort jeune en 1804 à Agen, lieu du mariage la même année d'Issac et Louise et du décès en 1816 de leur mère, Suzanne Simon Baptiste, pendant que Placide-Séraphin-Clère, troisième frère, faisait souche non loin de là, à Astaffort, en y épousant en 1831 Joséphine de Lacaze, héritière du château du Parc. L'étonnante et exemplaire histoire de l'exil de Saint-Domingue (actuelle République d'Haïti) et de l'accueil en Aquitaine de la famille du "Premier des Noirs" avait commencé en fait avec l'arrivée de ses membres en 1802 à Bayonne où ils reçurent un accueil si chaleureux et bienveillant, aussi bien des autorités que de la population, qu'il fut décidé de les éloigner de ce port par crainte de les voir bénéficier de complicités pour un retour dans leur pays.

L'association Agora Aquitaine-Antilles se propose pour l'année 2003 de rappeler dans les lieux mêmes qui symbolisent son insertion la qualité de l'accueil reçu par la famille Louverture en Aquitaine en organisant ou fédérant les initiatives destinées à promouvoir une série de manifestations d'envergure autour du Bicentenaire de la Mort de Toussaint-Louverture dans les champs suivants :

- Organisation de manifestations commémoratives officielles, et, notamment, inauguration de plaques commémoratives à Bordeaux, Bayonne, Agen, Astaffort, en présence de représentants actuels de la famille Louverture originaires de France, d'Haïti, d'Afrique et d'Amérique.

- Constitution de bases de données bibliographiques et nominatives sur les relations historiques et mouvements de personnes entre les Antilles et l'Aquitaine.

- Edition ou réédition d'ouvrages historiques, conférences et participations à des séminaires universitaires, destinés à faire connaître les aspects positifs de la relation entre les deux régions.

- Actions de communication et diffusion en milieu scolaire et publication de documents pédagogiques dans le cadre de la nouvelle loi de 2001 sur les programmes d'histoire.

- Manifestations culturelles et artistiques telles qu'expositions d'art haïtien et de photographies, accueil de groupes musicaux, participation d'Haïti aux festivals culturels et artistiques locaux (Biarritz, Bordeaux, Agen), etc.

L'objectif central de l'association, en dehors de ses activités propres, est de fédérer les initiatives individuelles, associatives ou institutionnelles, sans se substituer aux structures existantes mais en leur apportant ses compétences en matière de montage de projets, programmation et recherche de financements, chaque structure conservant la maîtrise d'œuvre de ses projets.

Les actions retenues feront l'objet d'une programmation globale sur projets qui sera rendue publique et permettra de réaliser des économies d'énergie, de moyens et de coûts parallèlement à un gain en efficacité et lisibilité. Un descriptif précis et un budget prévisionnel seront établis pour l'ensemble de la programmation afin de faciliter la recherche de financements permettant la mise en œuvre des actions.

Dans un esprit de fraternité universelle et de refus des exclusions, il paraît plus que jamais important de réveiller aujourd'hui - après une longue occultation - les liens très forts de cousinage qui ont toujours existé entre les hommes et femmes d'Aquitaine et d'Haïti.

Jacques de CAUNA

 

   

   
   

  

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Un portrait inédit de Placide Louverture à restaurer

11 Novembre 2022, 16:54pm

Publié par jdecauna

Portrait présumé de Placide Louverture (c) Jacques de Cauna 2014

Portrait présumé de Placide Louverture (c) Jacques de Cauna 2014

Tout porte à croire qu’il s’agit en réalité d’un rarissime portrait de Placide Louverture

(article paru dans la Dépêche du Midi le samedi 5 novembre 2022). 

Ce journal est lu à Ajaccio, et c’est une bonne chose. Notre abonné insulaireBernard Bouisset nous lit en effet sur Internet, et l’article consacré à l’histoire agenaise de la famille de (notre édition de jeudi) particulièrement intéressé. Il nous a donc contactés, pour nous donner un complément d’information passionnant.
Rangé au fond d’un grenier

Retraité, Bernard Bouisset a passé sa jeunesse à Agen. Il est en effet le fils de Pierre – Jean Bouisset, qui travailla durant plusieurs décennies au service des préfets de Lot-et-Garonne (années 1955-1980). Erudit, il fut également vice-président de l’Académie des sciences, lettres et arts d’Agen.

Par ailleurs, la famille Bouisset possédait une résidence secondaire, à Lafrançaise, dans le Tarn-et-Garonne. Or, dans cette maison se trouvait rangé au fond du grenier un vieux tableau. Son état n’était pas suffisant pour qu’il soit exposé, mais un visage restait admirable : celui d’un homme noir. Tout porte à croire qu’il s’agit en réalité d’un rarissime portrait de Placide Louverture, fils du général-héros d’Haïti, et qui vécut à Astaffort de 1821 à 1841. Ce 5 novembre 2022, hommage lui sera rendu, puisqu’une plaque commémorative sera posée sur l’ancienne maison de Placide.

Cette affaire avait été révélée en 2014 par l’historien bordelais Jacques de Cauna – spécialiste de Saint-Domingue. En 2014, il avait rédigé un article pour le Bulletin de la Société académique, expliquant pourquoi selon lui ce tableau était exceptionnel, se rapprochant de l’unique représentation de Placide, sur un médaillon conservé à Port-au-Prince.

Dans cet article, riche d’informations sur la vie des descendants de Toussaint Louverture à Agen comme à Astaffort au début du XIXe siècle, Jacques de Cauna émet plusieurs hypothèses expliquant la présence de ce tableau dans la maison familiale des Bouisset, à Lafrançaise. Et depuis 2014… plus rien. Pierre-Jean Bouisset est décédé, et le tableau a été conservé dans la maison familiale. Le mystère l’encadre encore.

Nécessaire restauration

"Le tableau est abîmé par le temps, reconnaît son propriétaire, mais il a une valeur historique incontestable. Personne, hormis moi, ne semble s’y intéresser…" Ce précieux témoignage de la relation entre la région agenaise et la famille de Toussaint Louverture entre évidemment en résonance avec les cérémonies de ce jour à Astaffort. On imagine l’intérêt qu’il pourrait susciter à Agen, notamment au musée des Beaux-Arts.

Cette année, une représentation d’Agen datant de 1648 avait été léguée par une famille, le musée s’engageant au préalable à faire restaurer l’œuvre. Si un legs du tableau de Placide Louverture est un jour envisagé par les actuels ayants droit, il est fort à parier que le maire d’Agen (qui connaissait Pierre-Jean Bouisset) et le conservateur Adrien Enfedaque chercheront à voir l’œuvre. Devant ce Placide, ils ne sauraient rester de marbre.

Affaire (ou plutôt histoire) à suivre…

    Sébastien Bouchereau

Commentaire

Je trouve avec plaisir votre article au sortir des cérémonies commémoratives très largement suivies qui viennent d'avoir lieu à Astaffort en présence des descendantes de Placide. Je pense effectivement qu'il est important pour l'histoire, aussi bien celle de notre région que celle d'Haïti, que ce tableau soit pris en charge institutionnellement pour une restauration en préliminaire d'une présentation publique. Il faut savoir en effet que l'image que vous présentez provient d'un cliché que m'avait communiqué M. Bouisset et sur lequel j'ai travaillé pour obtenir une représentation améliorée qui fait quelque peu oublier l'état de délabrement du tableau qui nécessite une sérieuse et rapide action de préservation et restauration. J'ai évoqué à plusieurs reprises cette nécessité auprès du public et des autorités, y compris bien sûr à Agen, il y a maintenant près de huit ans (voir le blog Chaire d'Haïti à Bordeaux). Je reste naturellement à la disposition de tous les intéressés pour ce qui concerne mon champ de spécialisation en histoire d'Haïti.

Pr Jacques de Cauna, docteur d'Etat (Sorbonne)
CNRS/EHESS CIRESC Chaire d'Haïti à Bordeaux
Commandeur de l'Ordre National Honneur et Mérite d'Haïti
Président de la Fédération des Académies de Gascogne

 

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God save the King !

4 Octobre 2022, 09:14am

Publié par jdecauna

Port-Maria (Jamaïque)

Port-Maria (Jamaïque)

When we were living in Jamaïca, in Le Palais, 14 Kingsway, Kingston !

Le Palais

Le Palais

First neighbour : King's House

First neighbour : King's House

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Vient de paraître : Droit et pouvoir en Haïti. De l'expérience louverturienne à l'occupation américaine.

23 Septembre 2022, 16:45pm

Publié par jdecauna

Guillaume Guillon-Léthière, "Le Serment des Ancêtres", Musée du Panthéon National, Port-au-Prince (Haïti)

Guillaume Guillon-Léthière, "Le Serment des Ancêtres", Musée du Panthéon National, Port-au-Prince (Haïti)

Sous la direction scientifique des professeurs grenoblois Frédéric Charlin et Yves Lassard, on trouvera dans ce gros ouvrage d'Actes du colloque international de l'université de Grenoble tenu les 15 et 16 avril 2021 les communications de la vingtaine de spécialistes qui ont participé au colloque parmi lesquels j'ai eu le plaisir de retrouver quelques anciens compagnons de route en histoire d'Haïti et des Antilles comme Bernard Gainot, André Cabanis ou Eric Sauray avec qui j'avais déjà pu partager en France ou dans la Caraïbe quelques communications, publications ou jurys de thèses, ainsi que mon ancienne élève Gusti Gaillard et le regretté Marcel Dorigny, récemment disparu qui fait l'objet d'un bel hommage. Ce fut aussi l'occasion de découvrir quelques brillants juristes comme le professeur montpelliérain Bernard Durand, le recteur de l'université d'Etat d'Haïti ainsi que bon nombre de collègues universitaires et de  jeunes doctorants de France, des Antilles et d'Haïti.

Les nombreux points savamment développés dans une optique transdisciplinaire rarement abordée et la richesse des interventions appellent cet ouvrage à faire figure de référence dans le domaine. On doit féliciter les organisateurs de l'université de Grenoble pour la parfaite organisation de cette belle rencontre, que ce soit en présentiel ou par visio-conférence compte tenu du contexte sanitaire.

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Polvérel, la franc-maçonnerie bordelaise et le franc-alleu de Navarre. Aux sources de la première abolition mondiale de l’esclavage

30 Août 2022, 13:32pm

Publié par jdecauna

Polvérel, la franc-maçonnerie bordelaise et le franc-alleu de Navarre.  Aux sources de la première abolition mondiale de l’esclavage
Polvérel, la franc-maçonnerie bordelaise et le franc-alleu de Navarre.  Aux sources de la première abolition mondiale de l’esclavage

Cliquez sur le lien ci-dessous pour entendre la communication de J. de  Cauna au colloque Droit et Pouvoir à Haïti de l'Université de Grenoble

https://videos.univ-grenoble-alpes.fr/video/20384-liberte-et-citoyennete-dans-le-premier-etat-nation-noir/

ou tapez simplement dans la lucarne Google : "de Cauna liberté et citoyenneté"...

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Salvat Etchart, le Basque magnifique

5 Août 2022, 07:56am

Publié par jdecauna

Salvat Etchart, le Basque magnifique

Article publié dans Baskulture, la lettre du Pays Basque, du Vendredi 5 Août 2022

Qui se souvient aujourd’hui de Salvat Etchart, lauréat (controversé) du Prix Renaudot en 1967 pour son roman Le monde tel qu’il est ?

Il figure bien dans quelques dictionnaires, imprimés ou numériques sous une forme lapidaire et souvent erronée : « Salvat Etchart, né le 18 février 1924 à Bordeaux [faux] et mort le 23 octobre 1985 à Bordeaux [faux], est un écrivain français, lauréat du Prix Renaudot en 1967 ». Deux thèses de doctorat en Littérature et civilisation françaises lui ont été consacrées dans des universités françaises : celle de Cyril Mockweyne Salvat Etchart et la réalité martiniquaise à l’université de Lille en 1986 et celle de Luce Mondor, Salvat Etchart, un passant considérable, à l’université de Paris 3 en 1998, publiée par L'Harmattan en 2001. Mais c’est à peu près tout, et ce qui reste finalement, ce sont ses six principaux romans aux titre évocateurs d’un étonnant parcours qui se dévoile au fil de pages. A condition naturellement que l’on veuille bien prendre la peine des les lire…

Enfant d’un couple de pauvres paysans basques exilés à Pessac qui ne put jamais réaliser son rêve de posséder une ferme, il oppose à une destinée toute tracée le parcours d'un écrivain au style flamboyant sur un fond d’élans de révolte et de liberté, pas toujours facile à suivre, et qui est d’abord celui d’un homme en quête d'une identité perdue qu’il croit pouvoir retrouver dans l’espace : parti d’un rejet de la société occidentale et de ses parapets, il tente de s’identifier à la culture antillaise, finalement sans succès après l’éblouissement originel de ce nouveau monde, avant de refluer vers un moi fragmenté et problématique miné par la maladie. Parallèlement à l'axe biographique, l’écriture s'effrite à mesure que le moi physique et mental de l'écrivain se défait.

C’est son grand ami – le seul sans doute – Serge Rezvani, qu’il n’avait d’ailleurs jamais rencontré, qui a les plus beaux mots pour évoquer le rejet du petit monde littéraire parisien, l’abandon auquel il se sentait condamné, son enfermement progressif dans la solitude dont il faisait son rempart face aux déceptions du monde, au point de demander à son éditeur de ne donner aucun renseignement biographique ni photo de lui en quatrième de couverture comme cela se fait habituellement. Et de ne même pas daigner venir recevoir son prix à Paris tout en refusant d’accueillir photographes, critiques et cinéastes en Martinique. De leurs échanges épistolaires Rezvani retient qu’ils échangeaient « des mots lancés à travers l’espace… chacun de sa planète originelle… comme l’irréfutable présence de l’ami égaré au fond du monde […], à celui au loin, à cette intelligence idéale, cette sensibilité... ».

Après l’éblouissement de la découverte à 31 ans de la splendeur antillaise et de la vie coloniale sur l’habitation Maison Rouge à Sainte-Anne, à l’extrême sud de la Martinique, violemment rejeté par la société béké qu’il critique, désabusé par la trahison de ses frères du monde noir antillais en proie à l’adoption des travers métropolitains, il quitte l’île en 1970 pour disparaître intégralement dans les glaces du fin fond du Québec où il enseigne la littérature française dans l’obscur village de Granada avant de se tirer une balle dans le cœur 15 ans plus tard à 61 ans.

La spirale infernale de ce qu’il appelle son « délire naturel à l’eau de source » se mesure au fil des titres qui se succèdent autour du Monde tel qu’il est (1967) : Une bonne à six (1962), Les nègres servent d’exemple (1964, source de ses ennuis avec la société blanche de l’île qui l’emploie), L’homme empêché (1977), L’Amour d’un fou (1984), Le Temps de autres (1987, posthume, dont le dernier chapitre Est-il trop tard pour le suicide ? ne fut jamais écrit) : « Mais comment font-ils les autres pour avoir de la révélation ? De la sagesse ? Des convictions ? De l'espoir ?… Pour comprendre ?… Pour trouver un sens ?… Pour répondre ?… Pour dire : qu'est ce que l'homme ? Et être fier de la réponse, qu'avec une suffisance mensongère, ils profèrent […]

Je ne sais par quelle malchance, ou par quel trait de caractère, ce qui me reste étranger, inconnu c’est le côté confortable, et surtout si absolument innocent, de la majorité... Pas de culpabilité pour ce plus grand nombre… qui vire en vingt-quatre heures d’ici à là… pour cette multitude d’hommes… Et comme je suis compliqué, et comme ils sont simples !... D’un ton désarmant : « On obéissait, ils avaient des ordres ! » […]

Les marchands ont saisi tous les Temples et la pensée se réfugie dans les mansardes dans les caves et dans les bistrots [… ]

Ah ! Peut être qu'on en sortira jamais ! Qu'on restera ad vitam æternam des lèches-culs… »

Il étonne, il dérange… Raoul Bernabé, dans l’organe du parti communiste de la Martinique, dit de lui : « La leçon, venant d’un métropolitain cultivé et passionnément démocrate, valait la peine d’être donnée »

Et pour finir, l’insolence suprême, l’ultime et superbe pied-de-nez tel que le rapporte Jules Roy, l’un des rares à l’évoquer, dans Les Années cavalières :

« Salvat Etchart s’est suicidé il y a trois semaines dans un village du nord du Canada. Il avait eu le prix Renaudot en 1967, n’avait rien fait pour retenir sa notoriété et continuait d’écrire des livres difficiles dont non ne parlait pas. Pas de critiques, pas de Pivot, plus d’éditeurs, des petits. Pas un article sur son dernier livre. Il écrit à son correspondant chez l’éditeur, et se suicide. Je ne connaissais même pas son nom je n’ai pas lu un seul ouvrage de lui… »

De ce déconcertant naufrage, ceux qui l’aiment ne voudront retenir que quelques images fortes :

« Il est adolescent sur une plage de Biarritz, et en lui cet adolescent refuse de mourir… » ;

Puis de son arrivée à la Martinique : « Ah ! Les plages d’ici ! Du désert, du christophe colomb, du magellan, du premier pas, du vendredi, du robinson, du tout ce qu’on voudra sauf ce qu’on connaît en Europe. Avec un bateau on doit pouvoir jouer aux grandes émotions avec beaucoup de facilité... », de ses premiers romans : « Ah ! aussi ! Ils croyaient que j’étais un nègre ! »

Et pour clore la boucle, son histoire rêvée de la fondation du bourg de Schoelcher par son premier habitant légendaire sur un site indien : « C’est à partir de ce M. Lebasque qu’on a baptisé l’endroit Case-Navire, parce qu’une goélette ou une flûte s’étaient échouées là… et que le nègre, esclave ou pas, avec les débris de l’épave s’était construit une baraque […] – c’était peut-être un mulâtre, fils d’un Basque... »

 

 

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Retour sur Toussaint Louverture le Grand Précurseur

19 Avril 2022, 17:01pm

Publié par jdecauna

Toussait Louverture arrive au Cap-Français au moment où le général Christophe vient d'incendier la ville face à l'escadre envoyée par Bonaparte, par Gustave Alaux

Toussait Louverture arrive au Cap-Français au moment où le général Christophe vient d'incendier la ville face à l'escadre envoyée par Bonaparte, par Gustave Alaux

Voir sur la télévision haïtienne de Paris H Live screen shot une nouvelle interview de Jacques de Cauna sur le Grand Précurseur :

ou en tapant simplement :

You tube H Live screen shot Jacques de Cauna Toussaint Louverture

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Un Landais au coeur de l'Indemnité de Saint-Domingue

25 Janvier 2022, 16:53pm

Publié par jdecauna

Le capitaine de vaisseaux Pierre Forsans@fonds Jacques de Cauna/Mairie de Gaas

Le capitaine de vaisseaux Pierre Forsans@fonds Jacques de Cauna/Mairie de Gaas

Le croiseur Troude : 95 m, 12 canons, 4 lance-torpilles, 150 mines, 201 hommes d'équipage

Le croiseur Troude : 95 m, 12 canons, 4 lance-torpilles, 150 mines, 201 hommes d'équipage

Pierre Forsans, un Landais au coeur de l’Indemnité de Saint-Domingue

Le sujet de l’Indemnité de Saint-Domingue connaît depuis quelque temps un regain d’intérêt aux Etats-Unis. Il est à penser que cela n’est pas sans liens avec la très actuelle et brûlante question des réparations. A la suite d’interviews accordées au New York Times en mai et décembre 2021, à Catherine Porter d'abord, responsable du bureau de Toronto au Canada, puis plus récemment à Constant Méheut, responsable du bureau de Paris, la récente rencontre (par visio-conférence) de notre collègue de la Johns Hopkins University de Baltimore, Michael Kwass, qui souhaitait m'interroger sur le sujet, m’a donné l’occasion d’exhumer un personnage quelque peu oublié de l’histoire locale aquitano-gasconne qui a eu à tenir un rôle qui se serait voulu plus discret dans les premiers temps du paiement.

A la suite du Gersois Dauxion-Lavaysse, l’un des premiers émissaires négociateurs français, c’est un plus modeste capitaine de corvette landais, Pierre Forsans, né à Gaas, qui fut chargé de la délicate mission d'aller récupérer à Port-au-Prince en juin 1826, à bord de la frégate l'Hébée, "cent sacs contenant un million de gourdes en or", versées en complément du premier terme de la fameuse Indemnité que n'avait pas entièrement pourvu l'emprunt contracté à Paris le 4 novembre 1825 »1. Il faut dire pour éclairer les pratiques bancaires de l’époque que la Banque de Paris avait tout simplement retenu par prudence, comme cela se fera aussi sur les versements suivants, les intérêts de son premier prêt de 30 millions de livres, ce qui conduisait tout naturellement l’état haïtien à rechercher immédiatement le million correspondant au premier terme dans les caisses du pays. On a là un premier éclairage sur l’une des origines de ce que l’on appela plus tard la « double dette » d’Haïti.

On se doute que la mission du capitaine Forsans n’avait rien d’une sinécure. Les papiers de la famille, conservés aux archive des Landes, nous donnent une idée des difficulté rencontrées au moment de l’embarquement des sacs de pièce d’or sur le wharf de Port-au-Prince sous la protection de l’armée face à une foule hostile qui menaçait à tout moment de faire un mauvais sort à l’équipage français, à ces « Blancs français » venu selon elle piller à nouveau le pays après en avoir été expulsés comme colons par l’insurrection triomphante des esclaves et des libres de couleur, héroïques fondateurs de la première république noire du monde.

On imagine aussi que le capitaine Forsans dut faire en cette périlleuse circonstances preuve d’un belle contenance courageuse. Quelques recherches m’ont permis d’apprendre que l’on avait dû conserver son portrait dans une maison ayant appartenu à sa famille. Ce portrait trône dans la salle du Conseil municipal de la mairie de sa commune de naissance, Gaas, ancienne propriété de la famille de Labaig, alliée aux Forsans. Pour la petite histoire, on notera qu’un autre officier de marine de la famille, Martin Forsans l’avait précédé à Saint-Domingue où il était décédé en 1754 dans la ville de Jérémie. Pierre Forsans, dit Toton, né à Dax le 24 avril 1775, fils de noble Bertrand de Forsans, écuyer, garde du corps du Roi, et de Claire de Labaig, avait été élevé au collège des Barnabites avant d’entrer comme aspirant à l’Ecole de la Marine pour une belle carrière dans la marine royale où il finit capitaine de vaisseau de 2e classe en 1828, chevalier de Saint-Louis, commandant de la Légion d’Honneur, demeurant à Rochefort en 1834 et décédé le 20 juin 1837 rue de Borda à Dax où l’on peut voir son tombeau trois ans après son mariage avec Marthe-Elisabeth de Saint-Martin-Lacaze, fille du comte Pierre et de Célina Louise Catherine Joséphine du Poy de Fébal de Lévi, tous deux de familles créoles de Saint-Domingue2.

Beaucoup plus tard, le tristement célèbre procès de la Consolidation qui eut lieu sous la présidence de Nord Alexis en 1904 impliquera encore des familles créolisées d’origine française. Dans cette action en justice entreprise par l’administration publique haïtienne contre certains grands commis de l’État à la suite d’un vaste scandale de corruption, on relève, outre un ancien président et sa famille, de nombreux parlementaires, deux anciens ministres et deux futurs présidents, les noms de deux hauts responsables français de la Banque Nationale d’Haïti qui était à l’époque une société anonyme française, tous deux originaires du Sud-Ouest : le directeur, Joseph de la Myre-Mory, marié à une demoiselle Carré issue de l’élite du Sud d’Haïti, et son adjoint, Jean-Baptiste Poute de Puybaudet dont un fils était né à Port-au-Prince. L’ancien chef d’État Tirésias Simon Sam consolidait les dettes publiques en les transformant en obligations après avoir fait voter un projet de loi adopté par le Parlement haïtien en août 1900. C’était la porte ouverte à une concussion à grande échelle par l’obtention frauduleuse de bons présentés à la signature de la convention pour la consolidation sous la bénédiction de la banque nationale d’Haïti dirigée par un quatuor de Français et d'Allemands. Il fallut l’intervention de trois bâtiments de guerre, deux allemands (le Panther et le Bremen) et un français (le croiseur éclaireur d'escadre Troude sorti des chantiers navals de la Gironde à Lormont, de 16 canons et lance-torpilles, 201 hommes d'équipage) pour obtenir après un an de négociations infructueuses auprès du président Nord Alexis la grâce des principaux responsables de ces deux nations condamnés à quatre ans de travaux forcés. C’était déjà à l’époque, un siècle après l'indépendance du pays, ce qu’on appelait la diplomatie de la canonnière.


 

1 Jacques de Cauna, L’Eldorado de Aquitains. Gascons, basques et Béarnais aux Îles d’Amérique, Edit. Atlantica, Biarritz, 1998, p. 392, d’après Archives Départementales des Landes, 49 J 80.

2 Ibidem, p. 156, 276-279, 311.

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