Grande nouvelle ! La traite des Noirs dans l'estuaire !
C'est la bourde de l'année ! Premier prix toutes catégories confondues de la repentance à tout prix !
On la doit au journal Sud-Ouest, grand amateur de sensationnalisme dans le domaine, qui nous la livre sans supplément dans son édition du dimanche 14 août 2016 où cette information figure en page 12 dans « Les + de l'été » sous la rubrique « Petite leçon de sciences (5/7) » et le titre « Le commerce : le meilleur et le pire » :
« Au XVIIIe siècle, le port de Bordeaux connaîtra sa face sombre. On estime que près de 150 000 victimes du trafic négrier [en rouge dans le texte] vers les Antilles ont transité par l'estuaire ».
Des captifs noirs de l'infâme trafic négrier dans l'estuaire de la Gironde ! Quelle extraordinaire information ! On est heureux de l'apprendre !
Mais d'où venaient donc ces pauvres Africains si mal traités géographiquement par nos odieux Gascons ? Pas des côtes africaines qui n'ont rien à voir là-dedans sans doute, mais plus probablement, pour transiter ainsi, de la jungle impénétrable de la forêt landaise, ou périgourdine ? Voilà ce qu'aucun de nos historiens locaux n'aurait jamais osé envisager… Une pierre à ajouter à « l'occultation générale » provoquée par « l'amnésie bordelaise » fustigée par les vaillants entrepreneurs de la mémoire repentante de Bordeaux port négrier et leur porte-parole autoproclamé que Sud-Ouest se complaît à remettre en scène régulièrement chaque année à grand renfort de publicité tapageuse à l'occasion de la journée nationale de commémoration de la mémoire de l'esclavage.
Du coup, on serait presque prêts à oublier l'inflation dans l'estimation en constante hausse du nombre des victimes de ces voyages triangulaires bordelais (4,5 % du trafic global), fournie par les mêmes sources sans doute, cet « On » si apprécié de la bien-pensance médiatico-politique en place ! Un tiers de plus ou de moins, quelle importance ?
Et qu'importe, pour finir, que l'objectif initialement proclamé de « juste mémoire » dérive ainsi au fil de l'eau vers une reconstruction des réalités historiques que l'on voudrait « apaisée » au prix de quelques compromissions d'habile politique assorties d'effets matériels plus sensibles : subventions, publications, invitations officielles… A quand les « réparations » (financières, naturellement) ? A moins qu'on n'y soit déjà sans le savoir ?